~ Chapitre 1 ~

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« Nous ne faisons pas de nouvelles rencontres par accident. Elles sont destinées à croiser notre chemin pour une raison.» Anonyme.

Cette nuit là, j'avais mal dormi à cause de ce décès. La petite Sarah m'avait tellement touchée, je m'y étais attachée malgré moi. C'était un des inconvénients du métier, je l'avais appris à mes dépends. Elle était si petite, si pâle, si innocente. Pourquoi devait-elle mourir ?

Je commence à rêver de Scott, lorsque le son d'une sirène me réveille. Le réveil sur ma commode m'indique que je n'ai dormi que deux heures.

7:20.

Je ferme de nouveau les yeux, mais trois secondes de réflexion suffisent pour que je bondisse hors de ma chambre en direction de la salle de bain. Merde, je vais être en retard ! Je fais l'impasse sur ma petite prière matinale, promettant de me rattraper en rentrant du travail. En cinq minutes j'étais prête. Mon uniforme de l'hôpital enfilé, je jette un rapide coup d'œil sur mon réveil pour comprendre que j'ai à peine le temps de passer au Starbucks à l'angle de ma rue. Et zut j'ai faim !

7:40. Il y a une queue monstre devant la pâtisserie mais j'ai encore du temps devant moi.

Ma dose de caféine en main et je quitte en vitesse la caisse. Je prends une bonne gorgée de café chaud mais... mon cookie. Décidément, je vais vraiment être en retard ! La caissière me tend mon précieux en bafouillant quelques excuses. Soudainement, j'entends un éclat de rire et, par curiosité, je me retourne pour observer cette personne qui manque autant de retenue et de discrétion. Je détaille rapidement une jeune et belle blonde perchée sur de hauts talons compensés, la tête renversée en arrière et tenant le bras d'un homme. Waouh ! Il est vraiment canon celui-là. Je ne m'y attarde pas, c'est mon emploi qui en paiera les conséquences. En passant près de Monsieur Canon, un petit garçon me percute et mon café vient s'étaler sur sa chemise.

— Bon sang ! Vous ne pouviez pas faire plus attention ! Grogne-t-il les sourcils froncés.

Je me confonds en excuses, mais à peine ai-je finis ma phrase, il reprend :

— Vos excuses n'y changeront rien, ma chemise est bien salie par votre faute. Mais vous avez deux pieds gauches ou quoi ?

— Mais ça va quoi ! Je vous ai dit pardon ! Dis-je, m'énervant face à son ton. Je ne l'ai pas fait exprès !

Ses yeux s'écarquillent. Il est surpris. La plupart des personnes pensent qu'étant petite de taille et ronde, je me laisse faire. En effet, en général, les « gros » ont la réputation d'être des personnes très gentilles. Or j'ai horreur que l'on me crie dessus. D'autant plus quand il s'agit d'un étranger. Ou de Monsieur Canon.

Je lui tends mon essuie-tout et ajoute froidement:

— Tenez et bonne journée. Cette tâche rend votre chemise sexy alors ne vous plaignez pas ! N'est-ce pas mademoiselle ? Je dis à l'intention de sa compagne.

Sans attendre sa réponse, je file, craignant d'être réellement en retard. Oh mon dieu ! Il est 7:55. Ma chef de service ne sera vraiment pas contente.

J'arrive finalement à l'hôpital avec cinq minutes de retard. Voilà deux semaines que j'entre quotidiennement dans ce lieu qui m'émerveille toujours autant. J'aime mon boulot en lui-même mais également le lieu. On pourrait même dire que l'on s'y sent plus ou moins à l'aise. Scott avait raison de dire que ça me plairait. Il me connaissait si bien. Je chasse ces pensées en apercevant Mickaël Wilson, fidèle à lui-même avec son chaleureux sourire dans sa blouse blanche.

Il y a six ans, pour ne pas changer, j'ai renversé mon café sur un homme. Mais plutôt que de se mettre en colère – comme Monsieur Canon – il s'est mis à rire et s'est présenté en tant que Mickaël. Déconcertée, je l'ai regardé et il m'a offert un nouveau café. Depuis ce jour, chaque matin lorsqu'on se croisait, on bavardait et rigolait. Par la suite, nous avons appris à nous connaître. Nos mères venaient toutes deux des Antilles. En plus de nos origines communes, nous nous sommes liés d'une amitié sincère et je le considère désormais comme un frère. Il a pratiquement le même caractère que Samuel, mon grand frère.

Un amour de métissageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant