Chapitre 2

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J'ai vraiment flippé, je ne suis pas retournée dans ce parc depuis cinq jours, il a dû comprendre, et si je le revois, j'ai prévu ce qu'il faut, un spray au poivre, merci papa chéri pour ce beau cadeau d'entrée au lycée qui va enfin me servir (je n'espère pas). Je fais mon sac, ce sera Baudelaire cette fois, j'irais racheter les Contemplations une autre fois, c'était mon livre préféré et cet enfoiré me l'a volé. Je prends mes clés et mon casque, et met mon téléphone dans ma poche, je suis prête à y aller. 

Je monte dans le bus et met un album que j'adore, mes amies se moquaient de moi parce que j'écoutais ça. D'après elles le rap et les chansons d'Orelsan étaient pourries, mais c'étaient les premières à pleurer en écoutant "Paradis", quelles idiotes. 

Je descends à l'arrêt à côté du parc, et marche jusqu'à mon arbre, je vérifie partout autour de moi, pas une trace du mec bizarre de l'autre fois, Adam ? Ouais c'était ça. Il n'est pas là, je dois arrêter d'y penser, j'en ai marre que des mecs sans intérêt viennent hanter mes pensées et me pourrissent la vie. 

J'ouvre mon recueil de poèmes, j'adore Les fleurs du Mal, "Une charogne" me rappelle étonnamment ce que je ressens quand je croise Leny. J'augmente le son de mon casque, "Pour le pire", chanson pour laquelle je n'éprouvais pas particulièrement d'intérêt jusqu'à ce que je comprenne que ce que chantait Orelsan était plus ou moins ce que j'avais vécu. Je me mets à chanter, je dois être un enfer pour les oreilles des pigeons qui m'entourent, tant pis, j'adore cette chanson. Je me sens encore observée c'est étrange. Je lève les yeux pour regarder dans l'arbre. 

- Espèce de psychopathe !

Je hurle un peu sans le vouloir. Adam, ou peu importe son foutu nom, est dans l'arbre, au-dessus de moi, en train de me regarder en pouffant de rire, une clope à la main. Il descend habilement de l'arbre et vient se planter devant moi encore une fois. 

- Excuse-moi si je t'ai fait peur, je t'attends depuis cinq jours pour te rendre ça. 

Il sort de son sac à dos mon livre, en parfait état, et me le tend. Je le regarde, probablement avec un air ahuri, tout en tendant la main pour récupérer mon précieux livre. Je m'attendais à ce qu'il ne le lâche pas, mais si, je le récupère aisément. 

- Merci. 

Je marmonne en vérifiant l'état de mon livre. Il est nickel. Je relève les yeux pour regarder Adam, mais il n'est plus face à moi. Je tourne la tête et je vois qu'il est assis à ma place, mon casque sur les oreilles. Il faut vraiment que j'arrête de laisser mes affaires sans surveillance. Le jeune homme a un léger sourire et bouge la tête, il me regarde droit dans les yeux, son regard me transperce et me déstabilise. 

- Perdu d'avance hein ? 

Il me demande avec un sourire espiègle, avant d'enlever mon casque et de me le tendre. Je lui arrache des mains, et lui demande :

- C'est quoi ton problème ? 

- Je te retourne la question, tu sais tous les hommes ne sont pas des pervers, ni des psychopathes ? J'étais dans ton lycée avant, mais je n'ai pas redoublé moi, et si t'as peur que j'ai vu tes photos, sache que je ne les ai jamais vues, et je m'en fou.

- Je ne vois pas de quoi tu parles. 

Aïe, dans le mile. Je ne sais pas comment il a pu deviner si facilement ce que je pense de lui, surement à mon air de chiot apeuré, un truc du style. Il me fait signe de m'assoir à côté de lui, je le fixe, je n'arrive pas à savoir quoi penser de lui. Il insiste, je cède, ça me rappelle quelque chose. Hannah à quoi tu penses ? C'est juste un mec bizarre qui m'a rendu un livre et qui veut probablement juste discuter. Je m'assieds, face à lui. J'ai donc dû le croiser au lycée en fait donc, il n'est peut-être pas beaucoup plus vieux que moi.

- Miss Hugo écoute du rap ? Etonnant. 

Il me lance ça avec un air narquois, j'ai envie de le trucider, ce serait légèrement excessif. 

- Hannah. 

Il éclate de rire, je ne comprends pas, qu'y a-t-il de drôle ? Je crois qu'il a deviné ma question, j'imagine que je dois grimacer. 

- Excuse-moi Hannah, je sais que c'est ton nom, c'est juste assez amusant de voir à quel point tu es sur la défensive, ça en devient comique. Je ne sais pas ce qu'il t'es arrivé, je ne devrais surement pas en rire. Excuse-moi. 

Contre toute attente, il se lève, s'excuse encore et s'en va. Il est vraiment bizarre. Et je suis là à réfléchir, il n'a pas tort, pourquoi depuis ce qu'il s'est passé, je ne supporte plus que les hommes me parlent ? Après pour ma défense, Adam est venu me parler comme si on était amis alors que je ne le connais pas, en tout cas pas plus que de vue.  

Au final, le jeune homme n'est pas parti bien loin, il est sur un banc a une trentaine de mètres, il fume encore en regardant le ciel, les gens qui passent autour de lui. Je me surprends à faire la chose dont je l'accusais, l'observer avec trop d'intérêt pour que ça n'est pas l'air carrément bizarre.

L'ombre de moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant