Chapitre 8 - NAISSANCE (Partie 1)

20 3 0
                                    

Pandore

Hestia n'a plus osé dire un mot depuis que je me suis renfermée au plus profond de moi-même. Elle a fait part de mon envie de voir Zeus, le roi des abrutis, et on nous a répondu qu'il n'était pas disponible. Coup de chance ou non, la déesse m'a octroyé une journée de repos dans mes apprentissages. Il semblerait que j'ai effectivement besoin de souffler pour me remettre les idées en place, d'après elle.

– C'est bien la dernière fois que tu me parles sur ce ton Pandora.

– D'accord.

Je ne me suis pas excusée et je suis rentrée directement dans ma chambre. D'après mes connaissances, cette attitude ressemblerait trait pour trait à une crise d'adolescente mais en même temps j'ai bien le droit de passer par toutes les émotions et de les expérimenter. De les goûter, de les appréhender et de les relâcher. Après tout, je suis née il n'y a pas si longtemps, tout le monde devrait prendre en compte ce paramètre.

En rentrant, j'ai d'abord hésité à me jeter sur le lit, mais j'ai eu besoin d'air, alors je me suis dirigé vers la fenêtre. Cela fait déjà une heure que je suis sur le rebord de pierre, observant les vallées fleuries qui s'étendent à perte de vue. Je ne pense à rien, libérant mon esprit de tout ce qui peut le parasiter. Sauf qu'au bout d'un moment, mes membres me démangent et je ne tiens plus en place. Je ne réfléchis pas plus longtemps et saute sur le sol. Je sors la tête par l'embrasure de la porte et la rentre presque immédiatement. Une nymphe est assise à l'entrée, tel un garde.

Par les dieux ! Il ne manque plus que ça.

Alors, je m'approche à nouveau de la fenêtre pour évaluer mes chances de survie si je saute. Après cinq minutes de réflexion, il faut que je me rende à l'évidence : ils ont fait en sorte que je ne puisse pas m'échapper. La seule issue possible en passant par la fenêtre, c'est la mort et je ne suis pas sûre de vouloir voir Hadès si tôt.

Je m'assois tout de même sur le rebord, les jambes dans le vide.

Peut-être que si je me laisse glisser jusqu'à ce rosier, je pourrais amortir ma chute et m'agripper malgré les épines ?

Je suis sérieusement en train de me poser la question quand j'entends quelqu'un tousser à ma gauche. Je tourne la tête et plonge dans un regard noisette hypnotisant.

– Si tu veux sauter, sache que je ne te retiendrais pas.

Je regarde derrière moi vers l'embrasure de la porte pour être sûre que la nymphe qui monte la garde n'ait rien entendu. Une fois sûre, je me tourne à nouveau vers Arès et commence à chuchoter.

– Si je saute, je te manquerais trop.

– Crois-moi, tu serais la personne que je regretterai le moins.

– Aïe, ça fait mal.

Je fais semblant de me masser la poitrine, un petit sourire aux lèvres. Je détourne le regard, sans trop savoir où le fixer. Au final, j'observe les roses qui se situent à quelques mètres du sol et j'imagine la douleur que cela pourrait représenter entre le choc de l'impact et les épines.

– Tu réfléchis trop la mortelle.

– Je suis désolée.

Un long silence s'ensuit. Les images de ma potentielle chute se jouent et rejouent dans ma tête. Petit à petit, elle ne me paraît plus si impossible ni si douloureuse.

– Pourquoi ?

– Pour ce que j'ai dit à Hestia tout à l'heure. Je n'en pensais pas un mot.

Il ne me répond pas et c'est certainement mieux comme ça. Je sens encore le poids de la culpabilité sur mes épaules mais il semble s'envoler un petit peu, me laissant respirer à nouveau presque correctement. Tout à coup, ma petite crise me paraît ridicule et l'envie de me cacher sous les draps devient si forte que je me retourne sans un mot pour Arès. Sauf qu'il me stoppe dans mon élan.

Les dieux de l'Olympe T3 - PandoraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant