La neige ensevelissait jusqu'à l'horizon. Il en était tombé à gros flocons toute la veille durant. Au sortir d'Hithui*, le phénomène survenait prématurément pour le royaume du Gondor, même en la province septentrionale du Morthond. Déjà, le ciel nébuleux et de brusques rafales de vent présageaient l'arrivée d'une tempête.
Personne n'avait escompté cela. Depuis des semaines, Val-de-Sourcenoire préparait l'arrivée solennelle du roi Elessar et de la reine Arwen. Le long de l'itinéraire que devait suivre le cortège, les portes et volets des maisons avaient été repeints de couleurs vives, des oriflammes assortis accrochés aux pignons. Les commerçants réformaient leurs inventaires selon leur opinion des goûts et modes usités à la cour. Ainsi, de la nourriture pour mets délicats remplaçaient les habituelles denrées paysannes, d'opulents manteaux fourrés à l'humble lainage, des bibelots aux outils. Les auberges avaient escamoté leur pittoresque pour davantage de luxe, quand bien même il demeurait local.
Puisque historique, l'événement justifiât des entreprises aussi vaniteuses qu'inutiles. Descellement du pavé sombre et gras, particulier à l'endroit pour recouvrir les rues du marbre immaculé, si cher à Minas Tirith, la capitale ; installation d'estrades sur la grand-place à l'intention des ménestrels triés sur le volet.
Et tout ainsi, en vain.
Pourtant opposée à cette verve du seigneur des lieux, j'étais la première désappointée.
Car les hôtes se faisaient toujours attendre. Aux dernières nouvelles, le convoi se trouvait suffisamment loin du chef-lieu pour que sa venue, avec pareil temps - surtout que si la malignité des éléments n'atteignait que son apogée aujourd'hui, les prémices en avaient investi les jours précédents - fût retardée.
- Et par quelles conditions ! s'écriait père, au comble du désarroi. L'unique héraut qui nous ait parvenus dit que le cortège s'est enlisé dans une vallée ; les congères les empêcheront d'en sortir avant que la venue d'une accalmie, je gage. Car, hélas ! Il fallût que ce que nous comptions de plus chevronné d'éclaireurs fussent parti retrouver le convoi plus avant dans la semaine. Des années que l'hiver ne s'était pas montré aussi zélé, et le voilà qui, comme un fait exprès, s'acharne quand le roi se présente sur nos terres, chose qui ne s'est point vu depuis moults siècles ! La malchance coutumière à notre famille, sans doute.
Ecoutions sa tirade mes frères ainés Duilin et Derufin, notre grand-mère et moi. Nous avions été expressément mandés dans la grand-salle. Désormais rassemblés autour de la vaste cheminée, nous patientions. Ici, les moellons gris s'assemblaient en une vaste pièce toute en longueur qui disposait, en dépit de constituer le lieu de réception du château, un ameublement rustique : une table de banquet faite de bois ni dégrossi ni verni, un assortiment de chaises et de fauteuils arrangé en demi-cercle autour du foyer, simple excavation dans le mur du fond avec nul manteau et moins encore d'ornementations. Les parois n'étaient percées d'aucune croisée.
VOUS LISEZ
𝐄𝐩𝐢𝐩𝐡𝐚𝐧𝐲 ┈ ┈ ┈ ⋞ 〈 ⏣ 〉 ⋟ ┈ ┈ ┈ 𝐋𝐢𝐯𝐫𝐞 𝐏𝐫𝐞𝐦𝐢𝐞𝐫
FanfictionFanfiction AU du Seigneur des Anneaux. Terre du Milieu, en l 'an 5 du Quatrième âge. Suite à l'issue de la guerre de l'Anneau, les peuples libres renaissent de leurs cendres. Le conflit n'a laisser personne indemne, même chez ceux qui prétendent...