Chapitre 8

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Je vois Adam revenir une dizaine de minutes plus tard, un paquet de mouchoir dans une main, un paquet de bonbons dans l'autre. Il s'assoit face à moi et me les tend, je saisis les mouchoirs en premiers. Je me mouche longuement, tandis que le jeune homme me regarde l'air inquiet. Quand-est-ce qu'il va arrêter de me coller celui-là ? 

J'ouvre le petit sachet de bonbons, et en picore une petite dizaine très rapidement, un sourire timide apparaît sur le visage de mon "bienfaiteur". 

- On était ensemble en primaire. 

Il me lâche ça, sans raisons. Je le regarde intriguée, il comprend à mon regard que je ne comprends pas où il veut en venir. 

- Tu ne te souviens pas ? On a été dans la même classe toutes les années de primaire, tu crois que si je ne te connaissais pas je serais quand même venu te parler autant comme ça ? 

Dit comme ça, forcément tout devient logique.

- Adam... Meunier ? 

Je demande étonnée, il me fait oui de la tête. Je souris, on s'entendais bien à l'époque. Je l'avais complètement zappé à mon entrée au collège, et encore pire au lycée... 

Il se met à me raconter de vieilles anecdotes, puis des plus récentes qui lui sont arrivées, je ne sais pas pourquoi il me parle de ça, mais j'ai arrêté de pleurer. Il est amusant. Et ça fait plus d'une heure qu'on parle comme ça, je me souviens de lui. Je crois qu'il fait ça pour me faire penser à autre chose, mais maintenant que je m'en rends compte, je ne ris plus. Adam le voit aussi et soupire. 

- Tu veux en parler ? 

- Non, c'est bon. 

Il hausse les épaules, se lève et vient s'assoir à côté de moi. 

- C'était tellement plus facile quand on était que des mioches, on pleurait quand on s'était pris un râteau, ou quand on se pétait la gueule au milieu de la cours devant tout le monde. Y'avais pire comme vie. 

Il n'a pas tort, c'était mieux avant, je me sens vieille à penser ça. Je laisse tomber ma tête sur son épaule, on reste comme ça quelques minutes. Son parfum musqué est agréable, ça m'apaise. Il est gentil. C'est tout con, mais ça faisait trop longtemps qu'on n'avait pas été gentil comme ça avec moi. Je me remets à pleurer. 

Adam s'écarte et me regard, l'air encore inquiet. 

- Désolé je ne pensais pas que ce genre de souvenir pourrait être désagréable, je suis vraiment con. 

Il se lève, ramasse ses affaires et commence à partir, je l'appelle. 

- Non, reste encore un peu, s'il te plaît. Tu n'as rien dis, c'est moi, je pleure pour rien, excuse-moi. 

- Tu es sure ? 

J'acquiesce et le jeune homme revient s'assoir à côté de moi. Nous restons comme ça, sans parler, pendant peut-être encore une demi-heure. Le Soleil commence à se coucher, Adam me regarde.

- Tu devrais rentrer, tes parents ne doivent pas être zen de laisser leur fille chérie dehors à cette heure.

- C'est une longue histoire, mais tu as raison. 

- J'aime autant raconter, qu'écouter les histoires, si tu veux m'en parler je suis toute ouïe ! 

- Pas... pas aujourd'hui.

Je réponds tandis qu'un frisson me parcourt, des flashs me reviennent, je ferme les yeux très forts. Lorsque je les rouvre, Adam est face à moi, ses mains sur mes épaules. Il ne dit rien, son regard suffit à me faire comprendre qu'il se questionne. 

- Je ne peux pas pour le moment, c'est trop compliqué, trop frais. 

Il me regarde et n'ajoute rien, il ramasse mon casque et ma bouteille et me les tend. 

- Ça va aller pour rentrer seule ? 

- Oui, ça va aller je crois. 

Je prends mes affaires, le salut, et lui tourne le dos. Pourquoi on ne s'est pas reparlé avant ? On était très amis petits, pourquoi on s'est perdus de vue ? S'il avait été là, je n'aurais pas fais tant d'erreurs, il a l'air tellement lucide, tellement à l'écoute, il ne dit rien, ne réclame jamais quand on lui dit non, une fois suffit pour qu'il lâche l'affaire.

L'ombre de moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant