Prologue

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Mon cauchemar.
Je n'en trouverai jamais l'issue.
Parce qu'il vient de moi.

La seule solution qui existe...
Elle est radicale.
Mais je ne le ferai pas.

Je pense que je mérite de vivre, même si la Terre entière se ligue pour dire le contraire.

Même si la Terre entière se ligue contre moi.

La question que je m'interdis de poser : qu'est ce que j'ai fais pour mériter ça ?

Détruite ? Je le suis déjà. Tenter de connaître la réponse à cette question, c'est tout simplement aimer me faire souffrir plus que je ne le fais déjà.

Mon cauchemar a commencé il y a 6 ans maintenant. Je n'avais que 14 ans. Un âge vulnérable. Un âge ou l'on se sent poussé des ailes. Un âge où l'on a l'impression que rien ne peut nous arriver.

J'ai envie de rire, en repensant à mon insouciance.

Mais 14 ans, c'est aussi l'âge auquel mon innocence a été remplacée par le néant. On m'a vidé de tout ce qui était positif.
On ne m'a laissé que la peine, la tristesse, et autre chose aussi. Autre chose que j'ai développé sans son consentement. La haine. La haine de ce qu'il a fait subir à ma mère. Et puis comme si ça ne lui suffisait pas, il s'est retourné vers moi.

Remarque, je préférais ça qu'il touche encore à un seul cheveu de celle pour qui j'aurai pu donner ma vie.

Ma mère est morte. Il y a un an. J'avais 19 ans. On était un vendredi et c'était mon anniversaire. Je rentrai de mon boulot après ma journée interminable quand je l'ai trouvé allongée devant la télévision.

Je suis allée la réveiller, mais elle ne me répondait pas.
Je l'ai secoué, je l'ai supplié d'ouvrir les yeux. Je venais d'avoir ma paye et je lui avais acheté un cadeau. C'était un collier en argent sur lequel était gravé nos deux prénoms. Derrière, il y avait marqué « forever ».

J'ai pleuré.

Je l'ai serré dans mes bras et je suis restée comme ça. Je lui ai dis tout ce que m'avait fait son mari. Je lui ai dis tout ce que m'avait fait mon père. Elle n'était pas au courant.

Je lui ai dis mes rêves aussi.

Et pour finir, je lui ai dis combien je l'aime.

Combien elle me manquait déjà , et que je souffrirai chaque jour de son absence.
Qu'elle est la femme la plus extraordinaire que je connaisse.
Qu'elle est celle pour qui j'aurai pu faire n'importe quoi.
Qu'elle est la seule femme qui sera pour toujours mon modèle.
Parce que je vous jure que ma mère est exceptionnelle.

Je l'aime de tout mon cœur.

J'ai ressenti ce jour là depuis bien longtemps une émotion autre que celles auxquelles j'étais habituée. Je ne saurai la décrire, mais c'était quelque chose comme de la « sérénité ». Oui, car je savais que là où elle était, elle était beaucoup mieux qu'ici.

Je lui ai fais un dernier bisou. Je lui ai rappelé que je l'aime et j'ai appelé les pompiers. J'ai mis le collier, en décrétant que c'était mon cadeau d'anniversaire.

L'enterrement a eu lieu dans son pays de naissance. Je suis Américaine parce que je suis née sur le continent et parce que mon père l'est aussi. Il a rencontré ma mère au Maroc lors d'un voyage qu'il a financé grâce à de l'argent gagné au casino. À ce qu'il parait il y a eu coup de foudre. Devant ma mère c'est sûr qu'il n'aurai pas pu résister, c'est la plus belle femme que je connaisse. Un teint mate, des yeux foncés, une bouche pulpeuse et un nez droit, fine et élancée, elle est l'incarnation de l'élégance. L'incarnation de la beauté maghrébine. Elle s'appelle Malika. Une vraie Reine.

Mon père quand à lui, est grand, possède une carrure imposante et à un regard perçant qui en ferai fuir plus d'un.

Je le déteste.
Pourtant c'était mon modèle, enfant.
Il s'appelle Dan.

Depuis 1 an, je suis forcée de vivre seule avec lui. Enfin seule... J'attend impatiemment ma majorité.
Ensuite avec le peu d'argent que j'ai amassé je me barre. Je ne reste pas ici, dans ce trou à rat.

J'ai tellement hâte.

Parce que j'en ai marre.

Je suis à bout.

Je compte bien échapper à ce cauchemar parce que même si je suis détruite, je reste vivante.

DESTROYED BUT ALIVEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant