Je suis dans ma chambre lorsque le gong de la pendule au rez-de-chaussée indique vingt-trois heures, mais je n'ai pas envies de dormir. Promenant les doigts sur mon poignet, je constate que la marque rouge a virée au violet et que mon estomac se noue un peu plus à chaque carillon.
J'ai fait tous mes devoirs, j'ai pris ma douche et classé tous mes livres sur l'étagère par ordre alphabétique, en faisant mon possible pour rester éveillé. Mais, après un téléachat sur des collants galbants spécial fessier, une course-poursuite de flics dans Appel d'urgence, je sens que je commence à somnoler. Jusqu'à que j'entende quelqu'un frapper à la porte.
-Oui... ?
Je suppose que c'est ma mère ; souvent, la nuit, elle vient vérifier que tout va bien.
Mais la porte ne s'ouvre pas.
Je me redresse dans mon lit pour allumer la lampe de chevet.
- Maman... C'est toi ?
Pas de réponse.
En poussant un soupir, je me lève pour aller ouvrir. Je tourne le bouton mais il ne bouge pas, comme si la porte était verrouillée de l'intérieur.
- Maman ? Répété-je en essayant toujours de tourner le bouton.
Je tambourine sur la porte pour tenter d'attirer l'attention de mes parents à l'autre bout du couloir.
Mais personne ne vient. Et impossible de faire pivoter le bouton.
- Niall ? Chuchote une voix quelque part dans mon dos.
Sa voix.
Celle du garçon de mes rêves.
Je me tourne, le cœur battant à tout rompre.
- Est-ce que tu es prêt à m'écouter ? dit-il encore.
Je jette un œil dans la chambre, mais je ne le vois nulle part. Soudain, tout a changé dans la pièce. Mon lit est enveloppé dans des draps bleu marine au lieu des couvertures vertes qui s'y trouvaient un instant plus tôt. Et les plaques de natation et de hockey sur gazon qui étaient accrochées aux murs (des trophées gagnés depuis cinq ans) ont été remplacées par une collection de souvenirs de Bruins de Boston : fanions, crosses de hockey et affiches.
Je secoue la tête en me demandant où je suis.
- Il faut qu'on parle, chuchote la voix.
Sentant son souffle sur ma nuque, je fais volte-face pour essayer de le frapper à toute volée, mais en vain. Je tape dans le vide. C'est alors que la lumière s'éteint et me plonge dans une obscurité totale.
Une minute plus tard, un rayon de lumière projetée par la lune traverse la fenêtre, illuminant un coin de la pièce où une ombre se déplace sur le mur.
Je me jette à la porte. Je frappe dessus comme un sourd, je donne des coups de pied dedans et tire sur le bouton de toutes mes forces.
Rien à faire.
- N'aie pas peur, dit la voix du garçon.
Il s'avance sous le clair de lune pour que je puisse le voir -lui, ses yeux presque noirs et ses lèvres charnues. Il doit avoir mon âge, dix-sept ou dix-huit ans tout au plus, il a au moins dix centimètre de plus que moi et des cheveux couleur corbeau.
Comme il approche, une ombre se détache de son arcade sourcilière, révélant une entaille sur son front comme s'il s'était cogné contre quelque chose. La plaie est récente et profonde.
- Je m'appelle Zayn. Ça fait très longtemps que j'attends quelqu'un comme toi.
Habillé tout en noir, du t-shirt qui lui moule le torse aux bottes en caoutchouc qui protègent ses pieds, il me fixe du regard, impassible, se refusant à cligner des yeux.
- Quelqu'un comme moi ? Répété-je, interloqué.
Il hoche la tête en se rapprochant un peu.
- Quelqu'un qui peut me voir et m'entendre. J'ai tellement espéré ce moment...
Je recule d'un pas, et me retrouve adossé à la porte.
- Désolé pour ton poignet, dit-il en tendant la main pour le toucher.
Mais je ne lui en laisse pas le temps car j'écarte le bras d'un geste brusque.
- Je ne voulais pas te faire mal. J'essayais juste de te retenir pour que tu ne te réveilles pas et que ton rêve continue.
Il s'approche encore ; il n'est plus qu'à quelques centimètres de moi.
- C'est dur pour nous... Les fantômes. On ne mesure pas notre force, surtout quand on essaie d'établir un contact physique avec ceux qui ne dorment pas ou qui, comme toi, sont sur le point de se réveiller. Tout est une question de fréquence et d'énergie. C'est très compliqué.
Il sourit alors que je secoue la tête, essayant tant bien que mal de me réveiller. Je pense qu'il le sent car presque aussitôt, il agrippe mon avant-bras.
- S'il te plaît, insiste-t-il d'un ton subtilement très sérieux. Reste avec moi ce soir.
- Non !
Je hurle en me dégageant brusquement.
Il tente d'attraper à nouveau mon bras mais mes cris me réveillent.
- Niall ? Dit mon père en ouvrant précipitamment la porte.
Je me redresse pour tenter de reprendre mon souffle et constate alors que, dans ma chambre, mes couvertures vertes, mes plaques..., tout semble redevenu normal.
- Tout va bien Niall ?
Paniqué, mon père jette un œil à la pièce.
Je fais de mon mieux pour hocher la tête, même si je suis loin de me sentir « bien ».
De vifs picotements persistent encore dans mon avant bras.
VOUS LISEZ
The Ghost Of My Dreams (Ziall)
ФанфикTomber amoureux d'un fantôme. Accepter l'impensable. Se révolter contre un monde tout entier. Sombrer dans la folie. Que ne ferait-on pas, par amour ? Niall va tenter sa chance. Au jeu de la Passion. Au jeu de hasard. A un jeu dangereux. Aimer ce n...