—Alors, qu'en pensez-vous, Hélène ? Après le 2010 que nous venons de goûter, voici un 1990, l'année de naissance de mon premier petit fils, Marceau. Il est plus trouble et plus foncé, vous voyez.Madeline me tend le verre à pieds, rempli au tiers avec la bouteille de Sauternes qu'elle vient d'ouvrir sous mes yeux.
—Incroyable, ce vin est plus vieux que moi, m'exclamé-je avant d'y tremper les lèvres.
—Alors ?
—Hum, c'est délicieux. Déjà que de base, les liquoreux sont de loin mes préférés... mais là, le vôtre est juste fabuleux. Je n'en ai jamais bu des aussi bons, sincèrement. C'est doux, sucré et raffiné.
Le visage de Madeline, déjà très avenante depuis que je suis arrivée chez elle, s'éclaire d'un coup. Elle esquisse un large sourire, visiblement ravie par cette petite séance de dégustation.
Quelle gentillesse !
Je suis si bien accueillie, ça me fait chaud au cœur.
Je souris aussi, les joues rosies par l'alcool qui commence, je le sens, à faire son effet.
—Ah ben bravo Mamy, je te la laisse un mini quart d'heure et tu essaies déjà de saouler ma chérie, apparaît Jim à l'embrasure de la porte.
Il a dit « ma chérie » ou c'est l'alcool qui me fait délirer ?
Je souris de plus bel.
—Ta mamie m'a fait goûté du 2010 puis là, c'est du 1990, tu te rends compte comme il est vieux ce vin ?! lui expliqué-je, joyeusement.
—Eh oh, je ne suis pas si vieux que ça quand même, rétorque Marceau, en entrant à son tour dans la cuisine.
—Oup's pardon, ce n'est pas ce que je voulais dire, gloussé-je, gênée.
Marceau, hilare, ne semble pas m'en tenir rigueur.
—Mamy ? Et nous, on meurt de soif, c'est ça ? lance t-il en se tournant vers Madeline.
Jim, qui devine de suite que je ne suis pas tout à fait dans mon état normal après avoir bu trop vite, je l'avoue, le succulent vin blanc de sa famille, récupère mon verre des mains.
—Fais goûter ! se justifie t-il devant sa grand-mère et son frère.
Je le fixe en train de boire cul sec le fond de mon verre et je réalise alors à quel point mes sentiments pour lui ne cessent de grandir ces derniers jours, depuis qu'on a enfin décidé de franchir le pas.
—Ah oui, hum, le 90 passe toujours bien, je pourrais t'en piquer quelques bouteilles, mamy ? lui demande Jim.
—Bien sûr, mon chéri, papy t'en préparera une caisse. Marceau, t'en voudras aussi ?
—Oh que oui ! C'est gentil, mamy. Et sinon, le confinement ici, comment ça s'est passé ? Vous l'avez remarqué au moins ? Au milieu de votre domaine de plusieurs hectares. Papy s'est pas senti trop à l'étroit ? Hahaha.
Madeline rit en chœur avec ses deux petits fils. Ils ont l'air si heureux de se retrouver enfin, tous les trois...
Quand mes yeux, soudain, se posent juste derrière eux, sur le mur où est suspendue l'horloge. Il y a plusieurs cadres d'accrochés en dessous, dont quelques photos de Jim lorsqu'il était enfant. Je le reconnaîtrais entre mille, au milieu de ses frères et de ses cousins-cousines. Il est tellement chou avec sa tignasse dorée, son sourire espiègle et son air intrépide.Quelle grande famille !
Quelle belle famille !
J'aurais tellement aimé avoir ça, moi aussi.
Des frères ou des sœurs, des cousins et des cousines. Une immense tablée heureuse et bruyante, où tout le monde chante, tout le monde danse et personne ne veut aller au lit.
Je m'approche pour tous les contempler... Puis, je la vois enfin, la maman de Jim, de Marceau et Gaspard. La fille de Madeline et de Jean. Je n'ose pas commenter, de peur de les rendre tristes dans un moment si festif et si gai.
Elle était exactement comme je l'imaginais. Grande, belle, blonde. Elle avait l'air douce et aimante.
Elle doit énormément leur manquer.
Et juste à côté, je découvre le fameux Gaspard sur une photo prise à son école je pense, car il y a son prénom d'inscrit ainsi que sa classe, CM2.
Contrairement à Jim et à Marceau, il est brun avec les yeux foncés. Je crois qu'il ressemble davantage à leur père que j'ai rencontré une seule fois à l'hôpital et qui était caché derrière un masque. Ils ont le même regard en tout cas.
Alors, c'est toi, Gaspard, le cadet de la fratrie ? Tu sembles si adorable. Qu'as-tu donc commis pour être derrière les barreaux, hein ? songé-je, désemparée. Et pourquoi Jim ne veut absolument pas en parler ?
—Hélène, vous aimez le canard ? me demande soudain Madeline, un verre de Sauternes à la main.
A suivre...
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Confinée avec un Con fini (FINI)
RomanceEt si le nouveau colocataire d'Hélène, boulimique de yoga et accro aux plats healthy, s'avérait aussi sexy et rock'n'roll que bordélique et imbu de sa personne ? Bières vs eau chaude citronnée. Peau tatouée vs petites chemises repassées. Delivro...