chapitre 3

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Assise en bout de table parmi les autres membres de son escouade, les genoux ramenés contre elle pour se tenir au chaud et son thé serré entre ses mains, Meira écoutait en silence les conversations de ses collègues. C'était la première soirée qu'ils passaient ainsi depuis leur arrivée au vieux château mais une habitude récurrente de l'époque où ils avaient habité le QG de Trost ; le capitaine était peut-être accroché à son image distante et professionnelle mais contre toute attente, il ne rechignait jamais lorsqu'il s'agissait de trainer un peu avec ses subordonnés après le dîner. Pour des soldats priés de laisser leurs sentiments humains de côté dès qu'ils étaient sur le terrain, s'octroyer ces soirées calmes et loin des ordres du commandant ne pouvait qu'être un soulagement.

— Je suppose qu'on va devoir patienter un peu, mais j'ai entendu parler d'une grande expédition dans trente jours, annonça Erd après avoir pris le temps d'y réfléchir. Et apparemment, des recrues viendraient aussi avec nous.

— Vraiment ? s'étonna Gunther. C'est un peu précipité, non ? Le temps que la cérémonie d'appel soit organisée et que les nouveaux soient formés aux méthodes du Bataillon... Tout ça alors qu'ils viennent d'endurer l'attaque de Trost, ils seront vraiment prêts ?

— On verra directement qui est fait pour le métier et qui ne l'est pas, intervint Oruo avant de reprendre avec un rictus satisfait. Ces morveux ont dû être pétrifiés de peur.

— Exactement comme toi la première fois que tu en as vu un.

Alors qu'elle avalait avec nonchalance une nouvelle gorgée de sa boisson, le jeune homme dévisagea Meira d'un air faussement méprisant - belle illustration de cette attitude hautaine qui ne lui ressemblait pas mais qu'il refusait d'abandonner. Nullement impressionnée, la brune lui envoya un clin d'œil joueur derrière sa tasse. Il pouvait prendre de haut le reste du monde s'il le voulait, rien ne changerait le fait qu'elle l'avait connu dès le début de son entraînement et qu'elle connaissait chaque détail embarrassant de sa carrière.

— C'est vrai, capitaine ? demanda enfin Petra sans prêter attention aux taquineries de ses collègues.

Les regards se tournèrent vers le concerné qui se trouvait installé à l'autre extrémité de la table. Un coude sur le dossier de sa chaise, il releva ses yeux fatigués de son thé pour leur répondre sans faire l'effort d'y mettre le ton.

— L'élaboration des plans ne me concerne pas. C'est le rôle d'Erwin. Il pense à beaucoup plus de choses que nous.

— C'est sûr que la situation actuelle est spéciale, reprit Erd comme pour soutenir la position du leader. Jusqu'à aujourd'hui, la reconquête du mur Maria nous paraissait inimaginable, on pensait que tous nos sacrifices seraient inutiles. Et voilà qu'un nouvel espoir a jailli de nulle part.

Le grand blond porta son attention sur Eren pour appuyer ses propos. Ce dernier se redressa sur sa chaise, surpris de voir tous les regards soudainement braqués sur lui. Depuis l'épisode du tribunal et des envies de dissection des Brigades Spéciales, il n'était plus si enclin à se donner en spectacle et se méfiait dès que le sujet de la conversation s'avérait être ses capacités hors du commun.

— J'ai encore du mal à croire que ce soit possible, mais... qu'est-ce que ça fait de devenir un Titan, Eren ?

— Je... me souviens pas bien de ces moments-là, avoua le jeune soldat. Je sais juste que j'entre dans une rage incontrôlée. Et... pour me transformer, je dois me mutiler. En me mordant la main, par exemple.

— Vous savez très bien qu'il nous apprendra rien de plus que ce qu'il y a sur le rapport, coupa Levi. Mais ça m'étonnerait qu'une certaine autre personne se taise. Elle pourrait peut-être même te tuer en te manipulant, Eren.

𝗛𝗢𝗟𝗗 𝗠𝗘 𝗗𝗢𝗪𝗡 ; levi ackermanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant