chapitre 11

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Les dents plantées dans la chair de sa joue pour ne pas grimacer de douleur, Meira s'affairait à enfiler une chemise propre au-dessus de ses blessures fraîchement pansées. Malgré le nombre indécent de victimes civiles dont les médecins de Stohess devaient s'occuper, son statut de soldate lui avait permis de bénéficier sans attendre de nouveaux points de suture et d'un bref examen. Elle préférait néanmoins ne pas traîner dans les parages plus longtemps que nécessaire, trop coupable pour se permettre de côtoyer impunément les blessés et les innocents que le Bataillon avait endeuillés. Meira s'était donc vite exilée dans la chambre qu'on lui avait attribuée le temps que le Bataillon se prépare à quitter le district et elle comptait, ici aussi, laisser la place à quelqu'un d'autre dès qu'elle serait à nouveau présentable.

Elle arrivait aux derniers boutons de sa chemise lorsqu'on toqua à la porte. Curieuse, Meira donna aussitôt la permission d'entrer sans prendre la peine de se lever - ce ne pouvait pas être quelqu'un d'important qui lui rendait visite dans ces circonstances. Elle fut tout de même surprise de voir Mikasa dans l'encadrement de la porte.

— Je venais voir comment tu allais, expliqua tout de suite cette dernière. J'ai vu que tu étais blessée.

— Ah... C'est rien, juste quelques points qui ont lâché, fit-elle avec un sourire qu'elle espérait rassurant. T'en fais pas. Entre, viens t'asseoir !

La recrue passa la porte sans rechigner et s'assit à la chaise du petit bureau, tournée vers Meira qui posa ses fesses sur son lit. Mikasa, qui n'était visiblement pas un exemple de sociabilité, ne fit rien pour lancer une quelconque conversation malgré le regard insistant que Meira sentit posé sur elle tandis qu'elle fermait ses derniers boutons. Son hésitation l'amusa - elle n'aurait sûrement pas été autant à cheval sur le respect si elle avait su d'où la vétéran devant elle provenait. Finalement, Meira reprit la parole en écartant de son visage les quelques boucles brunes qui lui barraient la vue.

— Comment va Eren ?

— Ça va, il vient de se réveiller, répondit l'adolescente. Il a du mal à se remettre de sa transformation.

— J'imagine, oui. Il nous a fait un sacré numéro aujourd'hui.

Mikasa acquiesça sans grande conviction. Elle était ailleurs, ou bien justement trop concentrée sur le sujet principal. La manière dont elle effleura du bout de ses doigts la cicatrice qui ornait sa pommette attira l'attention de Meira sans qu'elle ne le souhaite.

— C'est lui qui te l'a faite ?

Aussitôt, la recrue se redressa et la jaugea d'un air méfiant. Elle s'apprêtait à répondre de son intonation la plus froide qu'il ne s'était agi que d'un accident - comme elle l'avait fait lorsqu'on avait attaché Eren tel un animal sauvage au milieu du tribunal - quand elle remarqua que les yeux de son interlocutrice n'étaient animés d'aucun jugement. Meira ne craignait ni Eren, ni ses capacités, et elle ne prendrait pas cet acte pour quelque chose de plus qu'une erreur involontaire, alors Mikasa hocha à nouveau la tête sans la moindre animosité.

— Je ne lui en veux pas, précisa-t-elle tout de même.

— Je me doute, sourit Meira. Il a de la chance de vous avoir, Armin et toi. Et le reste de vos camarades, bien sûr. Vous avez tous été supers aujourd'hui malgré les circonstances.

— Mais on a échoué, Annie est...

— Vous êtes encore en vie et vous avez fait de votre mieux, ça me suffit. Je suis pas le commandant Erwin. Vous êtes jeunes, vos vies sont plus importantes que n'importe quelles réponses.

Si ces paroles perturbèrent la jeune recrue, elle n'en fit pas la remarque. Après tout, Mikasa était loin d'avoir choisi le Bataillon par envie de sauver l'humanité et de trouver des réponses à toutes ses questions. Elle n'allait pas prétendre s'en soucier plus que de la vie de ses amis.

𝗛𝗢𝗟𝗗 𝗠𝗘 𝗗𝗢𝗪𝗡 ; levi ackermanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant