Music : Shake Up Christmas — Train
Je me suis achetée des gants.
En me rendant au travail ce matin, j'ai décidé de faire un crochet par le marché de Noël. En temps normal, ils ne sont pas encore ouverts, mais les gens de l'échoppe connaissent bien Percy et nous ont vu hier. Ils ont accepté de me laisser regarder dans le stock et m'ont même fait un prix d'amis.
J'entendis soudainement la sonnerie de mon téléphone. Je l'extirpai de ma poche et y trouvai sans surprise un message de Percy.
Hier soir, quand j'étais rentrée, Astrid et mon père m'attendaient dans le salon. Malgré l'excuse de la réunion du personnel, j'étais rentrée un quart d'heure plus tard car la file pour le carrousel s'éternisait et qu'il ne restait que deux personnes devant moi lorsqu'une heure s'était écoulée. J'aurais dû être plus vigilante. Je leur ai dit que j'avais eu une envie pressante en chemin et ils m'avaient crue.
Pour cette fois.
Je m'étais ensuite terrée dans ma chambre et n'en étais ressortie que pour réchauffer ma part de lasagne que j'avais dégustée à l'étage. La musique se diffusait dans mes écouteurs. J'aurais aimé pouvoir la mettre avec l'enceinte que je m'étais cotisée pour le Noël de mes treize ans, mais ça dérangeait Astrid et la « privait de cet instant de sérénité qu'elle ne trouve qu'à la maison, Annabeth. Ne lui enlève pas ce plaisir, elle fait déjà tant pour nous. »
C'était facile pour lui de dire ça. Astrid jouait à l'épouse parfaite pour mon père, toujours rangée de son côté et à accepter ses décisions. Étant institutrice en maternelle, elle déposait les jumeaux tous les matins avant de se rendre au travail et allait les rechercher le soir à la sortie. En plus de son parfait petit rôle de femme irréprochable, elle donnait l'image d'une mère de famille modèle. Tout ce que pouvaient espérer Bobby et Matthew, ils l'ont reçu depuis leur naissance. Ils ne manquent de rien. Malgré tous ses défauts, l'amour qu'elle porte aux jumeaux n'en fait pas partie. C'est peut-être la seule chose bien chez cette femme.
Parfois, je me demande comment serait ma vie si je n'étais pas la fille de ma mère. Si Astrid était ma mère, est-ce qu'elle me traiterait différemment ? Et mon père ? Est-ce qu'il s'intéresserait enfin assez à moi pour vouloir apprendre à me connaître ?
J'en veux à ma mère de nous avoir abandonnés. Je lui en veux car c'est à cause d'elle que j'ai la vie que je mène. Rien de tout ça ne serait arrivé si elle n'avait pas décidé de faire passer sa carrière avant tout le reste. J'avais bien compris que mon père voyait en moi ce qu'il voyait en elle. Je lui rappelais trop son passé, un passé douloureux qu'il s'efforçait d'oublier grâce à sa nouvelle famille.
— Attention, vomi droit devant !, hurla une voix masculine que je reconnus aussitôt.
Je relevai la tête de mon téléphone et saluai Léo qui s'affairait déjà au travail.
— Tu commences tôt, remarquai-je.
— Ouais. Ils payent double les heures sup'.
Je ris.
— Et toi, qu'est-ce que tu fais là ? T'es en avance.
— Je devais racheter des gants, expliquai-je.
Il hocha la tête et continua d'attraper les déchets laissés par les visiteurs à l'aide d'une pince et de les jeter dans un sac poubelle qu'il trainait derrière lui.
— J'ai beaucoup aimé ton dernier article, dit-il.
— C'est vrai ?, m'étonnai-je. Tu l'as lu ?
— Je ne suis pas illettré, je te signale !, se vexa-t-il faussement. Je ne lis le journal du lycée que lorsqu'un de tes articles y figure. Tu es la seule de ce club à avoir l'étoffe d'une journaliste.
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A Blue Christmas
FanfictionLes fêtes de fin d'année promettent d'être mémorables, surtout que le Père Noël a décidé d'offrir le plus beau des cadeaux à Annabeth cette année...