Chapitre 3

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Chapitre 3 : Vengeances

Fronçant les sourcils, la respiration lourde, l'irritation se peignait sur mon visage. Luis était en retard. La secrétaire portée disparue.

Et je dois me charger du sale boulot ? Comme si je n'avais que ça à faire !

« Rien ne va, c'est moche ! » m'exclamais-je. « Ces motifs sont beaucoup trop efféminés, je sais qu'on vise un publique féminin mais de là à aller dans le cliché, c'est du vu et revu ! On n'aurait jamais dû laisser Luis préparer ces recherches graphiques. »

« Merci pour la personne qui les a dessinés. »

Je lançais un regard meurtrier à mon ami. J'étais consciente qu'Irwin n'y était pour rien, qu'il n'avait fait que suivre les indications de mon cher collègue mais il avait tout faux.

« Ton talent n'est pas mis en évidence. Je ne reconnais pas ton travail à toi, ta touche personnelle. Je ne vois juste que les idées fades et non créatives de Luis. Je suis certaine que tu peux faire mieux. »

Il haussa les épaules, me répondant d'une voix monotone.

« Je pourrais la rendre plus asymétrique, pour lui donner un côté déstructuré, » me dit-il, comme s'il avait déjà réfléchi à un autre modèle. « En forme de pyramide renversé, tu sais. Avec le sommet vers le bas et sur le côté plat se trouverait la buse. Le bouchon peut-être en forme de tubéreuse, puisque c'est la fleur principale du parfum. Un bouquet de cette fleur au niveau du sommet, donc au bas du parfum. Attends, je te fais un dessin vite fait. »

Je le regardais prendre son crayon et une feuille, dessiner d'une main adroite l'image qu'il a en tête. J'appréciais son élégance et sa dextérité, son talent toujours aussi évident.

Je pouvais voir le flacon se créer sous mes yeux. Sa pyramide était penchée sur le côté, donnant ce côté déstructuré. Le bouchon en forme de tubéreuse, comme il l'avait dit, se trouvait sur la partie plate de la pyramide et le sommet vers le bas. Dans son dessin, nous pouvions apercevoir un bouquet de tubéreuses en relief, se dégageant de la bouteille.

Il annotait à présent le nom du parfum, extase, en manuscrit sur les quatre faces de la pyramide.

« Voilà, quelque chose comme ça, » me dit-il. « Et derrière le mot extase on peut mettre le nom de l'entreprise LNL en plus clair, comme s'il était gravé dans la bouteille. »

L'idée me semblait bonne, bien meilleure que ces autres dessins-là.

Mes tensions ne s'apaisèrent cependant pas.

« Très bien, c'est parfait. Essaie de faire ça et on fera valider ton idée par le patron. »

Mon ton froid semblait le déconcerter. Ses yeux marrons caché derrière ses lunettes noires rencontrèrent les miennes et il s'y attarda avant de froncer les sourcils.

« Tu es sûre que ça va ? » s'inquiéta mon ami. « Ce n'est pas que le flacon qui te met dans cet état, pas vrai ? » me demanda-t-il, sincère.

J'allais riposter quand, soudainement, les portes de de la salle s'ouvrirent sur un grand mexicain prétentieux.

Regardant un instant par la baie vitrée, je vis Cassidy courir vers l'accueil, tentant de rattraper son retard. Comme si elle pouvait remonter le temps. Ce n'est pas comme si tout le monde pouvait remarquer ses quarante-cinq minutes de retard.

Comme si elle essayait de cacher le fait qu'elle arrivait en même temps que Luis.

« T'es en retard, » lançais-je, amère.

La tubéreuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant