Un malheur n'arrive jamais seul

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Buck sentit les sueurs froides l'envahir.

Mais le sourire de son fils le tira de sa terreur et il alla le rejoindre rapidement. Il le serra dans ses bras avant de se dégager pour toucher son front.

- Que se passe-t-il ? demanda soudain inquiet. Pourquoi tu n'es pas à l'école ? Tu es malade ?

Il jeta un œil à Carla qui lui fit un sourire rassurant alors qu'il constatait que Christopher semblait en bonne santé. Ils s'étaient quittés moins d'une heure auparavant et Carla, qui s'occupait de Christopher, devait le déposer à l'école.

- Mademoiselle Flores a la grippe, s'amusa Christopher.

- Que... ? Quoi ?

- Elle a fait un malaise en arrivant à l'école et est rentrée se soigner, lui raconta Carla. Mais ils ne peuvent pas trouver de remplaçant pour aujourd'hui alors les enfants ont dû rentrer chez eux. Il y aura un professeur demain.

- D'accord, souffla-t-il. J'espère qu'elle ira bien. On dirait que quelqu'un va faire l'école buissonnière aujourd'hui.

Il embrassa Christopher dans le cou et il se mit à rire.

Il le jeta une fois en l'air et le rattrapa intensifiant ses éclats de rire qui résonnèrent dans le hangar. Il le serra de nouveau contre lui et laissa leur nez se frotter l'un contre l'autre. Buck aimait tellement son petit garçon.

Il était son seul bonheur dans la vie.

- Je suis désolée, Buck mais j'ai des patients à voir, lâcha Carla sincèrement contrite.

Carla était vraiment une perle.

Buck l'avait rencontré, il y avait plusieurs années. Il avait eu besoin d'aide pour s'occuper de Christopher et de lui-même après une lourde opération chirurgicale et c'était son père qui avait fait le nécessaire pour lui trouver cette formidable femme.

Il lui devait tout et il l'avait embauché pour qu'elle l'aide avec son fils après le diagnostic de paralysie cérébrale.

Depuis elle était un peu devenu son amie.

- Oh oui, bien sûr Carla, merci encore de me l'avoir ramené.

- Tu es sûr Buck ?

- Oui, maman finit son quart dans la matinée, elle sera heureuse d'avoir son petit-fils pour quelques heures. De toute façon, c'est un petit quart pour moi aujourd'hui. J'irai le chercher chez maman, pas besoin de t'embêter pour aujourd'hui.

- D'accord, lui sourit-elle. Mais en cas de besoin.

- Je connais ton numéro sur le bout des doigts, rit-il.

Carla les embrassa tous les deux et quitta le hangar. Buck posa son front sur celui de son fils et s'imprégna de son odeur d'enfant.

- Tu t'es fait mal à ta cicatrice papa ? demanda Christopher.

Buck lui sourit tentant de refouler les larmes.

Il détestait cette cicatrice presqu'autant que la marque de naissance qui se trouvait en dessous et il avait décidé de tout cacher, tout le temps. Il utilisait une marque de fond teint bien précise qui masquait le tout avec efficacité et résistait à l'eau et à la sueur.

Il ne supportait plus de les voir et seul Christopher avait le privilège de pouvoir voir le vrai lui au réveil. Il y avait encore des parties de lui qu'il n'acceptait pas, même après huit années de psychanalyse.

Aucun de ses collègues ne l'avait jamais vu sans son fond de teint et il avait fallu qu'il l'oublie chez son père hier. Heureusement, qu'il le lui avait rapporté ce matin, il allait devoir s'éclipser et en mettre rapidement avant de commencer son quart.

- C'est un peu rouge ce matin, admit-il. J'avais oublié ma crème chez tes grands parents.

Christopher leva sa petite main et frotta le pansement comme pour apaiser une douleur. Buck s'en voulait de lui mentir mais il ne pouvait pas expliquer à son fils pourquoi il détestait cette cicatrice.

Il espérait qu'il ne saurait jamais rien sur son terrible secret.

- Mais nous avons une nouvelle recrue, s'exclama soudain son père avec un grand sourire.

- Grand-père, cria Christopher.

- Enfin un pompier digne de ce nom dans cette caserne.

Il se rapprocha et récupéra son petit-fils en le serrant contre lui. Buck le regarda en souriant avant d'apercevoir qu'Eddie les observait et la sensation de malaise l'envahit de nouveau.

Il ne comprenait pas ce qu'il faisait là après tout ce temps.

Et s'il voulait Christopher ? Et s'il voulait lui prendre son fils ? Buck ne s'en remettrait jamais s'il lui prenait son petit garçon. Il était la seule chose qui parvenait à l'ancrer dans la réalité. Sa routine avec son fils le rassurait et l'aidait à aller mieux.

Il sombrerait sans lui.

- Est-ce que je t'ai déjà dit que tu étais mon petit-fils préféré ? s'enquit son père.

- Mais grand-père, je suis ton seul petit-fils, rit Christopher.

Buck vit le sourire attendri d'Eddie disparaitre.

Ses sourcils se froncèrent et il se tourna vers lui le questionnant du regard et Buck déglutit avant de détourner le regard.

Eddie ne devait pas savoir, il ne pouvait pas lui prendre Christopher.

- Est-ce que... ? commença-t-il. Est-ce que tu sais à quelle heure finit maman ?

- Dans un peu plus d'une heure, l'informa Bobby en basculant Christopher sur sa hanche. Pourquoi ?

- Son instit est malade, répondit-il en ignorant le plus possible Eddie. Tu crois qu'elle pourrait le prendre ?

- Et tu poses vraiment la question ? se moqua-t-il. Dieu, ta mère sera aux anges d'avoir son petit-fils pour elle toute de seule, pour une fois. Appelles la, dans l'attente je nous mets sur les appels léger.

Son père remonta dans la cuisine avec son fils et Buck vit qu'Eddie ne les lâchait pas du regard. Il sortit son téléphone quand il le vit revenir vers lui. Il ne voulait pas avoir cette conversation avec lui, pas maintenant.

Jamais s'il pouvait l'éviter.

Il allait devoir en parler à son père et il allait devenir complètement fou quand il saurait qui était Eddie.

- Maman ? lança-t-il dans l'appareil lorsqu'elle décrocha.

« Qu'est-ce qui se passe, bébé ? » s'inquiéta-t-elle.

- Je vais bien, maman. J'ai un petit problème. L'instit de Chris est malade et il est ici au 118. Est-ce que... ?

« Je suis là dans une heure. »

- Merci maman, sourit-il.

Il avait des parents formidables

« Ton fils et toi n'êtes jamais un problème Buck, lui rappela-t-elle. Et je suis contente de pouvoir profiter de mon petit-fils, temps qu'il veut bien passer du temps avec sa grand-mère. »

- Il le voudra toujours, la rassura-t-il.

« Oh mais l'adolescence arrive vite Buck, et à un moment il préférera ses amis et ses jeux vidéo à ses grands-parents. »

- Je sais, soupira-t-il. Mais ça sera temporaire. De toute façon il y a encore du temps, il va avoir huit ans, c'est encore un bébé.

« C'est pour ça que je compte en profiter, rit-elle. À tout à l'heure, mes bébés. »

Buck raccrocha et vit qu'Eddie était remonté dans la cuisine.

Il s'éclipsa dans les vestiaires. Il ne disposait que de quelques minutes pour faire disparaitre l'horreur qui défigurait son visage et lui rappelait les pires souvenirs de sa vie.

9-1-1 - Je te retrouverai toujoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant