Chapitre 8

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Bonjour bonjour !

Aujourd'hui : Laura essaye de se faire de nouveaux amis.

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Laura.

Ce midi, j'ai décidé de ne pas manger avec Maïwenn et les autres. J'ai assez naturellement suivi Cindy qui m'a à la bonne depuis notre samedi après-midi ensemble. J'ai remarqué qu'elle passait beaucoup de temps avec le groupe de Teddy, Antoine et Kévin. J'ai du adresser la parole à ces deux derniers trois fois à tout casser depuis le début de l'année. Deux bruns – l'un à lunettes, l'autre aux cheveux longs – sans style vestimentaire particulier, ni bons ni mauvais en cours, ni drôles ni méchants, on ne peut pas dire qu'ils sortent du lot.

Je ne leur ai pas demandé si je pouvais manger avec eux, je me suis imposée en croisant les doigts pour ne pas me faire salement jeter. Ça n'est heureusement pas arrivé et nous nous sommes installés tous les cinq. Je me suis assise en face de Cindy et à côté de Teddy.

Aujourd'hui, c'est purée et viande. Quelle viande ? J'en sais rien. On dirait de la semelle. Mais avec la sauce, ça passe.

À table, Cindy fait la conversation quasiment toute seule et je finis par comprendre qu'Antoine fait partie du même groupe de danse bretonne qu'elle. Par contre, il a l'air beaucoup moins impliqué. Je décide de lui demander :

— Ça fait longtemps que tu fais de la danse ?

— Bientôt dix ans.

— Ah ouais quand même, c'est plus longtemps que toi Cindy non ?

— Mais avant il était au cercle de Lorient, précise Cindy. Il est arrivé à Pont l'Ab que l'an dernier.

— T'as déménagé ? supposé-je en essayant de plutôt poser les questions à Antoine.

— Ouais, répond-il laconiquement sans arrêter de manger sa purée.

— Et les danses sont les mêmes ici qu'à Lorient ou t'as dû genre... apprendre des nouvelles ?

J'essaye de m'intéresser, même si la danse bretonne me passe complètement par-dessus la tête. Malheureusement, Cindy ne laisse pas à Antoine l'occasion de répondre :

— Il y a des danses connues partout en Bretagne, mais il y a aussi des danses locales. Par exemple la gavotte bigoudenne ! Il peut aussi y avoir des petites variantes régionales sur certaines danses. Et bien sûr, il y a des costumes différents.

Et c'est parti pour un exposé sur le costume bigouden. Je me force à sourire et à hocher la tête à intervalles régulières. À côté de moi, Teddy se retient difficilement de rire. Je lui donne un coup de pied sous la table. S'il pouvait me sauver de ce flot de paroles, ça ne serait pas de refus. Malheureusement, ce traître commence une nouvelle conversation sur le TP de physique que nous avons à quatorze heures, sans chercher à m'inclure. Or Cindy ne semble pas décidée à s'interrompre dans ses explications.

Je me maudis intérieurement. Note pour l'avenir : ne jamais aborder le sujet de la danse bretonne en présence de Cindy. Trop dangereux. Elle en parle déjà H24, alors si en plus je lui tends des perches, je ne suis pas sortie de l'auberge.

— Il faudra trop que tu viennes à la Fête des Brodeuses cette année ! On prépare un super spectacle ! Hein Antoine ?

Antoine se contente de sourire et hocher la tête. Je fais pareil pour ne pas la vexer. C'est mort, je n'irais pas cette fichue fête. Écouter du biniou et de la bombarde toute la journée, sans façon. Et c'est pas comme si je m'en étais pas déjà tapée plusieurs, des éditions de la Fête des Brodeuses. Quand on était petits, maman et papa adoraient nous y emmerder avec Malo. Ça a duré deux ou trois ans. Après ils ont été saoulés par l'affluence des touristes.

Chœur de menteursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant