The Ghost Of My Dreams (Ziall)

Coffee

Samedi soir, Harry et Taylor m'emmènent faire un tour en ville ; tour qui consiste essentiellement à passer en voiture devant le snack Glace & Pizza de Main Street, puis devant le coiffeur où Harry se fait couper les cheveux, et enfin devant l'épicerie du coin où on trouve de tout, du râteau de jardin aux légumes du potager. Pour finir, on se trouve devant une cafétéria qui, au dire de Taylor, est l'endroit le moins nul de la ville.

Toujours aussi vannée, je commande un double expresso avec supplément.

- Tu plaisantes ? s'étonna Taylor d'une voix rauque. On est au Stanley's ici, pas chez Starbucks. C'est le même café pour tout le monde !

On finit donc par prendre tous les trois une simple tasse de café, avant de suivre Taylor jusqu'à une table dans un coin de la table.

- Alors, comme ça, tu as besoin d'un remontant ? dit-elle.

- Pardon ?

- Ton « double expresso avec supplément », c'était pour quoi ?

Taylor hausse son sourcil - agrandissant ainsi son regard bleu azur - l'air intrigué.

- Je croyais que le problème c'était justement que tu n'arrivais pas à dormir. Avec autant de carburant, moi je ferais du trampoline sur mon lit toute la nuit !

- Bonjour le spectacle, plaisante Harry.

J'avales une gorgée de café - pire qu'insipide -, sachant parfaitement que oui, je veux dormir, mais qu'une part de moi a encore peur du prochain rêve et surtout de ce qu'il signifiera. Pourtant depuis la dernière apparition de Zayn dans le bus, malgré toute mes recherches et tout ce que j'ai appris sur lui, je ne peux pas m'empêcher de me demander si je le reverrai un jour ; s'il prendra à nouveau ma main dans la sienne... et s'il fera encore battre mon coeur.

- Ça va mieux au moins ? me demande Harry. Tu arrives à dormir un peu dans ta nouvelle maison ?

Je hausse les épaules en repensant au collier que j'ai trouvé. Je l'ai caché à l'intérieur d'une vieille chaussure de tennis au fond de ma penderie, juste à côté de ma paire de rollers - celle que j'avais refusé de prêter à Louis.

Ils ont beau être trop petit d'au moins trois tailles maintenant, je les ai gardés, incapable de m'en séparer, ce n'est de toute façon pas quelque chose que l'on oublie.

- J'ai parlé de ta maison à mes vieux, enchaîne Harry. Ils habitent ce bled depuis qu'ils sont nés. Mais toute cette histoire de meurtre... C'est beaucoup plus triste que ce que je pensais.

- Plus triste qu'un bain de sang ? s'étonne Taylor.

Harry acquiesce.

- En fait, il s'avère que, ce jour-là, Zayn essayait d'éviter à sa mère de se prendre une raclée. Apparement, en arrivant chez lui, il a vu son petit ami se jeter sur elle en lui mettant des coups de poing. Zayn a voulu détourner l'attention du type en provoquant une bagarre, mais, quand sa mère s'est éclipsée pour appeler la police, elle n'a pas pu articuler un mot. J'imagine qu'elle avait trop peur de ce qu'elle allait subir. Elle finit par se cacher dans le placard de l'entrée, parce qu'elle ne supportait pas d'entendre ce salaud se défouler sur son fils.

- Charmante personne, dit Taylor.

Harry hausse les épaules.

- Après, je crois qu'elle a un peu perdu les pédales. Du moins, c'est ce qu'on dit.

- Où est-ce qu'elle vit maintenant ?

- Dans le coin. Elle habite le quartier résidentiel derrière le lac. En tous cas, c'est ce que mes parents m'ont dit.

- Fais gaffe, le taquine Taylor. Tu commences à parler comme les ploucs d'ici.

- Je préfères parler comme eux que de leur ressembler ! réplique Harry en montrant du doigt le sweat-shirt de Taylor.

On y voit un gigantesque requin, la mascotte de l'école, nageant au-dessus d'une légende, « le lycée Addison a du mordant ».

- Je rêve de lui, dis-je brusquement pour mettre fin à leur blague.

- De qui ? rebondit aussitôt Taylor.

- Zayn Malik.

- Euh... de quoi tu parles ? bafouille Harry.

D'un coup, je prends mon courage à deux mains et je sur raconte tout : les voix que j'entendais au début ; les bleus inexpliqués au réveil ; et, finalement, les récentes apparitions de Travis et son appel à l'aide.

- Je t'avais bien dit que cet endroit était hanté ! dit Taylor.

- Peut-être que tu rêves de lui à cause de tout ce que tu as entendu, suppose Harry. À ta place, je ferais sûrement des cauchemars aussi.

- Impossible. Les rêves ont commencé avant même que je sois au courant du meurtre.

- Et comment est-ce que tu es censée l'aider ?

- J'en sais rien.

- Bon, mais est-ce qu'il est mignon au moins ? s'enthousiasma Taylor. Parce que j'ai entendu dire que ce Zayn était un mec canon.

- Et c'est reparti...

Harry lève les yeux au ciel.

Personnellement, la remarque de Taylor me fait sourire. Je fais tout pour me retenir mais, c'est plus fort que moi, je sens mon visage s'illuminer et mes joues rougir.

Parce que, oui, il est canon.

Et une part de moi a franchement hâte de le revoir.