34.

4 1 2
                                    


Et je me revois assis en classe, mon intimidateur principal assis à côté de moi entrain de dessiner, une « amie » s'approchant pour voir ce qu'il dessinait. Je me souviens de leurs paroles « ah tu dessine Kelly-Anne en monstre », « oui exact c'est un monstre ». Je me souviendrai toujours de ce moment, à quel point ça m'a fait mal et que ça continue de me faire mal. Je me souviens de chaque moment de mon intimidation et ça fait extrêmement mal. Je me revois quand j'avais une peur extrême d'aller à l'école, parce que j'avais peur de ce que j'allais devoir endurer, c'était comme ça chaque matin. Au fond de moi, je n'ai jamais aimée à l'école, parce qu'on m'insultait, me rejetais, se moquait de moi, voulait me faire tomber, me volait des choses, tout ça en permanence, à chaque jour. C'est tellement quelque chose de destructeur l'intimidation et ça laisse des séquelles, vraiment. À l'heure d'aujourd'hui, je dois apprendre à vivre en endurant les foutus flashbacks qui me détruisent un peu plus à chaque jour. Chaque jour, je pense à en finir, tellement ça me détruit de revivre ces moments dans ma tête. Je me souviendrai toujours la journée où j'en ai parlée et qu'on m'a dit que mon principal intimidateur avait dit qu'il faisait ça parce qu'il trouvait que je souriais pas assez et qu'il voulait me faire sourire plus. Sauf que ça a eu l'effet inverse à 100%. Aujourd'hui, c'est moi qui doit vivre avec les conséquences, alors que lui peut continuer de vivre sa vie normalement et je trouve ça tellement injuste. Ça me fait extrêmement peur d'imaginer que je peux le croiser lui et les autres qui m'ont fait subir ça, n'importe où. Le pire là dedans, c'est que j'ai perdu des amies, parce qu'ils se sont mis de leurs bord et ça fait tellement mal. J'ai peur de faire confiance à l'heure d'aujourd'hui, parce que j'ai peur que si je parle de mon intimidation on me dise que c'est de ma faute, que je l'ai cherchée ou encore qu'on me dise que j'invente et que je veux juste avoir de l'attention. Comme si j'avais que ça à faire d'inventer pour avoir de l'attention, surtout des années après. Je me souviendrai toujours de la réaction de mes proches quand ils ont su ce que je vivais, ils avaient mal pour moi et je m'en veux pour ça, même si je ne devrai pas m'en vouloir. Je me souviens de tout les détails autant de mon intimidation que le après. J'ai tellement peur de revivre quelque chose de similaire que ce soit au cégep si j'y retourne un jour ou sur le marché du travail si j'arrive à travailler un jour, c'est ce qui me bloque au fond de moi. La vérité sur tout ça, c'est que je n'arrive pas à vivre normalement, j'ai énormément de difficultés à sortir de mon lit le matin, prendre un bain ou une douche et me brosser les dents me demande énormément d'efforts, sortir de chez moi est un calvaire à cause de l'anxiété. Je fais énormément de cauchemars la nuit, des cauchemars où je me revois en classe me faisant insulter. Ça fait mal de ne jamais avoir de break. Je ne demande rien d'énorme, juste une petite journée sans flashback et sans cauchemars. C'est juste tellement, mais tellement dur de vivre ainsi..

18 novembre 2022, 21 ans.

Head Above Water | TextesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant