Le bord de la rivière

p.3 / le bout du tunnel

À peine rentré dans le tunnel, on y voyait déjà la lumière au bout, dangereuse et rassurante à la fois, comme un feu de bois dans une forêt. Certes, Chihiro n'avait pas beaucoup de route à faire, mais marcher sans crainte était impossible, sans le bras de sa mère où s'agriffer, sans la silhouette de son père où se raccrocher.

Ce qu'il y avait d'effrayant dans ce tunnel, c'était qu'elle ne se souvenait pas d'où il amenait, elle ignorait tout comme lors de la première fois où elle s'y était aventurée. Apeurée, mais tout de même impatiente d'enfin répondre à ses interrogations, la jeune fille accéléra sa cadence, et parvint finalement à la sortie, aveuglée par la lumière.

S'accommodant peu à peu aux rayons du soleil qui avait décidé de se faire remarquer, Chihiro observa les alentours. De ses grands yeux noirs, elle put découvrir une immense colline verdoyante avec un chemin déjà tracé que les mauvaises herbes n'avaient pas réussi à effacer, quelques rochers, et des fleurs irisées qui se tenaient là fièrement. Les feuilles des arbres se balançaient paisiblement au gré du vent dans le doux bourdonnement des abeilles qui se baladaient de fleur en fleur.

Chihiro se désintéressa très vite du paysage qui lui était offert. Sans réfléchir, elle se mit à courir sur le chemin de terre, et à monter la colline précipitamment en posant parfois ses pieds sur des rochers, en repoussant des hautes herbes de ses mains. Arrivée en haut de la colline, elle leva les yeux, se confrontant à la vue d'une vingtaine d'autres arbres, qui entouraient tout ce qu'il restait de terre, laissant pour elle un jardin fleuri de pâquerettes, de boutons d'or ; un joli coin idéal pour s'assoupir quelques minutes. C'était décidément un merveilleux endroit.

Alors, pourquoi Chihiro semblait-elle si déçue ?