p.5 / la violence et la douceur

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Chihiro était de retour à la rivière de son nouveau village, la rivière qu'elle adorait tant, et continuait de se pencher au-dessus d'elle comme elle en avait l'habitude. Inclinée vers l'eau douce, elle semblait vouloir découvrir tous ses secrets et ne se lassait pas de la regarder comme si elle avait devant elle le visage endormi d'un inconnu plongé dans ses rêves.

Mais, sans prévenir, à force de trop se pencher, Chihiro tomba brusquement dans l'eau, se cognant au passage le genou contre un rocher. La jeune fille fut surprise par la profondeur de la rivière ; elle n'avait pas pied. Les flots aussi paraissaient plus rapides et violents qu'ils n'en avaient l'air, comme si la rivière voulait punir la malheureuse de l'avoir dérangée.

Cette rivière n'était vraiment pas comme celle de Kohaku, malgré toute l'affection que Chihiro pouvait lui porter.

Cette dernière essayait tant bien que mal de rassembler ses forces pour parcourir quelques mètres à la nage, mais elle s'essoufflait rapidement. Pendant que son corps était transporté par les courants, sa tête plongeait sous l'eau quelque fois et Chihiro en ressortait en crachant et en tentant de grandes inspirations.

Alors qu'elle imaginait ne pas s'en sortir, elle sentit soudainement la force d'une main sur son bras et se vit se faire ramener jusqu'au bord de la rivière. Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour retrouver son souffle et réaliser qu'elle était déjà hors de l'eau.

Elle entendit tout près d'elle, une voix calme et masculine constater : « Ce kami-là n'a pas trop l'air de t'aimer comme toi, tu l'aimes. »

Intriguée, Chihiro ouvrit les yeux pour regarder celui qui venait de parler, son sauveur, tombant alors nez à nez avec un jeune garçon, assis à ses côtés. Elle remarqua rapidement sa beauté, son visage ovale, ses cheveux noir coupés au niveau du menton, et ses yeux verts olive plantés dans les siens. Elle ne remarqua cependant pas tout de suite sa main qui s'était logée naturellement dans celle du garçon, ni l'immense douceur avec laquelle il la regardait. Elle ne remarqua pas non plus le nom qui s'échappait tout seul de sa bouche comme s'il venait d'être libéré d'un sortilège, le nom de celui qui l'avait déjà sauvé par le passé :

« Haku. »

FIN

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FIN

Le bord de la rivièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant