Les larmes d'une âme

Huit larmes

Je marche.

Pour aller où ?

Je ne sais pas.

Dans quel but ?

Je ne sais toujours pas.

Avec quelle énergie ?

Je ne sais pas non plus.

Alors je marche. Peut être pour trouver des réponses à mes questions.

Je réfléchis trop.
Je me demande ce que serait une vie si on n'avait pas la capacité de réfléchir.

Serait-on heureux ?

Est ce que les émotions se présenteraient à nous d'une manière évidente et unique ou aurions nous le choix de ressentir par nous même ?

Je dois travers le pont.
Littéralement.
Il y a un pont devant moi.

Je crois que j'ai trouvé ma réponse. Elle est en réalité devant mes yeux.
Si je m'approche du bord et que je me penche un peu... ne serait-ce qu'un tout petit peu... comme si je voulais voir la profondeur de l'eau... comme si...

La voiture qui vient de passer dans mon dos m'a fait sursauter. Elle m'a tiré de mes pensées.

Je disais, comme si-
Mon téléphone.

Pourquoi c'est au moment où je veux prendre une décision importante qu'on m'en empêche ?

Mon téléphone vient de sonner et c'est toi qui m'appelle. Quelle ironie. Ça me donne envie de rire. Parce que tu es responsable ce que je suis devenue.

Mais ça me demanderait beaucoup trop d'efforts d'étirer mes lèvres en un fin rictus et sortir ce petit son qui créerait un rire dénué de joie.

Tu m'as enlevé tout ce qui me donnait l'apparence humaine.

Vivante.

Je n'ai peut être pas sauté de ce pont, ce jour là...

Mais je suis belle et bien morte.