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I believe this is real ~

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I believe this is real ~

Il est plus de 19 heures lorsque Jeongin sort de l'école ce vendredi soir. La semaine qui suit il a sa première évaluation alors il reste aussi longtemps qu'il peut à l'école pour travailler. Une semaine s'est écoulée depuis qu'il a discuté avec Jisung et Minho, et ça fait également une semaine qu'il ne répond plus aux messages de Bam ni à ses invitations. Il a eu besoin d'un peu de temps pour mettre les choses au clair avec lui-même.

Le temps c'est un concept assez étrange pour Jeongin. Surtout lorsqu'il est avec Bam. Il a toujours l'impression d'en manquer quand ils sont ensemble. À l'inverse, le temps semble se rallonger lorsqu'ils sont séparés. C'est comme ça depuis le début, et pourtant cette semaine est passée bien trop vite.

Nous sommes début avril et le ciel est rose lorsque Jeongin sort. Les quelques nuages qui flottent ça et là paraissent presque fushia.

C'est beau.

Ses lèvres remontent en un sourire apaisé et il sort son téléphone pour prendre une photo. Avec contentement il regarde la photo quand quelque chose attire son regard. A l'arrière plan, garée de l'autre côté de la rue, se trouve une voiture rouge qu'il connaît bien, et appuyée contre la portière il y a une silhouette noire et flou.

Le cœur battant, Jeongin relève la tête subitement et cette fois-ci c'est sûr : Bam se tient à une dizaine de mètres de lui. Son souffle se coupe et Bam se détache de la voiture pour s'approcher de lui de sa démarche féline. Ses chaussures à plateforme lui donne quelques centimètres de plus que Jeongin, son pantalon large aussi noir que ses cheveux lui fait de longue jambes, et... serait-ce un corset qui entoure sa taille ? Jeongin voit mal car la silhouette de Bam disparaît un peu sous le long trench noir qui vole derrière lui à cause du vent qui souffle depuis le matin sur la capitale coréenne.

Aujourd'hui il a le plus bel homme de la planète devant lui. Et le plus bel homme le regarde lui, Jeongin, comme s'il était la huitième merveille du monde.

« Qu'est-ce que- Qu'est-ce que tu fais là ? bredouille Jeongin.

- J'avais besoin de me changer les idées, répond Bam, son fichu sourire en coin sur les lèvres.

- Je vois. »

Ils se regardent en silence et Jeongin a subitement honte du silence radio qu'il lui a infligé pendant cette semaine.

« Tu viens ?

- Écoute, Bam... »

Il se tait, soupire, et Bam lève un sourcil.

« Je ne sais pas si-

- On en parlera plus tard, le coupe Bam. Tu conduis ?

- Tu me laisses conduire ? demande Jeongin, sous le choc.

- Je suis pas en état, répond Bam en tournant les talons et Jeongin trottine à sa suite.

- Comment t'es venu jusqu'ici si t'es pas en état ?

- J'avais vraiment envie de te voir. »

Bam hausse les épaules, comme si c'était rien, comme si c'était normal. Jeongin se fige. Il y a quelque chose qui cloche. Ça ne va pas, ça ne marche pas.

Bam a dû sentir qu'il n'y avait plus personne derrière lui parce qu'il se retourne et fronce ses sourcils en voyant que Jeongin se tient toujours sur le trottoir, quelques mètres derrière lui, les mains dans les poches de son immense sweat sous lequel il se cache souvent ces derniers temps.

« Tu veux pas venir ? lui demande Bam. C'est pas grave hein, on peut se revoir plus tard. »

L'expression sur son visage démontre bien le contraire. Et Jeongin n'arrive toujours pas à comprendre.

« Tu as dit que tu avais envie de me voir, dit-il simplement en se rapprochant.

- Hm ?

- Pourquoi ? »

C'est ça qui cloche : pourquoi est-ce que Bam veut le voir, et surtout, pourquoi est-ce que c'est lui qu'il veut voir ?

« Pourquoi pas, » chuchote simplement Bam en réponse et sa main gauche se glisse sur la taille de Jeongin tandis que l'autre passe doucement dans ses cheveux.

Ils ne disent rien pendant un instant et Jeongin ne fait pas mine de bouger. Il le laisse l'attirer contre lui et planter son regard dans le sien. Il le laisse le défier de ses yeux, il le laisse se noyer dans son propre regard puis le lâcher pour faire glisser ses yeux sur son visage et finir par loucher sur ses lèvres. Il le laisse se pencher légèrement, très légèrement, et sentir leurs souffles se mêler. Il le laisse secouer la tête et reculer d'un pas. Il le laisse croiser ses bras sur sa poitrine et fermer les yeux une ou deux secondes. Il lui laisse le temps de prendre conscience que tout à changé parce que jamais, au grand jamais, il ne serait venu le voir un mois plus tôt juste parce qu'il avait "envie" de le voir.

Le temps, encore et toujours. C'est quoi le temps ? Le seul truc sur lequel il n'a pas d'emprise. Ou du moins c'est ce qu'il pensait.

Son cœur se serre quand Bam ouvre les yeux pour tourner la tête vers la voiture, la mâchoire serrée. Les ombres qui dansent dans ses yeux sont d'autant plus accentuées par son maquillage sombre et ses lèvres teintées de pourpre se retrouvent emprisonnées d'une rangée de dents plus blanches que de la neige.

« Tu conduis ? »

La question flotte entre eux mais c'est bien plus que ça. Il ne le regarde pas mais Jeongin a compris. C'est une supplication.

Ce soir, Bam n'a pas envie de le voir. Il en a besoin. Et ça, ça change tout.

Alors Jeongin tend la main et Bam y laisse tomber les clés, non sans poser sa paume sur la sienne. Leurs doigts se lient autour de ce bout de métal froid.

C'est le visage sombre et fermé que Jeongin se glisse sur le siège passager et fait vrombir le moteur.

« Ceinture, dit-il dans un souffle en posant ses mains sur le volant.

- Jeongin.

- Ceinture, » insiste-t-il et quelques instants plus tard ils roulent dans les rues de Séoul.

Il lui faut attendre une bonne dizaine de minutes avant d'arriver à décrisper ses doigts du volant. Le silence règne dans l'habitacle. Rien à voir avec leur dernière excursion. Pas de musique, pas de cris, pas de majeur levé.

Le ciel est passé du rose au rouge, puis du rouge au violet et maintenant le bleu marine tapisse la voûte céleste. Il n'y aura pas d'étoiles dans le ciel ce soir. La pollution lumineuse est trop forte.

Jeongin tourne à droite et les voilà sur le périphérique. La vitesse lui fait du bien, l'adrénaline court dans ses veines et le réveille. Il est concentré sur la route, ses yeux suivent les voitures qui ont allumé leurs phares et qui passent à toute vitesse à côté d'eux, quand ce n'est pas eux qui les doublent.

Un peu plus détendu, Jeongin ose enfin, après presque une heure de silence, tourner la tête vers Bam. Il déglutit difficilement en le voyant et, tout en gardant un œil sur le trafic, le contemple en silence.

Les bras croisés, le crâne contre l'appuie tête et les yeux fermés, il ressemble à une œuvre d'art. Les lumières des phares se reflètent sur sa peau dans un mélange de blanc et de rouge qui se succèdent sur sa peau diaphane, et sous ses yeux, il y a quelque chose qui brille. Des paillettes? Un diamant ?

Mieux que ça. Encore plus beau.

Calmement, silencieusement, Bam est en train de pleurer.

Collision Astrale // JeonginOù les histoires vivent. Découvrez maintenant