Chapitre 6 - NAISSANCE (Partie 1)

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Arès

Dès que j'ai mis un putain de pied dans ces termes, j'ai senti sa présence, tel du miel qui coulerait sur ma peau, visqueux et sucré. Je n'ai pas stoppé Aphrodite en comprenant que la mortelle était là, car inconsciemment, je voulais que Pandora regarde, comme cet après-midi.

Par les dieux, qu'est-ce que cela fait de moi ?

Jamais je n'ai eu autant envie que quelqu'un observe mon intimité, pire, la partage. Je me secoue les épaules et tourne légèrement la tête, pour observer Pandora me suivre jusqu'à la clairière. Elle a encore les yeux humides de larmes et le regard vague. On sait tous les deux ce que signifient les cours d'Aphrodite, pas besoin d'être une Pythie pour le savoir : le mariage approche, et avec lui, la nuit de noce.

Je ne sais pas pourquoi, mais cette idée me dérange légèrement. Je n'y fais pas plus attention, pensant que cela est sans doute lié au plan de Zeus que je trouve stupide.

Je ralentis le pas pour me mettre à hauteur de la mortelle et garde le silence. Elle se rapproche légèrement de moi et des images de l'après-midi me reviennent en tête. Je la revois broyer des herbes, le feu aux joues et les yeux vitreux de désir. J'ai eu envie de la plaquer sur la table en chêne de Demeter mais au même moment, Aphrodite est arrivée. Alors je l'ai laissée faire, le regard toujours fixé sur Pandora. Puis, l'envie a laissé place à une panique intense dans son regard, suite à une remarque de Demeter. Elle s'est effondrée sur le tabouret sur lequel elle était assise quelques instants avant.

Je voulais tout arrêter et aller voir ce qui n'allait pas, seulement je me suis retenu. Ce n'est pas moi. Ce n'est pas le dieu qu'ils ont forgé avec tant d'efforts. Et cette sensation de vouloir aidé Pandora m'a décontenancé. Cependant, lorsque nos regards se sont croisés, je n'ai pas pu m'empêcher de la titiller un peu.

Egoïstement, je voulais qu'elle voit ce dont je suis capable. Le meilleur comme le pire, même si on m'a élevé pour n'être que le pire. Un monstre assoiffé de sang et de haine, qui ne connaîtra jamais d'autres sentiments que cela. Rien que d'y penser, un frisson me traverse et réveille de vieilles blessures que je m'efforce de camoufler aux yeux de tous.

C'est certainement pour ça que je suis autant attiré vers la mortelle. Au fond, nous n'avons pas eu le choix sur notre vie, sur notre Moira. Sauf qu'une fois utilisés, nous ne servons plus à rien, et tout le monde nous déteste. J'ai peur que cela lui arrive, c'est pourquoi cet entraînement tombe au bon moment.

– Merci, soupire la mortelle.

– Ne me remercie pas encore, tu n'as pas vu ce que je te réserve, je la taquine.

Un sourire triste se dessine sur son visage avant de vite disparaître. Elle tourne son regard vers moi, une détermination nouvelle dans les yeux.

– Repousse mes limites.

Je me rapproche tout à coup d'elle, la plaquant contre le tronc d'un arbre. Mon souffle n'est qu'à quelques centimètres de son cou et je remonte lentement la tête, effleurant sa joue avec mon nez. Elle retient sa respiration et se mord les lèvres. Je ricane et ne m'arrête qu'une fois à son oreille. Ma main se resserre un peu plus sur la rondeur de sa hanche et je plaque mon corps au sien. Ce n'est pas ses limites que je teste à l'instant présent mais les miennes.

Par les dieux, que c'est bon.

Je me retiens de justesse de lui mordre le lobe de l'oreille, et dans un sourire, lui murmure :

– Première leçon, ne te laisse jamais distraire.

Je me décolle d'elle, à regret quand je ressens une vague de froid contre mon torse, et fais demi-tour, en direction du terrain vague où je m'entraîne.

Les dieux de l'Olympe T3 - PandoraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant