Chapitre 9

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En rentrant chez moi, je cours prendre une douche bouillante, pour essayer de me détendre, quelle piètre tentative. En en sortant, j'essuie la buée sur le miroir et m'y regarde, mon corps est maculé de bleus, surtout mes seins et mes cuisses, j'ai même des griffures. Je ne sais pas si je devrais en parler, à quoi bon ? Je ne serais même pas sure d'obtenir quoi que ce soit, pas même des excuses, et franchement rien ne pourra effacer ce qu'il s'est produit. Je suis tellement en colère, cette colère qui grandit en moi depuis quelques heures, qui menace d'exploser, de me faire imploser.

J'essaie de me calmer et enfile mon pyjama, puis me met à fouiller dans mes tiroirs, dans le but de trouver mes vieilles photos de classe. Bingo ! Je m'allonge sur mon lit et commence à mater toutes les photos, quand soudain une petite tête espiègle attire mon attention, en effet c'est Adam, en fait il n'a pas tant changé que ça.

Toc toc toc.

- Entre !

Ma mère entre timidement dans ma chambre, elle a des énormes cernes, j'ai vraiment merdé.

- Ma chérie, est-ce qu'on peut parler, s'il-te-plaît ?

Ses yeux sont larmoyants, ses cheveux ébouriffés, elle a l'air épuisée.

- Il n'y a rien à dire maman, j'ai juste eu un moment d'égarement, je sais pas ce qui m'a pris de sauter de ce pont, mais je suis pas devenue cinglée hein t'inquiète.

Je m'efforce de dire ça en souriant, je ne veux pas lui en parler, je suis fragile mentalement, mais elle aussi, elle se gave d'alprazolam, depuis des années de ce que j'ai compris, papa fait tout le temps des sous-entendus très clairs à ce sujet.

- Maman, je vais bien, j'ai besoin de repos voilà tout. Tu te souviens d'un Adam Meunier ?

J'ajoute ça sans conviction, mais bon autant essayer, elle me regarde avec un air perplexe, elle doit penser que je délire. Elle acquiesce. Ses yeux se remplissent à nouveau de larmes.

- Si ton ami n'avait pas été là tu...

- Ce n'est pas mon ami, il ne le sera jamais, et ne prononce même pas son nom. Sors de ma chambre maman, tout de suite !

Ce n'est pas la première fois que je lui hurle dessus, mais dans ce contexte, je crois que c'était la pire chose à faire. Elle me regarde ahurie, les larmes coulent en silence sur ses joues, elle baisse la tête, puis finis par se lever et sort de ma chambre. Pourtant je ne ressens rien d'autre que de la colère, aucun remord, pas de culpabilité.

Je n'avais pas vu mais elle a déposé quelque chose sur le bord de mon lit, je l'attrape. C'est un carnet noir, très sobre, je l'ouvre mais il est vierge. J'imagine que c'est censé être un journal intime, qu'elle pourra trouver en fouillant dans mes affaires pour connaître toute ma vie. Je n'écrirais pas un seul mot là-dedans, désolée maman.

Il commence à être tard, papa m'envoie un message : " Je pars du travail, je te ramène des sushis ?", "Non merci.". Je n'ai pas faim, j'ai la boule au ventre, je crois que je vais juste aller me coucher.

Je n'arrive pas à dormir, j'entends mon père rentrer, il frappe à ma porte, je ne réponds pas, il entre-ouvre la porte.

- Hannah ? Tu dors ?

Je ne réponds toujours pas, je veux juste qu'on me laisse tranquille, je l'entends soupirer et ouvrir la porte un peu plus grande, il pose quelque chose sur mon bureau et re-sort. J'attends quelques minutes, me retourne et allume la lumière, il m'a déposé des california rolls, mes préférés, mais les voir me dégoute. Je me lève avec difficulté, sors de ma chambre et me rend dans la cuisine. Mon père semble ravi de me voir.

- Tu manges avec nous ? C'est génial ma belle !

Je me contente de poser les sushis sur la table et remonte me coucher. Pendant que je monte les escaliers j'entends ma mère pleurer, mon père essaie de la rassurer, ça devrait me faire mal, mais encore une fois je n'éprouve rien.

Quelques jours plus tard, je suis allongée dans mon lit, il fait nuit, je ferme les yeux. Des flashs de LA nuit me reviennent, les mains de ce monstre sur mon corps, le fait qu'il m'ai touché de la sorte, qu'il vienne en moi.

Je crie dans mon oreiller, j'espère qu'on ne m'a pas entendu. Je n'arrive pas à respirer, je rallume la lumière, j'ai chaud, je suis en larmes, j'ai des frissons de dégoûts mais à la fois je meurs de chaud. J'attrape mon téléphone et mon casque, je lance de la musique à fond, j'essaie de calmer ma respiration, je n'y arrive pas vraiment d'ailleurs. J'enlève le mode avion, et vais sur Instagram, je ne prends pas la peine de me faire du mal et d'ouvrir mes messages, je vais juste dans la barre de recherche et tape : Adam Meunier. Ce n'est pas un nom très commun alors je trouve rapidement son compte.

Je clique sur "envoyer un message".  

L'ombre de moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant