𝗛𝗢𝗟𝗗 𝗠𝗘 𝗗𝗢𝗪𝗡 ; levi ackerman

chapitre 1

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— Il est là ! Le régiment principal du Bataillon d'Exploration !

Les exclamations des premiers arrivés attirèrent le reste des habitants alentours qui vinrent se rameuter de chaque côté de la grande rue. Sous le ciel bleu qui couvrait aujourd'hui le district de Trost, les soldats placés en rang avançaient au pas, perchés sur leurs chevaux et fièrement parés de leurs capes vert sapin. Alors que les parents se contentaient d'observer le cortège avec une méfiante curiosité, les enfants et les plus naïfs le suivaient de leurs grands yeux pétillants et pleins d'admiration. Une admiration qui disparaîtrait dès le retour de ce même cortège réduit de moitié, comme toujours, mais qui demeurait appréciée des concernés tant qu'elle durait.

— Commandant Erwin !

L'intéressé était bien sûr à la tête du groupe, ses épais sourcils froncés et le visage figé dans cette éternelle détermination qui lui était propre. Le dos bien droit, il arborait dignement le blason du Bataillon à l'arrière de son uniforme comme il portait avec force chacun de ses morts sur les épaules.

— Débarrassez-nous de ces foutus Titans ! scandaient les civils.

— Regardez ! C'est le capitaine Levi ! Il aurait à lui seul la force d'une troupe entière !

Les recrues présentes - les mêmes qui venaient de mettre fin à trois années d'entraînement intensif afin de s'engager professionnellement dans un pan de l'armée - ne se gênèrent pas pour poser leurs regards émerveillés sur l'homme en question, qui ne leur prêta aucune attention. De sa voix froide et grave, il se contenta de leur marmonner de la fermer sous le regard amusé de la cheffe d'escouade Hanji.

— S'ils savaient à quel point tu es maniaque, je suis pas sûre qu'ils te vénéreraient autant, plaisanta-t-elle.

Quelques mètres plus loin, entourée des autres soldats du Bataillon et les rênes de son cheval bien en main, Meira Anson balaya l'assemblée de son regard noisette. Elle croisa ceux de plusieurs jeunes encore vêtus de leurs blousons parés de l'insigne réservé aux recrues qui n'avaient pas encore choisi entre la Garnison, le Bataillon d'Exploration ou les Brigades Spéciales, et elle leur sourit avec le plus de sympathie possible. Elle en applaudit certains en tapant son poignet pour ne pas lâcher sa monture et les remercia d'un geste de la tête lorsqu'ils l'encouragèrent en retour. Ces jeunes étaient en ville pour leur cérémonie d'appel durant laquelle ils devraient choisir le corps d'armée dans lequel ils feraient carrière, un peu d'attention de la part d'une soldate aguerrie ne pouvait pas leur faire de mal.

— Certains ont l'air enthousiastes pour nous rejoindre.

Meira tourna la tête vers l'une de ses collègues plus jeune qu'elle, une rouquine au regard pétillant qui répondait au nom de Petra. Elle ne laissa retomber son léger sourire que quand les recrues furent trop loin pour remarquer le changement d'attitude.

— Je suis pas sûre que ce soit une bonne chose, avoua-t-elle. S'ils viennent seulement parce qu'ils se font de fausses idées nous concernant, ça nous fera juste toujours plus de jeunes à enterrer.

— Fais pas la rabat-joie, Meira, intervint Oruo avec toute l'arrogance qui le caractérisait. Peut-être qu'ils sont trop enthousiastes mais ça finira par redescendre et s'ils sont doués, en théorie, ils s'en sortiront.

— C'est pas le manque d'empathie qui te fera survivre dehors, Oruo, rétorqua sèchement Petra.

La petite rousse et son camarade se toisèrent un instant d'un air mécontent et les trois autres membres de leur escouade furent reconnaissants de voir le peloton s'arrêter, conscients qu'aucune joute verbale ne débuterait avec le capitaine si proche d'eux. Ce dernier vérifia qu'ils se tenaient correctement d'un seul et discret coup d'œil tandis que Gunther se permettait d'ajouter que Meira avait raison, soutenu par Erd. Aucun d'eux n'appréciait voir des jeunes intégrer le Bataillon avec enthousiasme, sans réfléchir. On ne choisissait pas ce corps d'armée pour la célébrité, encore moins pour le confort. Après tout, ils étaient réputés pour revenir de chaque expédition avec deux fois moins d'hommes qu'à leur départ. Personne n'était jamais préparé à l'horreur qui les attendait de l'autre côté du Mur, pas même les plus doués ni les plus déterminés.