II. J-8

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Music : Last Christmas — Wham !

J'avais discuté en ligne avec Piper pendant des heures la veille et sa gentillesse m'avait convaincue. J'avais été trouver mon père dans son bureau et lui avais expliqué que nous avions une réunion du personnel après le travail. Pour qu'il ne suspecte rien, je lui avais dit que notre chef souhaitait nous faire part de son appréciation de chacun d'entre nous afin que nous puissions nous améliorer. Il avait simplement hoché la tête et demandé combien de temps cela risquait-il de me prendre. Une heure. C'était le temps que j'avais pour visiter le marché de Noël avec Percy, Jason et Piper.

Ce matin, je n'avais pas rendez-vous avec Hazel, je décidai donc de partir à la même heure qu'hier pour m'éloigner de cette maison et me rendre au village de Noël en avance. En arrivant, on m'avertit de ne pas me rendre dans les bâtiments des employés avant une dizaine de minutes car ils étaient occupés à nettoyer.

Je m'assis sur les marches devant le siège de Percy et vissai mes écouteurs dans mes oreilles. La musique me détendait. Elle m'empêchait de me laisser aller dans mes pensées souvent peu réjouissantes. Quand j'écoutais de la musique, c'était comme si je mettais le monde en pause quelques instants.

Une main passa devant mon visage et je relevai les yeux vers un Percy aux sourcils froncés.

— Ça va ?, demanda-t-il.

— Désolé, je ne t'avais pas entendu avec la musique.

— T'inquiète pas.

Il m'offrît un sourire que je lui rendis.

— Tu viens avec nous ce soir ?

— Oui, mais je pourrai rester qu'une heure.

— Super ! On essayera de ne pas trop traîner.

— Dit-il alors qu'il était en retard à son premier jour de travail.

— Touché, rit-il.

Un silence embarrassant s'installa entre nous, seulement entre-coupé par le bruit de nos souffles sur nos mains afin de les réchauffer un temps soi peu. Quand je me préparais à quitter la maison ce matin, je m'étais aperçue que mes gants avaient disparu. Je les avais cherchés partout avant de me résoudre à demander à Astrid.

Tu devrais faire plus attention à tes affaires, Annie chérie. Ton étourdissement risquerait de te jouer des tours, avait-elle dit.

Elle n'avait pas besoin de l'avouer à voix haute pour que je comprenne : elle avait substitué mes gants. Ça lui était déjà arrivé plusieurs fois. Je me souviens très bien d'un soir où j'étais rentrée tard de l'école. Après le club de journalisme, j'avais donné un cours de soutien à Katie Gardner. Elle n'était pas stupide, loin de là, mais les langues n'étaient pas son domaine. Autant elle excellait dans les branches scientifiques, autant elle avait des difficultés en anglais, principalement pour les rédactions.

Quand j'étais rentrée chez moi, je m'étais précipitée dans ma chambre afin de me mettre immédiatement au travail. J'avais un immense projet à rendre en sciences civiques. J'avais passé des heures à faire un dossier mêlant témoignages, définitions, lois et adaptations à la vie de tous les jours. Mes deux derniers week-end, je les avais passés à la bibliothèque municipale afin d'étoffer mon projet qui comportait près de vingt pages. Nous avions un mois avant de devoir le rendre, ce qui n'était pas suffisant pour les élèves désorganisés.

J'avais également fait trois grands tableaux dont un graphique légendé que je comptais accrocher au tableau lors de ma présentation. Lorsque j'étais rentrée, le dossier avait disparu, ainsi que les post-its disposés sur mon bureau sur lesquels j'avais noté les éléments à revoir. Le graphique, quant à lui, était taché de café.

A Blue Christmas Où les histoires vivent. Découvrez maintenant