Chapitre 5

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Quelques heures après l'incident, Eric emmena Bridget dans un café afin d'aider à la détendre. La jeune fille avait un bandage à sa joue. Elle mangeait un banana split et touillait sa cuillère dans la crème chantilly. Son père, lui, buvait juste un café au lait en la regardant faire. pas un mot entre les deux, le seul bruit audible était l'ambiance habituelle de la salle, calme.

-Euh... ça va ma chérie ? Dit Eric, hésitant.
-Physiquement ou mentalement ? Dit Bridget, les yeux rivés sur sa glace.
-Les deux ?
-Mh... bah ma joue pique un peu mais ça va, mais mentalement je pense que je vais m'y faire.
-Et... par rapport à l'école ?

La cuillère s'arrêta de tourner alors que Bridget leva les yeux vers son père.

-Tu sais que le directeur a voulu porter plainte ? Expliqua Eric calmement, sans accusation quelconque. Et les parents de Carrie aussi... mais j'ai réussis à les convaincre de ne pas le faire. Tu as déjà assez d'ennuis comme ça, ma puce.

Elle savait que son père avait un grand cœur, mais de là à éviter des dépôts de plaintes pour la protéger ? Elle restait choquée. Il était quand même policier. Elle pensait qu'il prendrait son devoir au sérieux et ferait une leçon à sa fille, au passage. Mais non, il ne fait rien de tout ça. Il la protège.

-T'es... T'était pas obligé tu sais, dit Bridget choquée. T'es flic ! Tu as le droit de me faire la leçon tu sais.
-Je suis peut-être policier, je reste avant tout ton père, dit Eric calmement. J'ai fais ce qui est juste.

Elle voulut rétorquer mais abandonna, se remettant à fixer sa glace en secouant la tête. Bridget laissa échapper un petit "merci" dans un souffle discret, ce qui fit sourire son père.

-Par contre ton directeur n'a pas accepter à ce que tu reviennes dans l'école, continua Eric. Tu...es virée définitivement.
-Je m'en fous de toute façon, dit Bridget en regardant sa glace, prenant ensuite une bouchée de sa glace. C'est une école de débile.

Le père pouffa de rire légèrement en prenant une gorgé de son café.

-Mais tu sais, ça risque d'être compliqué de retrouver une école qui voudra bien t'accueillir... ça risque de rester sur ton dossier scolaire tout ça, dit Eric.
-On verra, je n'ai jamais été douée à l'école de toute façon. Peu importe ce que j'étudie, j'ai toujours de mauvaise notes !
-Je sais que tu as toujours bossé super dur, ma chérie. Tes efforts seront récompensés, j'en suis sûr.

L'adolescente esquissa un sourire en coin et continua de manger sa glace.

-Par contre, encore mauvaise nouvelle, mais tu dois encore rester chez ta mère quelque temps, dit Eric en terminant son café.
-Quoi ?! Combien de temps encore ? Elle me casse déjà les pieds alors que ça fait qu'une journée qu'on est ensemble ! Dit Bridget, offusquée.
-Juste le temps qu'on enquête et qu'on le foute en taule, après tu ne risqueras plus rien et tu rentreras à la maison, je te le promet ! Dit Eric calmement.
-Papa s'il te plaît, j'en ai déjà marre d'être là-bas, souffla Bridget d'un air presque suppliant.
-Je sais mais chérie, je sais. Mais je n'ai pas d'autres choix, ce Jeff sait où tu habites et connais maintenant ton école. Tu dois rester là-bas pour le moment.

Bridget croisa les bras en s'affalant sur sa chaise. Elle s'avouait vaincue, et son père le savait.

-Et puis, si tu veux vraiment être punie pour ce qui s'est passé à l'école, tu peux considérer ça comme une punition, dit Eric à moitié amusé.
-J'aurais préféré être privée de dessert que d'être avec maman, dit Bridget la tête penchée en arrière, les bras croisés.
-Oh bah si tu veux être privée de dessert, je te confisque ta glace alors ! Dit Eric d'un air joueur en faisant glisser la coupe de glace vers lui.
-Noooon non non !! Protesta Bridget en se redressant.

Eric éclata de rire alors que Bridget tentait désespérément de récupérer son banana split à moitié entamé. Ce qui finit par faire rire la jeune fille.

Après ce petit moment au café, Eric ramena Bridget chez sa mère en voiture, lui promettant de bientôt revenir la voir et lui embrassant le front. La jeune fille rentra dans la maison et se dirigea vers l'étage, sans même dire bonjour. Amanda, ayant entendu sa fille arriver, l'appela depuis le salon. Cette dernière soupira et fit demi-tour vers la pièce et vit sa mère, assise à table avec son copain, assit juste à côté. 

-Bri, ton père m'a appelé pour me prévenir de ce qui s'est passer à l'école, dit Amanda calmement mais sa voix tremblait légèrement de colère. Il m'a dit que tu as eu une querelle avec une fille et tu lui as planté ta fourchette dans la main. Et que tu étais virée ! Qu'est-ce qui t'est passé par la tête ?!

Bridget sentait déjà l'agacement monter. Heureusement qu'elle n'a pas parlé de l'agression. Son père n'a sûrement pas voulu lui en parler pour éviter de la faire paniquée.

-C'est rien qui te regarde, dit Bridget d'un ton neutre. Ce sont mes problèmes, pas les tiens.
-J'ai quand même le droit de m'inquiéter ! Et ton père n'a rien dit ?! On ne t'a pas élevé comme ça ! Dit Amanda en haussant le ton.
-Je n'ai plus envie d'en parler, donc c'est bon ! Oui je suis virée, fin de la discussion ! Et n'implique pas papa là-dedans, dit Bridget en haussant aussi le ton.

Bridget sentait de nouveau cette vague d'énervement monter en elle, comme avec Carrie ou le directeur. Est-ce que ça allait encore recommencer ? Va-t-elle s'énerver aussi sur sa mère ? Elle le mériterait, se disait elle.

-Oh que si j'en parle de ton père, dit Amanda se levant de la table. S'il avait été un peu plus là pour sa famille, on n'en serait pas là ! Tu n'aurais pas eu à agresser cette fille s'il t'avait bien éduqué !
-Arrête de dire que c'est de sa faute ! Il est flic !! Bien sûr qu'il n'est pas là tous les soirs et en quoi ça te dérange ?! Dit Bridget, de plus en plus remontée. Si tu l'avais pas trompé, on n'en serait pas là non plus ! 

L'homme assit à côté se leva doucement, essayant de calmer le jeux déjà par son apparence assez imposante. Il était musclé et avait un t-shirt blanc presque trop petit pour lui. Mais Bridget ne semblait en rien impressionnée par cette armoire sur patte.

-Eh ! Ne parle pas comme ça à ta mère, dit l'homme sévèrement.
-Toi je t'ai pas sonné, t'es pas mon père ! T'es rien pour moi ! Dit Bridget, encore plus énervée qu'avant, à présent en roue libre totale.
-BRIDGET ! Hurla presque sa mère sous le choque et l'énervement.
-Tu peux me dire tout ce que tu veux, m'insulter autant que tu veux de mal éduquée ou je ne sais quelle autre connerie, je m'en bas les couilles ! Lâcha Bridget, énervée. Ce n'est pas de la faute de papa que je suis comme ça. C'est à cause de cette putain d'école, de cette connasse de Carrie, de ma putain de malchance, et de toi que je suis énervée comme ça ! Je n'ai pas choisi d'être sous ton toit ! Je préfère crever que d'être avec toi !

Sur ces mots, Bridget avança rapidement vers l'étage en tapant des pieds alors que sa mère, sous le choc, hurlait le nom de sa fille pour lui ordonner de revenir. Elle claqua la trappe du grenier une fois entrée et alla s'affaler dans son lit. Elle prit une de ses peluches à côté de son coussin et la serra en respirant fort, essayant de se calmer. Au fur et à mesure, son adrénaline se changea en rancune et en tristesse. Des larmes commençaient à couler sur les joues de la demoiselle. Son corps et son mental commençaient à ne plus supporter toute cette pression. De plus, elle se sentait terriblement seule sans le soutien de son père, ou même de Mélina. Quand elle pensa à Mélina, elle se souvint de ses derniers mots avant de partir. "Si jamais tu veux me revoir, tu sais où me trouver ". Elle regarda l'heure. Il n'était que dix-sept heure et quelques. Elle se mit alors à réfléchir pour sortir en pleine nuit et commença à fouiller dans ses affaires afin de prendre le strict nécessaire. Une lampe torche, son couteau papillon, une écharpe et son téléphone. Il ne manquait plus que quelque chose à grignoter et elle était prête. Mais pour ça, il fallait que les adultes soient endormis.

Misfortune BridgetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant