Chapitre 10

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Chapitre 10 : Paris

Cela fait maintenant quatre mois que nous parlons de ce voyage d'affaire à Pairs et je suis heureuse de voir qu'il se concrétise. Je vais enfin montrer ma vraie valeur, mes connaissances en français et mes capacités de vendeuse. Ils ne seront pas déçus. Je deviendrai enfin la directrice marketing. J'en suis persuadée.

Le gros point noir de cette histoire – Luis. Je vais devoir passer un mois entier en sa compagnie et cette idée ne me réjouis pas du tout. Surtout quand je le vois arriver avec un air déterminé dans l'aéroport.

Heureusement que j'avais ma place privatisée dans la première classe de cet avion. Je n'aurai pas pu supporter un Luis endormi, ou pire, en train de me parler. Le vol étant de nuit, et les sièges convertibles et assez confortable, il se déroula rapidement. On ne peut pas dire que j'ai passé la meilleure nuit de ma vie, mais c'était assez pour ne pas avoir l'air trop chamboulée par le décalage horaire.

Il devait être cinq heures du matin à New York mais ici, il était déjà onze heures. Heureusement que nous n'avions rien de très important à faire aujourd'hui, je n'avais qu'une seule envie – prendre un bon bain bien chaud.

Et à midi trente, j'étais dans ma grande et belle chambre d'hôtel, dans le seizième arrondissement, à deux pas de la fondation Luis Vitton. Un bon vin, une bonne viande et des accompagnements de qualités se trouvaient être mon premier repas en France, seule et au calme, dans ma grande et belle suite d'hôtel. Je devais bien l'avouer, Cassidy avait gérer avec les réservations.

Je lui dois bien ça, la petite.

J'avais la journée pour moi et ce soir, j'allais au restaurant avec Luis discuter des derniers détails de notre voyage. Ça promet.

Je ne lui avais pas encore adressé la parole. Je n'en avais aucunement envie, mais j'étais bien obligée si je voulais avoir cette fichue promotion.

La soirée arriva bien trop vite et je me trouvais rapidement face à lui, en costume, dans le restaurant de l'hôtel.

J'avais enfilé une robe moulante noire, avec des bas noirs. J'avais coloré le tout avec ma fameuse trench orange brique. Je savais manier les couleurs, je ne pouvais pas porter n'importe quoi en tant que rousse et je détestais le vert. Cette couleur me rappelle celle des yeux de mon père, un héritage qu'il m'a malheureusement légué.

Je déteste l'idée d'avoir les mêmes yeux que lui, de croiser son regard à chaque fois que je me vois dans la glace.

Luis ricana, m'attendant déjà à table.

« Calme toi, tu n'as aucun client à charmer aujourd'hui, » me lança-t-il, faussement charmeur. « Montre toi sous ton vrai visage. »

L'envie urgente de lui faire un doigt d'honneur me surpris mais je calmais mon impulsivité. Je ne pouvais faire ça dans ce restaurant semi-gastronomique. C'était impoli et je tenais à mon image.

Je levais donc les yeux, m'installant et regardant la carte. Je me demandais bien ce que je pouvais prendre, il n'y avait pas énormément de choix mais tout semblait délicieux.

« Hmmmm, ces bonnes cuisses de grenouille. Je veux tester, » s'enjoua Luis.

J'étais dégoutée. Il pensait vraiment à manger ces choses ? Des... grenouilles ?

Et il rit, voyant ma mine blasée. Putain, quel gamin. Et dire que j'allais devoir passer un mois avec cet enfant.

« Vous avez choisi ? » nous demanda le serveur, aimable.

« Je vais prendre la sole grillée façon meunière, » répondis-je, dans un français correct.

J'avais fait mes études dans un lycée privé totalement bilingue, après tout.

La tubéreuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant