Burning Water | Fate the Winx Saga

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Prise de position

Le cortège royal roulait en direction d'Alféa. Il était composé de trois voitures, les spécialistes à l'avant et à l'arrière, tandis que la voiture de la reine roulait au milieu. C'était quelque chose que Lélia avait souvent entendu de la bouche de son père : "la dernière voiture à être touchée lors d'une attaque, c'est celle du milieu." Elle ne pensait pas un jour se retrouver dans celle-ci.

Cependant, la reine Luna avait insisté pour partager le trajet avec elle. Lélia aurait sans doute préféré une entrée moins remarquée pour son premier jour à Alféa. Elles étaient assises l'une en face de l'autre. La reine lui jetait souvent un regard, mais Lélia s'obstinait à garder le sien tourné vers la vitre. Le paysage était sombre, de part le ciel couvert, mais également parce que la vitre était teintée. Elle ne voyait pas grand-chose, simplement des arbres défiler à une vitesse folle.

La reine racla sa gorge, comme si elle souhaitait attirer l'attention de Lélia. Celle-ci ne voulait pas discuter avec la reine. Son corps était crispé et c'est à peine si elle osait respirer en sa présence. Être dans la salle du trône en compagnie de sa Majesté était quelque chose d'habituel, voyager avec elle ne l'était pas. Lélia ne se sentait pas à sa place, dans cette immense voiture, dont le chauffeur privé (et soigneusement choisi) roulait silencieusement. Tout était angoissant dans l'habitacle : le silence, le regard de la reine, l'immensité des sièges. Lélia tirait constamment sur sa manche droite, sans oser jeter un regard à son poignet.

Elle n'avait pas vu Brandon depuis la nuit où ils avaient utilisé le cristal. Elle lui avait tourné le dos sans un mot, et il n'avait plus donné signe de vie. La jeune fée pensait qu'il était parti en vadrouille, quelque part, et qu'il n'avait pas pensé à la prévenir. Ou peut-être qu'il n'avait pas eu le temps. Ou qu'il n'en avait pas eu envie, tout simplement. Elle se remémora alors un souvenir où la vie était plus facile ; ils étaient beaucoup plus jeunes. Brandon s'apprêtait à entrer à Alféa pour devenir un spécialiste, comme son père et son grand-père avant lui. Le père de Lélia et celui de Brandon servaient, fut un temps, dans le même bataillon, lors de la guerre contre les brûlés. Ensuite, ils étaient restés amis, même si leurs devoirs avaient changé, et leur bataillon aussi.

Brandon et Lélia étaient souvent ensemble, gardés par la même nourrice. Il était visiblement le frère qu'elle n'avait jamais pu avoir. Certes, ils ne partageaient pas le même sang, mais ils avaient connu la même enfance : des pères toujours en missions, des mères trop occupées.

- Tu te souviens de notre accord ? demanda la reine Luna sans préambule.

La voix de la reine sortit Lélia de ses pensées brusquement. Elle fronça les sourcils, se demandant si elles discutaient avant de se perdre dans ses souvenirs. Puis elle se souvint, elle essayait d'éviter son regard.

- Oui, je me souviens, expédia Lélia, tournant de nouveau son regard vers le paysage.

Elle ne savait pas si c'était vraiment la chose à faire. Mais quel était le pire ? Regarder la reine fixement dans les yeux, ou bien tenter de l'éviter en regardant à l'extérieur ? Qu'est-ce qui ressemblait le plus à un affront ?

- Ton père aurait aimé t'accompagner pour ta rentrée, renchérit-elle.

Lélia tourna le regard furtivement puis acquiesça. Son père aurait toujours aimé, faire quelque chose pour sa fille. Mais il n'était jamais là. La reine Luna chercha quelque chose dans son sac. Lélia prit cet acte comme un moyen d'échapper à la discussion, donc elle en profita pour de nouveau détourner le regard. Seulement, dans sa vision périphérique, elle vit la reine lui tendre quelque chose. C'était une enveloppe. Le cœur de Lélia loupa un bon, malgré elle. Elle reconnut immédiatement l'écriture longue et affinée de son père. Elle s'en voulait également d'être aussi avide de reconnaissance de la part de son père. Elle se contint pour ne pas arracher l'enveloppe des mains de la reine. Une fois récupérée, elle la rangea dans la poche intérieure de son blazer. Ce n'était pas le moment de la lire.