Junjou Dilemma

Chapitre 1 - Au commencement

POV Misaki

J'ouvris doucement les yeux, la vision légèrement brouillée, la pièce encore baignée dans l'obscurité. Je sentais les bras de mon amant autour de moi, m'enlaçant tendrement. Je ne protestais pas, pour une fois. Sa tête était plongée dans ma nuque, comme pour me rappeler ce qu'il s'était passé dans la nuit. Les seuls souvenirs réussissaient à me faire rougir de honte. Après quelques minutes, les yeux grands ouverts, je commençais à bouger. Aujourd'hui, j'avais non seulement cours à l'université mais en plus, Usagi devait terminer d'écrire son manuscrit. Si son éditrice, Aikawa, apprenait qu'il était en retard... Le simple fait d'y penser me fit échapper un léger frisson. J'entendis un grognement derrière moi. Usagi, le démon du matin, était enfin réveillé. Je m'asseyais alors lentement, le repoussant légèrement de son côté du lit. J'attrapais ma chemise, qui se trouvait heureusement non loin du lit, avant d'enfiler quelques vêtements à proximité.

"- Où est-ce que tu comptes aller, Misaki ? demanda-t-il, encore à moitié endormi.

- J'ai cours ce matin, Usagi. Et puis, Sumi-senpai doit me présenter au patron d'un bar pour mon futur entretien d'embauche. Comme ça, je pourrais rapporter un peu d'argent, le boulot de barman paye bien."

J'entendis le matelas craquer tandis que je me levais complètement du lit. Dans les draps, j'entendais parfaitement les mouvements d'Usagi. Il s'assit, tandis que je nouais ma cravate. Sa main attrapa mon poignet. Dans un petit soupir, je tournais la tête pour le regarder. Il était torse nu (et n'avait sûrement rien en dessous de la taille), était étiré vers moi afin de m'attraper et avait la tête baissée, ne semblant pas de très bonne humeur. Tous les matins, il se comporte étrangement, il n'est jamais complètement opérationnel avant une tasse de café. Après tout, qui l'est vraiment ? Je me rendais rapidement compte de mon erreur. Commencer la journée en parlant de Sumi-senpai... Aïe, j'aurais mieux fait de me taire. Après m'être intérieurement frappé, je commençais à rire bêtement, quelque peu gêné et embarrassé.

Excuse-moi Usagi... Je n'y ai pas pensé...

"- Pardon de t'avoir réveillé, mais de toute façon tu dois bosser sur tes écrits pas vrai ? Si Aikawa débarque encore et que tu n'as pas terminé, je suis sûr qu'elle va te...

- Je m'en fiche."

Pardon ? Je restais silencieux pendant un petit moment, une main toujours posée sur ma cravate dénouée. Usagi venait-il vraiment de dire qu'il n'en avait rien à faire ? Était-ce simplement de la provocation de sa part ? Je reprenais doucement mon mouvement en essayant de libérer ma main de son emprise. Je jetais un coup d'oeil rapide au réveil numérique non loin du lit avant d'écarquiller les yeux. Il était quasiment déjà l'heure ! J'allais être sacrément en retard ! Le temps de prendre le métro jusqu'à l'université... Le professeur Kamijou allait vraiment me démonter.

Usagi, j'aurais vraiment voulu rester... Mais là, ce n'est pas possible. Je suis désolé... Et puis, tu dois rattraper ton retard...

"- Usagi, je dois vraiment y aller ! Je sais déjà que je vais être en retard, alors laisse moi partir..."

Je l'avais sûrement encore mis de mauvaise humeur... Même si il l'était déjà, la journée commençait bien. Je commençais à me poser des questions. Et si le travail d'aujourd'hui n'allait pas beaucoup avancer, tout ça à cause de moi ? Aikawa lui passerait encore un savon. Mais après tout, c'est de sa faute et pas de la mienne ! Il n'a qu'à faire son travail correctement. Mais l'idée qu'il puisse encore se faire sermonner avait du mal à passer.

POV Usagi

J'étais allongé tranquillement dans le lit, sous les couvertures, assoupi, encerclant mon Misaki doucement. Je l'avais ramené contre moi au fur et à mesure. La nuit dernière m'avait épuisé, les souvenirs me faisaient sourire. Après tout, quelle nuit... Entendre les cris de mon amant... Sentir ses ongles rentrer dans ma peau... Ressentir chaque frisson de sa peau... Une sorte de petite idylle. Je n'avais pas envie de me lever, toujours bercé par la chaleur de mon amour d'un côté, et de Suzuki-san de l'autre. Je me sentais trop bien pour avoir envie de faire quoi que ce soit. Mais je finis par légèrement fronçer les sourcils. Il était encore tôt et mon Misaki était déjà réveillé, en train de se lever. Si il se levait et me laissait seul, je finirais par avoir froid... Dans un petit grognement, j'exprimais mon mécontentement.

Misaki, qu'est-ce que tu fais réveillé si tôt ?

"- Où est-ce que tu comptes aller, Misaki ?

- J'ai cours ce matin, Usagi. Et puis, Sumi-senpai doit me présenter au patron d'un bar pour mon futur entretien d'embauche. Comme ça, je pourrais rapporter un peu d'argent, le boulot de barman paye bien."

Je restais immobile pendant quelques instants. Encore Sumi. Toujours lui. Qu'est-ce qu'il lui trouvait de plus que moi ? Pourquoi n'arrêtait il pas de m'en parler ? Si il y avait bien une chose que je détestais, c'était que quelqu'un puisse s'approprier mon Misaki de cette façon. Mon frère Haruhiko avait déjà essayé et avait lamentablement raté. Il n'y avait aucune chance qu'il puisse partir avec lui. Il était mien et uniquement mien. Finalement, je me redressais dans le lit, écoutant les grincements du sommier. Mes cheveux me cachaient les yeux, mais cela ne me dérangeait pas tellement. Je jetais un petit regard à Misaki avant de prendre son poignet. Il était en train de s'habiller, mais peu m'importait.

Et tu comptes partir comme ça ?

"- Pardon de t'avoir réveillé, mais de toute façon tu dois bosser sur tes écrits pas vrai ? Si Aikawa débarque encore et que tu n'as pas terminé, je suis sûr qu'elle va te...

- Je m'en fiche."

Je n'avais rien à faire d'Aikawa. Elle m'énervait plus qu'autre chose et me mettait dans des états impossibles dès que mes manuscrits étaient en retard. J'en avais assez de devoir passer mes journées à écrire alors que je pouvais les passer auprès de Misaki, allongé dans ce lit, largement assez grand pour nous deux. Je serrais légèrement son poignet tandis que mon amant regarda le réveil avant de commencer à paniquer. Quelle heure était-il ? Je ne m'en préoccupais pas tant que ça. Je n'étais pas pressé. J'avais envie de manger un bon petit déjeuner cuisiné à la perfection, m'habiller tranquillement et partir me balader avec Misaki, mais je savais que ce n'était pas possible.

"- Usagi, je dois vraiment y aller ! Je sais déjà que je vais être en retard, alors laisse moi partir...

- ... Laisse moi prendre une tasse de café, m'habiller, et je t'emmène jusqu'à l'université."

Je n'avais pas envie de le laisser partir seul, le laisser prendre le métro et faire face à l'éventualité qu'il puisse croiser quelqu'un de ma famille. J'avais envie de le garder auprès de moi aussi longtemps que je le pouvais. Je l'entendis pousser un soupir avant que je ne lâche sa main. Je me retournais alors sur le lit, me mettant à dos par rapport à lui, attrapant de quoi m'habiller. Après cela, je me levais, quasiment prêt. Lorsque je tournais la tête, je m'aperçus qu'il avait déjà quitté la pièce, sans moi.

Suis-je tellement lourd et encombrant que tu ne peux plus me supporter, Misaki ?... Non, c'est juste parce que tu es en retard, pas vrai ? Si tu devais me haïr alors...

Lentement, lourdement, je sortais de la pièce avant de me diriger vers les escaliers pour aller dans le salon. Il allait encore me laisser tout seul pendant toute la journée... Mais c'était pour son bien, et aussi pour le mien. Il fallait qu'il réussisse ses études avant tout. Je ne devais pas entraver son travail. Et puis, il était aussi ma source d'inspiration... Alors je me devais de le conserver à mes côtés. Comme je lui avais sans doute déjà dit, on peut s'acheter plein de choses mais il n'y une seule chose que je ne pourrais pas reprendre quand je l'aurais perdue : mon Misaki.