Chapitre 1 - NAISSANCE (Partie 1)

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PARTIE 1 - LA NAISSANCE


Pandore

Le sol est froid contre ma joue, mon ventre, mes cuisses. J'ouvre péniblement les yeux pour la première fois, entièrement nue, sur le sol marbré d'un endroit que je ne connais pas. J'aperçois d'abord de nombreux pieds emprisonnés dans des sandales dans les tons bruns, avant de relever avec difficulté ma tête.

Par les... dieux ?

Je n'aurai peut-être pas dû. Je fais face à une dizaine de visages, tous plus curieux les uns que les autres, qui se pressent autour de moi pour me dévisager. Un frisson de détresse traverse mon corps. Je baisse rapidement le regard pour le fixer sur le sol et me concentrer sur les marbrures gris et or.

Que fais-je ici ?

Qui suis-je ?

Je n'ose plus regarder tous ces étrangers, et je n'ai qu'une envie, ne faire qu'un avec le marbre sous leurs pieds.

– Debout, femme de boue.

– Mis à part le jeu de mots à revoir Zeus, elle est nue, peut-être faudrait-il la couvrir en premier lieu, répond une voix féminine qui inspire la confiance.

– Tu as raison Hestia, faites apporter une toge ! Tonne une autre personne de sexe féminin.

– Hestia, Hera, pourquoi autant de manières ? Reprend la première voix, bourrue et excédée.

– Zeus ! Elle a le droit à son intimité, on lui vole déjà presque tout le reste...

Je n'ose toujours pas relever la tête. Je ne sais pas ce que je fais ici, ni qui je suis, ni qui sont tous ces gens, mais une chose est sûre, là, nue face à eux, je n'ai aucune dignité. Une main se pose sur mon dos, me faisant tressaillir. Mon corps se crispe automatiquement et je n'ose plus bouger, ni respirer.

Qu'est-ce qu'ils vont faire de moi ?

– Du calme paidí mou, je ne te veux aucun mal.

La voix chaleureuse se fraie un passage jusque dans mon cerveau et je me calme instantanément. Je relève doucement la tête pour faire face à une femme rousse, au visage rempli de tâches de rousseur où un large sourire s'étire. Elle me passe un drap coloré sur mes épaules et le resserre avec fermeté autour de moi de façon à ce que je sois entièrement couverte. Elle me relève doucement, mes jambes ne supportant pas encore tout à fait leur nouvelle mobilité. Je sens l'attention des autres me brûler la peau mais je n'ai d'yeux que pour la femme rousse. Son visage rond éclaire l'obscurité et ses mains potelées dans les miennes me réchauffe le coeur.

Sécurité.

Je crois que c'est ce que je ressens avec elle, mais comment le savoir ? Mon cerveau connaît toutes les langues, autant celles orales que du corps. Cependant, mon coeur lui, ne reconnaît aucune émotion. Perturbée et déboussolée, je la laisse me guider vers un siège en osier qui se trouve non loin.

– Hestia, ce n'est pas la peine de prendre aussi soin d'elle, elle n'est faite que de boue.

Un frisson me parcourt quand j'entends la voix de l'homme à mes côtés. Je le regarde en coin et me recroqueville aussitôt contre celle qu'il a appelé Hestia. Il est effrayant. Vraiment effrayant. Il me domine de toute sa hauteur, ses yeux mordorés lançant des éclairs. J'ai de suite envie d'aller me cacher et de me faire toute petite. Il passe une main dans sa barbe et m'observe de la tête aux pieds, le regard approbateur. Il se rapproche de moi et souffle contre mon oreille, m'arrachant un petit cri de panique.

Les dieux de l'Olympe T3 - PandoraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant