IV. J-6

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Music : All I want for Christmas is you — Mariah Carey

Je poussai la porte du café. Étant donné que nous travaillons le dimanche, nous terminons plus tôt le lundi, ce qui me permet de retrouver Hazel pour discuter. Je regardai l'horloge ; j'avais cinq minutes d'avance. Je m'installai à notre table habituelle, au fond du commerce, et patientai en sortant un livre de mon sac à main qui ressemblait plus à une sacoche dû à sa taille.

Un raclement de gorge me sortit rapidement de ma lecture et je dus retenir mon grognement.

— Oui ?

Je relevai les yeux et découvris le serveur de la dernière fois, Ethan, si je ne me trompais pas.

— Un café latte à-, commençai-je.

— ...la noisette, termina-t-il à ma place.

Je lui souris et retournai à ma lecture.

— C'est ta première fois ?

Je déposai brusquement mon livre, perplexe. Qu'entendait-il par cela ?

— C'est ta première lecture, je veux dire ?

Je hochai la tête.

— Alors je ne vais pas te dévoiler la fin. En tout cas, c'est un très bon choix. A travers Lily, on découvre le cycle de la violence et le raisonnement des femmes battues. C'est vrai, on se dit tous qu'elles n'ont qu'à partir, que c'est si simple. Mais c'est bien plus complexe qu'on ne le croit, dit-il.

— Tu as déjà lu Jamais plus ?, m'étonnai-je.

— Bien sûr !

— Je ne pensais pas que-

— ... qu'un gars comme moi pouvait s'intéresser à la lecture ? C'est ce que beaucoup de gens pensent. Pour eux, je ne suis qu'un ado qui a préféré foutre sa vie en l'air pour travailler comme serveur au lieu de poursuivre mes études. Ils aiment juger, mais ils ne me connaissent pas, ils ne savent pas qui je suis.

— Alors qui es-tu ?, le questionnai-je.

Il m'intriguait.

— J'ai dix-huit ans et, c'est vrai, je ne suis pas à l'université, mais pas pour les raisons que tout le monde s'imagine.

— Pour quelles raisons alors ?

— Mes-mes parents n'ont pas les moyens de payer mon cursus, c'est pourquoi je travaille depuis que j'ai l'âge légal à chaque vacances scolaires, mais ce n'était toujours pas suffisant. J'ai donc été obligé de mettre mes études en pause le temps d'avoir assez d'argent pour pouvoir payer mes frais universitaires.

— Tu n'as pas essayé d'avoir une bourse ?

— Bien sûr que si, mais je ne rentre pas dans les critères. Je ne suis pas assez pauvre pour recevoir une quelconque aide extérieure...

Voyant la tristesse sur son visage, j'essayai de le faire penser à autre chose.

— Quelles études tu aimerais faire ?

Un sourire coin se dessina sur son visage.

— Un master en physique.

— Waouh !

Ethan me parla de ce qu'il aimait en physique, de théories qu'il trouvait intéressantes et souhaitait partager, de son entreprise de rêve et de tout ce qui touchait de près ou de loin au master de physique qu'il souhaitait décrocher plus que tout au monde.

Malgré tout cela, je ne pus m'empêcher d'être triste pour lui. J'avais de la chance d'avoir un père qui était capable de financer mes études sans que je n'ai besoin de me démener. Si je travaillais, ce n'était pas pour l'argent, même si celui-ci me servait d'argent de poche jusqu'aux vacances ou fêtes suivantes.

A Blue Christmas Où les histoires vivent. Découvrez maintenant