Chapitre 2 - NAISSANCE (Partie 1)

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Pandore

Les femmes qui m'entourent sont en train de se présenter tour à tour, sauf que mon esprit est ailleurs. Il est auprès d'un certain jeune homme et des nombreuses questions qu'il soulève sans y répondre. À part son nom, et que c'est un dieu, je ne sais rien de lui.

Arès.

Son prénom est aussi tranchant que lui, cependant, je sens qu'une certaine tendresse pourrait s'en découper. Je passe une main sur le tissu bandé autour de mon cou, me rappelant la sensation de la lame contre ma peau. Je tressaille. Je me suis approchée d'un dieu, c'est normal qu'il m'ait vue arriver de loin et interceptée. À vrai dire, toutes celles présentes dans la pièce auraient pu le faire.

Paidí mou, m'interpelle Hestia. Tu es toujours avec nous ?

Je hoche la tête, soudain ramenée dans la grande salle en marbre où je me suis réveillée une heure plus tôt. Les femmes m'ont d'abord vêtue de ce qu'elles appellent une toge, de la couleur de l'argile rouge, répétant que ça mettait mon teint en valeur. Sauf que je m'y sens à l'étroit, et que je n'ai pas osé leur dire que je n'aimais pas du tout cette teinte. Je ramène mes mains sur mes cuisses et me concentre sur le visage rond et avenant de Hestia, plaquant un sourire factice sur mes lèvres.

– Oui, désolée. C'est beaucoup d'informations d'un coup et j'ai du mal à tout assimiler.

Comme le fait que ce sont des dieux et déesses, mais je ne leur dit pas. Je ne leur demande pas non plus ce que cela fait de moi. Les paroles de Zeus restent tout de même dans un coin de ma mémoire. Il a très bien dit que j'étais un être de boue. Je ne comprends pas encore tout à fait ce terme, mais il a tout de péjoratif, réducteur et nuisible. J'ai la sensation de n'être réduite quand à un tas de terre nauséabond.

– Nous n'avons peut-être pas commencé par là où il fallait mes amies, suggère Hera.

Elle se concertent entre elles, me mettant une nouvelle fois de côté. Je joue avec mes doigts le temps qu'elles cessent de discuter, et mes pensées reviennent auprès d'un certain dieu. Je ne sais pas pourquoi mon cerveau est autant attiré par Arès, mais une chose est sûre, c'est le seul qui ne me prend pas pour une petite chose fragile. C'est aussi le seul qui trouve ma venue parmi eux agaçante et dérangeante, voire inutile. Je suis à nouveau sortie de mes pensées, cette fois par Hera, qui me prend la main.

– Ma chère, nous n'avons effectivement pas commencé par l'essentiel. Pardonne-nous.

Je hoche la tête, incapable de dire quoi que ce soit, le regard translucide de la déesse me clouant sur place. Ça et sa beauté aussi. Comment rivaliser avec elle ?

– Tu viens de naître, peut-être aurait-il fallu que l'on te parle de toi avant de nous.

Peut-être effectivement, oui. Ça aussi je ne le dis pas, de peur de me retrouver la tête au sol, le corps encore sur l'assise en osier.

– Nous nous sommes mises d'accord pour te nommer.

Et est-ce que j'aurai mon mot à dire ? Je ne pense pas. Je n'aurai le droit à rien ici. Elles ordonnent et j'obéis. Elles n'ont même pas besoin de le dire pour que je le comprenne.

– Pandora.

Je relève la tête, subitement.

– Pandora ?

Hera et toutes les autres hoche la tête. L'information remonte doucement à mon cerveau et sans m'en rendre compte, je fais rouler les lettres plusieurs fois sur ma langue, appréciant les sonorités de ce nom.

Pandora.

Celle a qui on offre tous les dons.

Qu'est-ce que cela signifie ? Pourquoi suis-je là réellement ?

Les dieux de l'Olympe T3 - PandoraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant