Mon téléphone indique 16h30 quand le troisième et dernier colocataire potentiel s'en va enfin du salon de thé, sous le regard interrogatif de Marilyne.
—Tu me donnes la réponse la semaine prochaine ? dit-il.
—Oui oui, sans faute, j'ai juste besoin de me poser un peu avant de prendre ma décision. Je te souhaite une bonne fin d'après-midi !
Et une longue vie sans jamais se recroiser, pensé-je en même temps.
—Ouais, à toi aussi.
Il referme la porte vitrée derrière lui. Je souffle de soulagement en me grattant le front.
—Alors ? s'enquiert Maryline si tôt qu'elle eut le champ libre.
Je plisse plusieurs fois des paupières en inspirant profondément, puis expire bruyamment. Je me sens tellement dépitée que je serais presque tentée de lui commander une gourmandise bien grasse et bien sucrée.
—Echec cuisant ! Les deux, et crois-moi, je ne pensais pas cela possible, étaient pires que celui de ce matin.
La petite clochette à l'entrée retentit lorsqu'une nouvelle cliente entre dans la boutique.
—Je reviens ma chouquette au sucre, me répond Marilyne d'un air navré, avant de repartir derrière son comptoir.
Mon téléphone, posé sur la petite table ronde, se met à sonner. Je regarde l'écran qui s'illumine. C'est Louise. Je soupire de plus bel. Elle peut toujours rêver, je ne lui répondrai pas, même si je sais pertinemment qu'elle n'y est pour rien au final... Enfin si, un peu quand même, vu qu'elle a intégralement réécrit mon annonce sur le bon coin et ce sans mon consentement. Ce sont ses mots à elle qui ont finalement attiré tous les cas désespérés de Paris et que j'ai dû me coltiner aujourd'hui ?
Et comment je fais, moi, maintenant ?
Bon, je ne vois plus qu'une seule solution. Réécrire tout de suite une meilleure annonce. J'essaie de me connecter via mon téléphone au site du bon coin et entre mes identifiants pour ouvrir mon profil, mais c'était sans compter ma meilleure amie qui a eu la fourberie de les changer hier. Enervée, je suis forcée de rappeler Louise.
—Allô ?
—File-moi le mot de passe, tout de suite.
—Quel mot de passe ?
—Celui pour supprimer ton annonce de merde.
—Roh mais attends encore un peu, Hélène. Je suis sûre que tu vas finir par trouver la perle rare.
Je bouillonne.
—Ça te plaît de me pourrir l'existence comme ça, hein ?
—Je ne te pourris pas l'existence voyons, j'essaye de te la pimenter au contraire.
—Ben ils m'arrachent la gorge tes piments ! Je veux juste pouvoir payer mes factures sans découvert bancaire, c'est si difficile à comprendre ? me fâché-je. Je ne cherche pas un mec, Louise, et ton annonce beaucoup trop humoristique leur a fait croire le contraire.
Silence au bout du fil.
—Je suis désolée Hélène, finit-elle par me dire de sa petite voix toute fluette, celle qu'elle sort à chaque fois qu'elle se sent fautive.
Je roule des yeux en culpabilisant à mon tour.
—Hum, moi aussi je suis désolée de m'être énervée.
A suivre...
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Confinée avec un Con fini (FINI)
RomanceEt si le nouveau colocataire d'Hélène, boulimique de yoga et accro aux plats healthy, s'avérait aussi sexy et rock'n'roll que bordélique et imbu de sa personne ? Bières vs eau chaude citronnée. Peau tatouée vs petites chemises repassées. Delivro...