Tout était bien trop calme.
Plus de douze heures après le début de l'alerte et malgré les nombreuses missions de reconnaissance menées par les soldats du Bataillon et de la Garnison, aucun Titan n'avait été aperçu dans la zone du mur Rose. Il devait pourtant y avoir une brèche, jamais une alerte n'avait été donnée sans être liée à une menace réelle. Coincée dans le district d'Ehrmich loin de ses collègues autorisés à déambuler en zone ennemie, Meira ne put s'empêcher de trouver le timing curieux. Il l'était toujours lorsqu'il s'agissait d'une invasion de Titans ; ces derniers trouvaient constamment le moyen de passer au moment précis où le seul corps d'armée formé au combat était absent.
Comme tant d'autres, la soldate passa la nuit et la matinée près de la grande porte du district et attendit très longtemps des nouvelles qui n'arrivèrent pas. Elle trouva son unique source de réconfort auprès de Jean, le seul bleu resté en ville. Il était probablement plus inquiet à lui tout seul pour ses camarades en première ligne que tous les vétérans l'étaient. Meira ne pouvait se laisser aller en la présence d'un soldat si jeune, alors il constitua sa raison de garder la face.
— Tes côtes vont mieux ? questionna-t-il au milieu de la matinée.
— C'est supportable, répondit-elle passivement. Si ça tenait qu'à moi, je serais dehors.
Le garçon secoua la tête. Ses prochaines paroles, bien que très sérieuses, sortirent plus amères qu'il l'avait souhaité et ne lui valurent qu'un regard sévère de la part de son interlocutrice.
— C'est bien que tu sois ici. C'est à l'arrière qu'on garde les meilleurs atouts, pas vrai ? La première ligne, c'est pour la chair à canon.
— Tes amis ne sont pas de la chair à canon pour moi, rétorqua Meira. Ne te laisse pas abattre si facilement par l'organisation du Bataillon. La seule chose capable de rendre l'un de nous inutile est le défaitisme.
Jean acquiesça un peu à contrecoeur, pas moins soucieux qu'avant mais forcé de reconnaître la vérité derrière ces mots. La cause servie par le Bataillon était trop abstraite et incomprise pour bénéficier d'une arme plus puissante que l'espoir. Ne plus espérer revenait à abandonner et un abandon signifiait la mort ; non seulement la sienne mais celle de ses camarades, puis de l'humanité toute entière. Tel était le rôle de ce corps d'armée : servir de bouclier pour la nation.
Avec un sourire compatissant, Meira quitta son poste pour s'étirer et posa une main bienveillante sur l'épaule de l'adolescent.
— Ne t'inquiète pas trop et pense à manger quelque chose, d'accord ? Tu auras besoin de forces si on est appelés sur le terrain aujourd'hui.
— D'accord, obtempéra-t-il avant de s'étonner lorsqu'il la vit s'éloigner. Où est-ce que tu vas ?
— Je vais trouver le capitaine qui me force à rester en retrait et le lui faire payer par ma simple présence.
Son clin d'œil complice arracha à Jean un mince sourire qu'elle lui rendit avant de tourner les talons. La ville était monopolisée par les soldats, ils étaient partout et parlaient fort comme pour se convaincre que l'appréhension ne les concernait pas. Meira passa entre eux sans se soucier de leur présence, ses courtes boucles brunes se balançant au gré de sa démarche rapide. Elle adressa un sourire bien trop grand pour être naturel à ceux qui l'observaient avec insistance, et rejoignit le chariot où se trouvaient encore Levi et Nick, comme si de rien n'était.
— Révérend, salua-t-elle ce dernier sur le ton de l'ironie. Vous semblez bien vous porter pour quelqu'un qui serait prêt à laisser l'humanité s'éteindre aujourd'hui.
— Qu'est-ce que tu veux, merdeuse ? l'interrompit Levi.
— Rien de spécial. Vous vouliez que je reste ici, assumez-en les conséquences. Dites, vous savez pourquoi ils me regardent autant, vous ?
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𝗛𝗢𝗟𝗗 𝗠𝗘 𝗗𝗢𝗪𝗡 ; levi ackerman
FanfictionMeira a grandi sans amour, sans chaleur et sans espoir. Désormais soldate d'élite du Bataillon d'Exploration, elle se donne pour mission de veiller à ce que personne ne manque de tout ce qu'on ne lui a jamais accordé. Une tâche qui ne fait pas toujo...