Chapitre 19

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Elle était venue. Elle l'avait écoutée. Elisabeth n'avait pas beaucoup parlé. Elle l'avait regardée droit dans les yeux et simplement déclaré:

-J'ai une mission à te confier.

Elle avait un peu réfléchi à la façon de le présenter. Il ne fallait pas donner l'impression qu'elle se servait d'elle. Il ne fallait pas non plus qu'elle la crût folle. Il fallait, enfin, s'assurer de la bonne coopération de son amie.

-J'ai écrit, beaucoup. Quelques livres. Je vais t'envoyer les PDF au fur et à mesure.

Trop de fichiers d'un coup lui feraient peur.

-Il faut que tu t'en occupes quand je ne serai plus là. J'ai laissé des tas d'indications. Les passages que tu pourras éventuellement modifier si nécessaire sont mentionnés. Il y a aussi des ébauches que je n'aurai jamais le temps de conclure. Tu pourras les terminer si tu t'en sens le courage, ou bien les confier à quelqu'un que tu crois capable d'une telle responsabilité.

-Qu'est-ce que tu veux que je fasse de tout ça ? avait demandé son amie en écarquillant les yeux devant les centaines de fichiers qu'Elisabeth avait créés dans le répertoire de son téléphone.

-Les publier. Tu dois les publier. Peu importe le temps que ça prend, peu importe l'argent que ça coûte, peu importe comment tu le présentes aux maisons d'édition et aux lecteurs, il faut que tu le fasses.

-Je... Je... D'accord. Elisabeth...

-J'ai écrit mon testament. Tu pourras garder la totalité des bénéfices. Mes parents pourront s'en passer. De toute façon, je ne pense pas que ça rapportera beaucoup. Mais je m'en fiche. Il faut que tu le publies, c'est compris ?

-Qui d'autre est au courant ?

-Personne. Tu es la seule. Tu pourras le dire au monde dès que je serai morte. Fais-le, d'accord ? C'est important pour moi. C'est ma dernière volonté. La seule.

Elle, l'écriture, eux, la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant