J'ai encore son odeur enivrante et musquée sur le bout du nez.Cette petite série de baisers improvisés m'a toute retournée. Et pour cause. Alors que je pensais lui plaire, que je pensais qu'on allait enfin faire l'amour ici et maintenant pour ensuite s'avouer mutuellement à quel point nous deux c'est une évidence, même si ça faisait un mois qu'on se l'interdisait...
Je pensais que la dernière fois, il m'avait recalée à cause de l'alcool, ayant peur que je sois trop saoule et que je regrette donc notre partie de jambe en l'air le lendemain matin.
Mais je réalise ce soir qu'il s'agissait d'un faux prétexte, une façon maligne et hypocrite de se dérober.
Je suis frustrée, en colère aussi. L'air penaud, Jim se tient juste devant moi, avec son torse de Dieu grec et son Caducée* tatoué.
Pourquoi Jim ? Pourquoi tous ces rencards, tous ces coups d'un soir, avant le confinement ? Pourquoi tu couches avec tout le monde, sauf avec moi ?
—Tes baisers sont mes préférés, Hélène. Ils sont parfaits, ils me rendent fou. Tes baisers n'ont rien à voir avec ce que je vais te dire, commence à m'expliquer Jim après l'avoir repoussé.
J'ai envie de l'insulter pour l'humiliation subie. Je me sens rejetée. Un sentiment que je ne connais que trop bien depuis que je suis née.
Comment un homme pourrait-il vouloir de moi alors que mon père lui-même m'a abandonnée sans jamais essayer de me connaître ?
Pourquoi Jim s'intéresserait à moi alors que ma propre mère n'a pas su m'aimer ?
Une larme salée vient se poser à la commissure de mes lèvres.
Non, Hélène, calme-toi ! Retiens-toi ! Ne chiale surtout pas ! Paul, ton ex, t'a dit un jour que chialer, c'était du chantage.
Je ne vais quand même pas faire chanter Jim pour qu'il ait pitié et m'embrasse à nouveau... Ce serait pitoyable. Je suis pitoyable.
Jim avance, je recule par réflexe.
—Hélène, je suis sincèrement désolée de te rendre si triste, prononce t-il tendrement.
Je suis sur la défensive, j'ai peur de ce qu'il pourrait me dire ensuite...
Il avance encore, je ne peux plus reculer car je suis déjà appuyée contre le mur de la cuisine. Nous ne nous quittons pas du regard. Je déglutis, j'ai du mal à respirer. Il approche sa main, et délicatement essuie du bout de son pouce la larme en train de couler le long de ma joue. Son geste est affectueux, rempli de compassion.
—Hélène, tu n'y es pour rien...
Mon sang ne fait qu'un tour.
—Si c'est pour me sortir l'intemporel et impersonnel « C'est pas toi, c'est moi », je préfère que tu te taises, que t'arrêtes direct ! lui coupé-je la parole.
Il inspire profondément, visiblement contrarié.
—Sauf que ce n'est pas du tout ce que j'allais dire, rétorque t-il, son visage à quelques centimètres du mien.
—Okay, vas-y, je t'écoute Jim ! Pourquoi tu me fuis à chaque fois qu'on se rapproche ? Pourquoi j'ai l'impression de te dégoûter tout à coup alors que l'instant d'avant, tu me dévores des yeux et enfonce goulument ta langue dans ma bouche, hein ? m'écrié-je, atterrée.
—Goulument ? sourit-il.
—Ouais, parfaitement, goulument, répété-je, hors de moi.
Et je me connais, lorsqu'on me cherche, lorsque qu'on met hors de moi, mes mots dépassent toujours ma pensée. Je finis souvent par mentir et reprocher des trucs débiles et puérils.
—J'ai avalé tellement de salive en t'embrassant que j'en ai mal au ventre ! proclamé-je en croisant les bras et en fronçant les sourcils.
Trop tard !
Cette phrase aussitôt dite est bien sûr aussitôt regrettée.
Jim, quant à lui, pique un fard avant de rire à gorge déployée.
—Tu es désespérante !
—C'est toi qui es désespérant !
Bon, okay, il a raison, c'est moi, mais je refuse de lui avouer. C'est de sa faute si on en est là. Qu'il assume les conséquences de ses actes.
—Sache que la bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe, se marre t-il.
—C'est toi le crapaud baveux ! répliqué-je du tac au tac, sans réfléchir.
Je me retiens alors pour ne pas rigoler avec lui. Je suis parfois d'une immaturité consternante.
Je lui concède une chose.
Certes, Jim n'a pas son pareil pour me rendre incontrôlable, au bord de l'hystérie. Mais il sait aussi me faire redescendre aussi vite qu'il m'a fait monter. Dans tous les sens du terme d'ailleurs, vu comment notre câlin passionné s'est brutalement stoppé tel un soufflé qui, sans raison, vient de retomber.
A suivre... ;-)
*Le caducée est un des attributs du dieu Hermès dans la mythologie grecque ; il est représenté comme une baguette de laurier ou d'olivier surmontée de deux ailes et entourée de deux serpents entrelacés. Le pouvoir médicinal du caducée réside dans ces derniers, puisqu'il a la capacité de guérir les morsures de serpents, d'où le symbole de la médecine.
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Confinée avec un Con fini (FINI)
RomanceEt si le nouveau colocataire d'Hélène, boulimique de yoga et accro aux plats healthy, s'avérait aussi sexy et rock'n'roll que bordélique et imbu de sa personne ? Bières vs eau chaude citronnée. Peau tatouée vs petites chemises repassées. Delivro...