Chapitre 4 - charmée

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Jeudi 12 mai - matin

Drago massait sa cuisse quand Hermione lui demanda :

- C'est tout de même curieux que les soins magiques habituels n'aient pas eu d'effet sur moi.

Drago ne leva pas la tête pour lui répondre.

- Cela arrive quand les sorciers ont été victimes de certains sorts. Le sortilège de doloris a altéré ton système immunitaire magique.

Le sorcier sentit les muscles de sa patiente se tendre puis trembler. Hermione devenue toute pâle respirait avec difficulté. Elle faisait une crise de panique. Drago saisit ses deux mains.

- Ça va aller. Regarde-moi. Serre mes mains et respire profondément.

Rapidement Hermione retrouva quelques couleurs.

- Je suis pitoyable.

- Non, tu n'es pas pitoyable. Ça te va bien les cheveux courts.

- Mes cheveux ont brûlé sous les flammes du dragon.

- Ils repousseront et comme dirait mon ami Blaise aux belles tout va.

Il change de sujet et me flatte. Je dois vraiment avoir l'air pitoyable, se dit Hermione.


Vers la fin de l'après-midi Hermione reçut la visite du médicomage Achilleus Moon.

- Hé bien, la séance de ce matin a été compliquée je crois. Ce pauvre Drago s'en veut tellement.

- Mais de quoi ? Il a été parfait !

- C'est sa tante n'est-ce pas qui vous a lancé l'endoloris ?

- Oui, il y a des années. Il n'y est pour rien.

- Vous êtes bien charitable Hermione de ne pas préciser qu'il était présent lorsque vous avez été torturée.

Hermione pâlit.

- Je suis au courant.

- Qui vous l'a dit ? Harry ?

- C'est lui-même qui me l'a dit. Hermione, je sais qui est Drago Malefoy, ce qu'il a fait pendant sa jeunesse. Aujourd'hui, c'est un autre homme et je me félicite de l'avoir dans mon équipe. C'est lui qui a fait le lien entre le sortilège et votre absence de réaction à nos premiers soins. C'est lui qui a eu l'idée de vous confier au service moldu des grands brûlés. Il a assuré votre suivi pendant votre séjour là-bas. Il s'est formé aux techniques moldues pour pouvoir vous prodiguer ensuite les soins adaptés. Il a beaucoup insisté pour être votre kiné. Votre guérison lui tient particulièrement à cœur.

Drago passa en fin de journée pour lui faire la lecture. Comme il piochait dans un paquet de chocoballes*, il surprit une expression d'avidité sur le visage d'Hermione. En riant, il lui fourra un bonbon dans la bouche, qu'elle croqua avec un plaisir évident.

- Je n'en mange presque jamais. Mes parents sont dentistes et n'interdisaient les sucreries.

- Je ne leur dirai pas alors.

Elle pensa évoquer sa crise de panique mais ne le fit pas. Il y avait le kiné la journée et puis son nouvel ami le soir. Ce qu'il avait fait pour elle la touchait profondément. Elle le lui dirait. Un jour.


Vendredi 13 mai

Quand Drago, très grave, passa ses mains gantées sur sa fesse gauche, Hermione éclata de rire.

- Qu'est-ce qui te fait rire Hermione ?

- Si on m'avait dit cela, que Malefoy me crèmerait le cul !

- Si on m'avait dit que Granger disait des mots comme cul, et bien je ne l'aurais pas cru. Ton kiné te convient, en fin de compte ?

- C'est pour voir des femmes toutes nues que tu as fait kiné ?

- Évidemment. Après toi je m'occupe d'une grand-mère de 80 ans.

- Brûlée aussi ?

- Oui, au niveau du bassin. Elle n'y voit plus très bien et s'est assise sur son chaudron.

- Ce n'est pas trop dur, de voir des corps meurtris toute la journée ?

- Ça va. Ce qui me plaît ce que les patients pleurent quand ils arrivent dans le service et pleurent encore plus fort quand ils le quittent. Soigner les blessures ça crée des liens.

- Tu travailles aussi le samedi ?

- Non, pas habituellement.

- Donc pas de séance pour demain.

- Si, séance. Je viendrai tout exprès pour toi.


Le samedi, il vint dans sa chambre comme les autres soirs.

- Malefoy, c'est samedi soir, tu n'as pas mieux à faire ?

- A croire que non. Alors on en était où, avec ce cher Grenouille ?

- Mais enfin ...tu as bien une petite amie non ? Samedi soir, on sort avec sa petite amie.

- Nous avons rompu il y a un mois à peu près.

- Oh ! Je suis navrée.

Drago se demanda s'il devait parler de sa rupture pour l'entendre ensuite parler de sa rupture à elle. Il n'en avait aucune envie aussi se dépêcha-t-il d'ouvrir la page.

Il entendait être le Dieu tout-puissant du parfum, comme il l'avait été dans ses rêveries, mais que cette toute-puissance s'exerce dorénavant dans le monde réel et sur des êtres humains réels. Et il savait que cela était en son pouvoir. Car les hommes pouvaient fermer les yeux devant la grandeur, devant l'horreur, devant la beauté, et ils pouvaient ne pas prêter l'oreille à des mélodies ou à des paroles enjôleuses. Mais ils ne pouvaient pas se soustraire à l'odeur. Car l'odeur était sueur de la respiration. Elle pénétrait dans les hommes en même temps que celle–ci ; ils ne pouvaient se défendre d'elle, s'ils voulaient vivre. Et l'odeur pénétrait directement en eux jusqu'à leur cœur, et elle décidait catégoriquement de l'inclinaison et du mépris, du dégoût et du désir, de l'amour et de la haine. Qui maîtrisait les odeurs maîtrisait le cœur des hommes**.

Si Hermione prêtait attention à l'histoire, elle en prêtait également au conteur. Blond, avec des yeux non pas gris mais d'un bleu très pâle, la silhouette élancée, il avait quelque chose du prince de conte de fées. Son surnom de Petit Prince lui allait bien.

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Illustration tirée du film Le Parfum de 2006. On y retrouve l'acteur Alan Rickman...

*chocoballe : grosses boules en chocolat pleines de mousse à la fraise et de crème

**extrait du livre le Parfum – Histoire d'un meurtrier de Patrick Süskind


LE CORPS EN FEUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant