Elle avait quinze ans quand elle fut diagnostiquée d'un cancer de la peau.
Ses parents étant fraîchement divorcés, c'était sa mère qui avait dû prévenir son père, par message.
Ta fille a le cancer. Stade avancé. Opération demain à 8h00. Box 10, clinique Sainte-Élisabeth.
Elle s'appelait Elisabeth.
Elle prit la nouvelle avec calme. Elle demanda seulement le temps qu'il lui restait à vivre. On la regarda avec stupeur:
-Pourquoi demander une chose pareille, ma chérie. Les traitements n'ont pas encore commencé, il y a toujours de l'espoir !
Elle plissa les lèvres. Ces choses-là se sentent, se prévoient, s'apprivoisent: je vais mourir. Cette maladie me tuera. Peu importaient les médicaments et l'espoir, Élisabeth sentait sa mort approcher. Seulement, elle ignorait avec exactitude à quelle vitesse.
Elle ne reposa pas la question. Sans doute était-il difficile de prévoir avec certitude. Sans doute aussi refusait-on de s'admettre qu'une aussi jeune et talentueuse fille pourrait succomber à une maladie aussi inattendue.
Mais elle savait. Dès lors, Elisabeth mena une activité frénétique mais toujours silencieuse: sa mère vit bien qu'elle paraissait agitée, mais mit cette angoisse sur le compte du choc de la nouvelle. Son père, le lendemain, fut surpris du calme de sa fille qui préférait rester seule. Aussi la quitta-t-il très vite. Il avait rendez-vous.
Elisabeth se sentait émerveillée. Elle avait le cancer. C'était terrible et en même temps, elle avait tant de temps à présent pour écrire ! Elle s'y était attendue, l'avait sentie venir. La maladie ne l'avait pas surprise, étonnée seulement.
Mais il ne lui fallait pas perdre une seule seconde. Le compte à rebours avait commencé.
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Elle, l'écriture, eux, la mort
SpiritualC'est l'histoire d'une fille qui va mourir, qui le sait et qui a l'air de s'en ficher. C'est l'histoire d'une fille qui a des parents, des amis, un téléphone portable et une dépendance à l'écriture. C'est l'histoire d'une fille qui a choisi ses comb...