À mon cher libraire

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   TW : univers sombre, surnaturel, références au sexe, à la sexualité, et à la littérature porno. 

   spoilers : /

   musique : Life Eternal - Ghost

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   résumé :
Tous les mois, Chuuya rencontrait Dazai qui lui confiait ses manuscrits en main propre. Il n'avait jamais eu peur de ce château. Impressionné peut-être, la première fois, mais les choses sombres et anciennes l'avaient toujours attiré, quelque part. Plus il revenait, et plus il y avait de nouvelles choses fantastiques à découvrir, si bien que Chuuya n'était même plus étonné quand une porte s'ouvrait là où il voulait aller, quand le porte-manteau se baissait pour attraper ses affaires au vol, c'était incroyable mais étrangement normal. Quand il passait les grilles enchantées, il se retrouvait dans un nouvel univers, aux lois différentes et dont il était l'invité d'honneur.

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Bonne lecture !

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- Je dédie ceci à mon cher petit libraire, Chuuya Nakahara. 

La librairie était plutôt calme, à cette heure de la journée. C'est pourquoi quand la clochette de la porte retentit pourtant, Chuuya savait exactement qui passait le pas de la porte. Un homme dans la trentaine, de stature naturellement imposante : grand, musclé ; il y avait une odeur de tabac qui le suivait partout et qui avait tendance à irriter les narines du jeune libraire, qui était fier d'annoncer qu'il avait arrêté la cigarette depuis vingt-et-un mois. Pourtant, cet homme, le client, on ressentait sa bonhommie dans son regard doux et presque abattu, dans la façon dont ses épaules étaient affaissées, son menton jamais bien rasé, et quand il ouvrait la bouche, on entendait la voix fatiguée de celui qui ne dormait pas assez. Oda Sakunosuke venait régulièrement, toujours pendant les heures creuses, quand Chuuya était seul derrière le comptoir. Le bonhomme était de bonne compagnie et il ne repartait jamais les mains vides, alors même si il pouvait être un peu agaçant, le libraire l'accueillait chaleureusement à chaque fois.

- Laisse-moi deviner, commença Chuuya rhétoriquement, le stock de l'arrière boutique ?

En un sourire qui ne montrait pas ses dents, le client acquiesça. De grosses cernes s'étaient installées sur ses joues, mais elles disparaîtraient d'ici quelques jours, ce n'était rien d'inhabituel.

L'arrière boutique de la librairie était une pièce assez étroite, se terminant sous l'escalier qui menait aux appartements, dont celui où vivait Chuuya avec sa sœur aînée. Ses murs étaient couverts d'étagères du sol au plafond, un peu comme le reste de la boutique, mais dont l'aspect était bien plus brouillon. Les livres étaient couverts plus sommairement, quand seulement ils étaient couverts ! La plupart des documents de la pièce étaient sur des feuilles volantes, qui parfois avaient la chance d'être reliées entre elles par un trombone, ou pour les plus heureuses, des petits anneaux. Il y avait sous l'escalier un bureau encombré de plus de piles de pages manuscrites, une chaise en bois dépareillée, et à l'autre bout, un fauteuil à rayures orangées installé sous une lampe sur pied qui était la principale source de lumière de la petite pièce. Chuuya aimait bien s'y installer pour lire tranquillement, mais dès qu'un autre l'y rejoignait, on s'y sentait à l'étroit, et le confort se transformait en étouffement.

Heureusement, Oda n'avait pas la personnalité étouffante que sa silhouette pouvait laisser penser. La façon dont il se baissait pour ne pas se cogner dans le chambranle de la porte était plus comique qu'inquiétante, et quand le jeune libraire s'installait dans son fauteuil en croisant les jambes, il se sentait comme un prince sur son trône de qui on venait demander la grâce. C'était une sensation particulière, nerveux une seconde, et maître du monde la suivante, mais la confiance en lui de Chuuya était capricieuse comme ça.

Noir/Noir | recueil SoukokuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant