chapitre quatorze

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Ambre tape nerveusement du pied contre le sol en graviers

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Ambre tape nerveusement du pied contre le sol en graviers. Assise sur ce banc, elle tient une canette de bière dans sa main droite et ne fait que jeter des coups d'œil à l'heure indiquée sur sa montre. Elle se demande si elle fait le bon choix en continuant à se péter le foie.

Elle est certaine que sa sœur n'approuverait pas et peut-être qu'elle aurait dû l'écouter parce que plus l'heure passe et plus le doute s'installe. Ambre avale une gorgée comme si ce dernier allait se dissiper par magie.

Elle finit par l'apercevoir, il a une heure de retard.

En arrivant à sa hauteur, il la salue simplement et s'assoit à une distance raisonnable, à l'autre bout du banc, ce qui soulage Ambre sur ses intentions. Pourtant elle n'arrive pas à se détendre, son mal aise ne fait que s'accroître quand elle le salue à son tour :

- Bonjour.

Ambre réalise soudainement qu'elle ne connaît même pas son prénom, elle ne s'en souvient pas et elle refuse de l'appeler papa. Elle peut le qualifier d'inconnu parce que c'est ce qu'il est à ses yeux et elle comprend désormais ce qu'Améthyste pouvait ressentir.

Elle boit une gorgée de sa bière pour faire passer le goût amer traînant sur son palet, elle essaye de se rassurer pourtant rien n'y fait. Ambre sait qu'elle ne peut pas recommencer son enfance et tout effacer maintenant qu'elle sait ce qu'il s'est passé.

- Je sais ce que t'as fait, lâche-t-elle d'une voix pâteuse.

Elle est confuse, embrouillée par les sens et le regard qu'il pose sur elle est indéchiffrable. Ça a le don de l'agacer alors qu'elle continue de fixer ses pieds, pour éviter de le confronter.

Ambre a peur de ce qu'elle pourrait voir dans ses pupilles sombres. Elle a peur d'y trouver l'absence de remords tout autant que leur présence. Ça serait tout aussi cruel à supporter.

Est-ce que le remord suffirait à se faire pardonner ?

Ambre n'y croit pas. Si c'était une page vierge, Ambre aurait pu lui pardonner mais maintenant, cette page paraît bien trop obscurcie pour qu'elle puisse la gommer dans sa totalité.

Est-ce qu'elle pourrait rattraper le temps perdu ?

Ambre ne veut plus désormais. Elle se souvient qu'il avait eu un an pour venir les chercher en famille d'accueil, il n'est jamais venu et la procédure de délaissement parental a été annoncée.

Il avait eu un an.

Il ne décide de revenir que maintenant.

Elle va devenir folle à force de trop penser et peut-être que sa tête finira par exploser. Ambre aimerait tout lui raconter, lui montrer toute la rancœur qu'elle a développé face à son absence cruelle, elle se contente de rajouter :

- .Elle m'a tout raconté parce que je ne m'en souviens pas. Je la crois, car elle a toujours été à mes côtés contrairement à toi. Ta parole ne vaut rien contrairement à la sienne.

Il déglutit difficilement et s'apprête à parler mais Ambre l'interrompt, elle ne veut pas entendre le son de sa voix, elle ne veut plus rien à voir avec lui. Il n'est personne à ses yeux, seulement la moitié de son reflet quand elle s'observer chaque matin.

- Non, je ne veux pas de tes excuses, je ne veux pas t'entendre. Je ne veux plus te revoir, c'était une erreur et je ne sais même pas la raison de ton retour. Et je ne veux pas la connaître, parce que t'as jamais été là.

Sa gorge se noue et elle boit une nouvelle gorgée pour empêcher à sa voix de partir de traviole. Elle se sent si faible face à regard qu'elle continue de fuir comme la peste. Elle a peur d'être blessée en le croisant, elle a peur de se rappeler.

- T'étais pas là quand j'ai lu mes premiers mots ni quand je suis rentrée au collège, quand j'ai fêté mon bac, quand je suis allée voir un match de football pour la première fois, quand j'ai fait mon premier gâteau au chocolat. T'étais pas là putain et j'ai du vivre avec cette absence tous les jours, lâche-t-elle. Et quand il fallait remplir ces stupides papiers à l'école, sur la profession de nos parents, je me demandais toujours si je devais t'indiquer alors que je ne savais même pas si t'étais vivant.

Elle s'arrête en ravalant ses larmes et elle finit sa canette d'une traite. Elle s'empresse d'écraser cette dernière dans sa main gauche, faisant plier l'aluminium entre ses doigts avec facilité, comme si par ce geste, elle se contenait d'étrangler l'homme face à elle.

- Je ne veux plus te voir, je ne veux plus que tu t'approches de ma sœur, souffle-t-elle. Je peux t'assurer qu'à la minute où mes souvenirs reviendront, je poserai une plainte pour ce que t'as fait et dieu sait que j'attends ce moment avec impatience.

Ambre se lève sans demander son reste et elle quitte le parc aussitôt pour regagner son appartement où elle s'enferme à l'intérieur durant les jours suivants pour tenter d'oublier le retour de son géniteur. Sa pire erreur, Ambre se jure que ça sera la dernière. Elle lui a coûté bien trop cher : son innocence.

Et une plongée dans les bas-fonds de la dépendance.

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DÉPENDANCE » Pierre Gasly ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant