Voyage

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Après tant et tant de recherches, enfin, il le trouva. Il prit son trésor délicatement entre les mains : il ne fallait surtout pas l'abîmer. Et il partit, se réfugiant dans l'obscurité de sa demeure, afin d'être libre de l'étudier. Ses mains tremblaient d'émotions, mais elles le tenaient fermement. Et, après une grande inspiration, enfin, il l'ouvrit. Et se laissa emporter par ses merveilles.

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Sur les hautes vagues de la mer déchaînée, son bateau avançait, droit vers le nord, droit vers l'ennemi. Son équipage à lui, ses amis, ses frères, tous prêts à risquer leur vie pour la même idée, le même combat : abattre le capitaine d'en face, un pirate malveillant, qui avait enlevé leur dame, leur soleil, leur déesse. Tous, autant qu'ils étaient, étaient déterminés à en finir et à sauver leur demoiselle. Car c'était pour cela qu'il se battait ; pour le bien.
Ils arrivèrent vers le navire ennemi, et se préparèrent au choc, puis... À l'abordage !

Toutes les troupes, ennemies et alliés, se retrouvèrent sur la même embarcation. Dans le même combat. Dans une même pagaille et un tel bruit qu'il était difficile de savoir qui étaient leurs alliés, qui étaient leurs adversaires. Mais pas pour eux.
Eux, de part leurs souvenirs communs, leurs discussions et sourires, leur amitié, savaient qui était bon, qui était mauvais. Et ils réussirent rapidement à prendre l'avantage.

Mais lui, avait encore une chose à faire. C'était lui, qui avait été désigné pour sauver la belle. Et donc aussi, pour se confronter à l'horrible capitaine.
Il avançait, rapidement, marches après marches, vers le haut du navire : l'endroit où ils étaient. Il ne put malheureusement retenir une grimace de dégoût, lorsqu'il vit l'être en question. Inhumain. C'était la seule chose qui pouvait le définir. Mais il se reprit, il n'avait pas à fléchir devant quelconque ennemi ! Et ce, pour la vie et l'amour de sa demoiselle.
Alors, il avança, et d'un grand coup poignard, fit basculer l'épouvantable créature dans les tréfonds de l'impétueux océan, tout en espérant de tout cœur, qu'il n'en ressortira jamais.

Il se retourna par la suite vers la femme, qu'il salua d'une révérence et d'un chaste baiser sur la main. Regardant par la suite ses compagnons, tous indemnes, il souria.
La fin ne pouvait être autrement. Ils étaient obligés de triompher. Car contrairement aux autres, ils se battaient pour une raison noble. Pour l'Amour, la Justice et la Paix.

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Le jeune enfant referma le livre délicatement, la dernière phrase toujours en tête. Amour. Justice. Paix. Ce pour quoi ils se battaient. Et ce pour quoi, lui même, se battra.
Il se leva doucement, ne voulant pas réveiller son maître. Il ne fallait surtout pas qu'il se rende compte qu'il avait emprunté un livre de fiction, ni qu'il le voit debout à une heure pareille.
Pourtant, Camus avait toujours aimé ces livres là. Ces livres, qui l'emmenaient loin, bien loin de là où il était. Ces livres qui déplaçaient ses pensées, le déplaçaient lui même dans un nouvel univers, très différent de celui auquel il était habitué. Ces livres, qui nourrissaient son imagination, et qui le faisaient voyager bien plus loin encore que ce que son corps ne pourrait jamais le faire.

Inktober - 2022 - Saint SeiyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant