~ Chapitre 33 ~

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« Il vaut mieux avoir aimé et perdu, que de ne jamais avoir aimé du tout. » Alfred Lord Tennyson

Cela fait maintenant deux semaines qu'Amalia a quitté mon bureau en me laissant sans voix. Elle est partie. Je ne l'ai pas voulu mais j'ai comme l'impression que je l'ai perdu. C'est à se demander si ce n'est pas le cas. Je l'ai perdu parce que je ne l'ai pas rattrapé et je l'ai fais souffrir par ma stupidité. Il faut vraiment qu'elle arrête de fuir comme ça à chaque fois que quelque chose ne va pas.

J'essaie de la joindre mais comme toutes les fois, je tombe tout de suite sur le répondeur. « Salut c'est Amalia, je ne suis pas disponible pour le moment, rappelez plus tard. Bisous ». S'en suit cet insupportable «bip» qui me rappelle qu'elle ne veut pas me parler alors pour la énième fois je parle avec le répondeur.

— Hey salut Amalia, c'est moi, mais bon j'imagine que tu le sais déjà... Je suis allé trop loin avec cette histoire d'argent, je le reconnais et à cause de ça tu t'es éloignée de moi mais je t'en supplie décroche. Ta voix me manque, ton sourire me manque, te serrer dans mes bras me manque, tu me manques. Brandon me dit que tu vas bien mais je veux l'entendre de ta bouche, je t'en prie décroche. Ou envoies moi un message... Non ! Ne fais pas ça, je ne supporterai pas de me contenter d'un simple message. Rappelle moi, au moins pour je puisse entendre ta voix, même si c'est pour m'envoyer paître. Bisous.

Ce message vocal doit sûrement ressembler aux dix autres que je lui ai laissé depuis son départ, je me répète, mais je m'en fiche. Ça me rend fou de ne pas entendre le son de sa voix, de ne pas savoir où elle est, qu'est-ce qu'elle fait et avec qui. Depuis ces deux semaines je passe le plus clair de mon temps à m'occuper au travail pour penser à autre chose qu'à Amalia. Je m'épuise durant la journée pour réussir à dormir le soir. Elle ne quitte plus mes pensées. Je me rends compte qu'elle n'a jamais quitté mon esprit depuis que je la connais. C'est comme si elle me hantait, mais dans le bon sens du terme. De temps à autre je vais voir Nonna puis ma sœur si non mise à part cela et mon travail c'est avec Brandon que je suis. Ou plutôt dans des bars avec lui. Concernant l'enquête en rapport avec les meurtres, elle n'a toujours pas avancé. Karolina s'est envolée dans la nature.

— Pas de nouvelles ? Me surprend Brandon sur le pas de la porte de mon bureau.

Je secoue la tête négativement et je l'entends expirer profondément. Je serre la mâchoire en repensant au fait qu'elle me mette sur la touche depuis deux semaines.

— Une bière ? demande mon ami.

Nous arrivons au Drunk Bar quelques minutes plus tard. C'est un bar assez démodé mais je l'aime bien, personne ne viendra m'emmerder ici. Nous nous installons sur une table au fond de la pièce et commandons nos bières. Je regarde mon ami qui semble tout autant épuisé que moi.

— Ça va mec ?

— Mieux que toi je pense, rétorqua-t-il dans un rire amer qui confirme mon hypothèse : il n'est pas dans son assiette.

— Je crois qu'Alyson est partie avec Amalia à cause de moi.

Cette déclaration déclenche en moi un vif sentiment d'étonnement. J'ai toujours pensé que ces deux là représentaient en quelque sort le couple parfait, sans problème et là je me rends compte que ce n'est pas le cas. Étrange.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Depuis que je suis à la recherche de la bague parfaite, je suis stressé en permanence. Ça me fout une putain de pression ! Donc quand je suis avec elle, je me demande est-ce que n'est pas trop tôt, est-ce qu'elle acceptera, est-ce qu'elle aimera cette bague. Pour couronner le tout, avant son départ elle m'a en quelque sorte fait comprendre que je l'avais négligé et que j'étais distant. Du coup maintenant elle s'est presque enfuit chez elle.

— En ce moment comment votre relation est-elle en fin de compte ?

— Rien ne peut s'arranger si elle est à des milliers de kilomètres de moi, donc rien à changer. Eh mec on aurait dit qu'on est deux minettes à se parler de nos problèmes. Tu devrais peut-être laisser tes cheveux pousser pour que je te fasse des couettes.

Sa remarque me fait rire, ce qui m'empêche de penser un instant au bordel de ma vie puis peu à peu je m'arrête en prenant conscience de son dernier mot.

— Oui des couettes comme Amalia, quand elle va dormir. Elle pense qu'Adrianna et moi sommes faits pour être ensemble.

Rien que de le dire à haute voix, m'arrache une grimace. Comment Amalia peut-elle penser une telle connerie ?

— Elle ne croit pas être assez bien pour moi. J'ai merdé en plus de ça en lui cachant ma soirée avec Adrianna.

— C'est simple, elle est jalouse d'elle. Tu dois la rassurer, lui faire comprendre que l'argent n'agit pas sur les sentiments que tu as pour elle et...

Rien qu'en entendant ça je grimace de nouveau. J'ai comme l'impression d'être Mister La Gaffe.

— Quoi, me questionne Brandon ? Ce n'est pas compliqué quand même. Je te connais assez bien pour savoir que tu sais persuader tout type de personne, en plus l'argent ne te pose pas de problème chez les femmes à ce que je sache.

— En fait... je me suis énervé contre Amalia et je lui ai maladroitement dit qu'elle n'était pas fortunée.

Contre toute attente Brandon ferme les yeux en rigolant.

— Tu m'étonnes qu'elle ne se sente pas assez bien pour toi. Tu lui dis qu'elle est pauvre alors que tu sais qu'elle est jalouse d'une Adrianna plein aux as. Ce n'est pas malin venant de ta part.

Nous nous regardons sans prononcer de mots puis du coin de l'œil je vois la serveuse arriver. Je commande cette fois-ci une tequila seulement je le regrette après. Ça me fait penser à la soirée de ma rencontre avec Amalia. Elle était tellement saoule, tellement sexy.

— Je ne sais pas quoi faire pour la récupérer. Elle est tellement têtue.

— Elle est belle et bien l'amie d'Alyson alors, répond Brandon en rigolant tristement.

J'entre à mon appartement légèrement éméché et m'effondre sur mon canapé. J'ai vraiment été un idiot de mentionner la bourse qu'Amalia a reçue. Comment est-ce que j'ai pu sortir de telles conneries la dernière fois qu'elle était en face de moi. Pourquoi je ne l'ai pas retenue quand elle partait ? J'ai vraiment tout foutu en l'air. Je me prends la tête entre les mains et hurle comme ci elle pouvait m'entendre :

— Tu dois retourner à la maison ! Tu ne peux pas me quitter comme ça, j'ai besoin de toi dans ma vie, mon cœur.

Le lendemain matin j'effectue mon rituel en appelant Amalia et sans étonnement je tombe sur le répondeur. « Salut c'est Amalia, je ne suis pas disponible pour le moment, rappelez plus tard. Bisous. »

— Bonjour Amalia, je ne cesse de me dire que tout ce que je vis en ce moment n'est qu'un cauchemar mais le simple fait que tu ne me parles pas confirme l'atroce réalité. J'espère que ce message sera le dernier parce que tu me manques. Tu me manques tellement, mon cœur. Tu me dis qu'Adrianna et moi formeront un beau couple mais ce n'est que des bêtises, parce que c'est toi que je veux. Tout mon être te réclame. Elle, c'est une amie, rien de plus. Décroche. Je ne suis pas bien sans toi. Je suis comme une âme qui erre sans destination. J'ai besoin de te prendre dans mes bras et de t'embrasser à en perdre le souffle. Bon sang je n'aurai jamais imaginé que je serai aussi mal fichu sans toi, s'il te plais appelle moi, ou tout simplement décroches. Bisous

Je raccroche en regardant fixement l'écran. Entendre la voix de son répondeur me procure un instant de répit mais ce n'est pas suffisant pour soulager ma peine. Je voudrai qu'elle soit tout simplement en face de moi. Soudain une idée me vient. Je ne sais pas pourquoi elle n'est pas venue plus tôt. Je cherche Brandon dans ma liste de contact et il décroche au bout de la deuxième intonation.

— Mec, Amalia me manque autant qu'Alyson te manque. J'ai la solution à notre problème, je t'en parlerai plus en détails tout à l'heure.

Pour la première fois depuis deux semaines une lueur d'espoir s'allume en moi et m'arrache un sourire. Je compte bien faire Amalia revenir dans ma vie. Nous avons déjà assez gaspillé de temps, aujourd'hui il est temps de le rattraper.

Un amour de métissageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant