Une fois chez moi, je lutte pour m'endormir, pour reprendre mon dernier rêve là où il s'était arrêté, mais, après la visite de Zayn, mon esprit est plus que jamais en alerte. Même si, physiquement, je suis vraiment à bout.
Le lendemain matin, au petit déjeuner, ma mère me sert une énorme pile de pancakes en insistant sur le fait que je dois manger et que mon père et elle sont très inquiets à cause de mon teint blafard et de mes yeux injectés de sang. Mais je n'ai vraiment pas faim, alors je finis par tracer des sillons dans la marre de sirop d'érable qui envahit mon assiette, incapable de chasser Zayn de mes pensées.
Ni de rester éveillé.
Finalement, après trois bouchées et quinze bonnes minutes de zigzags dans la mélasse, je quitte la table en m'excusant et monte à l'étage, dans la salle de bain. Je ferme la porte à clé derrière moi, tandis qu'un souffle frais passe le long de mes épaules.
Bien sûr, je suis déjà venue dans cette pièce avant. Seulement, depuis que j'ai appris ce qui s'était passé dedans, je l'ai « fuie comme la peste » comme on dit, optant plutôt pour la salle de bain du bas.
J'examine les lieux en me demandant à quoi ça ressemblait vingt ans plus tôt. Est-ce que les murs étaient toujours crème comme maintenant ? Est-ce que c'était le même carrelage en céramique ? Le même robinet de lavabo chromé ?
Et la baignoire ?
Je baisse les yeux, le coeur battant si fort que je peux presque l'entendre. Des images de ce jour fatidique, vingt ans plus tôt, me traversent l'esprit alors que je n'ai jamais assisté à la scène ; je n'étais même pas né... Je visualise le visage de Zayn et sa stupeur lorsque le pied-de-biche s'est abattu sur lui. Puis je le vois tomber à la renverse, tête la première, contre le bord de la baignoire en fonte.
Détournant le regard pour réprimer une forte nausée, je m'aperçois que j'ai horriblement froid. La température de la pièce a dû chuter d'au moins dix degrés.
- Tout va bien, Niall ? Demande ma mère en frappant à la porte.
- Oui, dis-je en observant le radiateur sous la fenêtre.
Je me demande s'il fonctionne.
- Est-ce que tu veux d'autres pancakes ?
Je réponds que non, franchement étonné par la question. Sans rire ? Elle n'a pas remarqué que je n'avais pas fini m'on assiette ?
Je traverse la pièce pour vérifier la température du radiateur en tendant les mains devant moi. Mais je ne sens rien, à part le froid ; un froid vif et pénétrant qui me rampe sur les os et me démange de la tête aux pieds.
Au même instant, je sens quelque chose me frôler et remonter en serpentant dans mon dos. Stupéfaite, je me retourne, mais il n'y a personne. Ni près du lavabo, ni dans la baignoire. Pourtant, j'ai la nette impression d'être observée.
- Maman, c'est toi ? hasardé-je en supposant qu'elle est peut être encore derrière la porte.
Pas de réponse.
De nouveau, je me retourne en me disant que c'est un effet de mon imagination, qu'il faut que je me ressaisisse.
Les tubes du radiateur sont aussi glacials que la pièce. Je m'accroupis et colle l'oreille dessus pour voir si on entend le glouglou de l'eau chaude montant dans les tuyaux ; mais, étrangement, il n'y a pas de bruit.
Soudain, j'aperçois un truc brillant entre tubes. On dirait une chaîne, un collier peur-être. J'essaie de glisser mes doigts pour le récupérer, mais c'est trop loin.
- Niall ? s'impatiente ma mère, de nouveau derrière la porte.
Je prends une profonde ; l'air est imprégné d'une odeur de pommes au four.
- Zay... Zayn ? balbutié-je à voix basse.
- Niall ! répète ma mère. RELÈVE-TOI, MAINTENANT !
Elle tape de toute ses forces sur quelque chose près de mes oreilles. Le bruit du choix me réveille.
Je ne suis plus dans la salle de bain mais attablée dans la cuisine, la tête posée sur un coussin de serviettes en papier, une assiette de pancakes sous le nez.
- Désolé, maman, dis-je en me redressant.
Ma mère se tient près de moi, une poêle dans la main - ustensile qui a manifestement servit à me réveiller.
- Je crois que je me suis endormis.
- Ton père et moi, on se fait vraiment du souci pour toi.
- Je sais...
- Est-ce que tu te drogues ?
Un rictus de colère se forme sur mes lèvres.
Je secoue la tête, trop fatigué pour approfondir sa stupide hypothèse. Au lieu de ça, j'attrape mon couteau à beurre, je sors de table en m'excusant - pour de vrai, cette fois - je fonce directement à l'étage, dans la salle de bains.
Le radiateur en fonte me fait face. Comme dans mon rêve, il a été recouvert d'une peinture métallisée, mais on devine encore par endroits une ancienne couche vert kaki, là où la peinture s'est écaillée. Tandis que je m'approches lentement, je constate que la pièce est glaciale et j'ai soudainement la chair de poule. Une fois accroupie près du radiateur, je jette un oeil entre les tubes.
Il est là : la collier que j'ai vu en rêve.
- Niall ? s'inquiète ma mère en ouvrant la porte. Qu'est-ce qui se passe ?
Tremblant, mes lèvres s'entrouvrent pour répondre, mais aucun mot ne s'en échappe.
Les yeux plissés, elle aperçoit tout à coup le couteau dans ma main.
- Mais qu'est-ce que tu fabriques ?
- J'ai fait tomber ma montre.
Ma mère hoche la tête, mais je vois bien qu'elle n'est pas convaincue. cela dit, elle s'en va quand même, non sans faire des commentaires sur la fraicheur de la pièce et sur le fait qu'elle doit absolument vérifier le thermostat au rez-de-chaussez.
Moyennant quelque manoeuvres, je réussis finalement à déloger le collier à l'aide du couteau.
C'est une fine chaîne en argent avec un pendentif en coeur. Glissant mes doigts tout du long, je remarque que le fermoir est encore attaché mais que les maillons ont été arrachés. Les initiales « TAM » sont joliment gravées en lettres manuscrites sur le pendentif.
Mon rythme cardiaque s'accélère au souvenir de tous ces articles que j'ai vu sur internet. Trisha. C'est le prénom de Mme Malik. La mère de Zayn.
C'est sûrement elle.
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The Ghost Of My Dreams (Ziall)
FanficTomber amoureux d'un fantôme. Accepter l'impensable. Se révolter contre un monde tout entier. Sombrer dans la folie. Que ne ferait-on pas, par amour ? Niall va tenter sa chance. Au jeu de la Passion. Au jeu de hasard. A un jeu dangereux. Aimer ce n...