Chapitre 5 - exténuée

196 9 1
                                    

Mardi 17 mai

Achilleus Moon avait procédé à un examen général la veille. Hermione pouvait commencer la rééducation de sa main droite. Aussi se trouvait-elle ce jour-là assise devant une table dans une grande salle et devait bouger de petits objets selon les indications de Drago. La pièce était vaste et lumineuse et la sorcière entendait en arrière-fond le bruit des machines sur lesquelles travaillaient les autres patients sous la surveillance du personnel. Les gestes de la jeune femme étaient maladroits et elle ne parvenait pas à empiler les pièces de bois. Pour la douzième fois sa main n'exécuta pas la commande de son cerveau et fit tomber la pile.

- Recommence.

Hermione inspira un grand coup et refit l'exercice. Une nouvelle fois la tour s'écroula.

Drago assis devant elle lui dit :

- Recommence. Place les éléments les plus petits à la fin.

Un peu plus tôt dans l'après-midi, Hermione avait laissé Drago manipuler ses membres jusqu'à la limite du supportable tout en faisant bonne figure. Elle avait progressé dans l'art de dissimuler sa souffrance.

- Je n'y arrive pas.

- A ce stade tu dois pouvoir le faire. Allez, un petit effort.

Hermione était exténuée et avait bien envie de lui suggérer un endroit où il pouvait se les mettre, ses petits éléments en bois. La tour suivante atteignit à peine le troisième étage.

- Tu n'es pas assez concentrée. Je ne sais pas si tu as conscience de la chance que tu as de ...

Hermione d'un mouvement du bras balaya la table et fit tomber par terre les pièces qui roulèrent un peu partout sur le sol. Les conversations s'arrêtèrent net dans la salle.

- Ecoute-moi bien toi. Je peux à peine tenir debout, c'est une aide-soignante qui me douche et mes douleurs me réveillent la nuit. Alors ne me parle pas de ma chance, s'il te plaît.

Drago se pencha vers elle et chuchota :

- Toi tu vas remarcher. Regarde un peu autour de toi. Une bonne partie des patients ici garderont des séquelles toute leur vie de leur accident.

- Tu sais quoi ? Je m'en FOUS !

- Tu n'as pas le droit de dire ça.

- C'est à force de te voir tous les jours. Ton égoïste a déteint sur moi. Cela ne se voit pas toujours car tes talents d'acteur* aussi déteignent sur moi !

Drago se leva de sa chaise.

- Je crois que nous allons arrêter là la séance.

La séance avec Gloria, sa patiente suivante, était programmée vingt-cinq minutes plus tard. Il aurait le temps de prendre un café. Ou un brandy.


Une fois la colère tombée, Hermione regretta ses paroles. Comme kiné Drago avait fait preuve d'une infinie patience, il avait répondu à son agressivité par de la douceur et voilà comment elle l'avait remercié. En fin de journée on toqua à sa porte avant de l'ouvrir. C'était l'heure du dîner mais elle avait l'estomac noué.

Ce n'était pas l'aide-soignante qui poussait le chariot mais Drago. Hermione se crispa.

- Où est Fiona ?

- Je lui ai dit que j'allais la remplacer.

Il souleva la cloche du plateau.

- Purée de pommes de terre, poisson et semoule au lait en dessert.

Hermione saisit la fourchette.

- Je peux me débrouiller.

Elle porta bravement trois fois la fourchette à sa bouche puis l'ustensile lui échappa des mains.

- C'est le soir, tu es fatiguée, laisse-moi faire.

Drago prit la fourchette tombée sur le plateau, piqua un morceau de poisson et l'approcha de la bouche de sa patiente qui tourna la tête.

- Si tu ne manges pas, c'est moi qui mangerai ton repas.

Puis il posa le plateau sur la table et prit Hermione dans ses bras parce qu'elle pleurait.

- Je n'arrête pas de pleurer depuis que je suis dans ce foutu service.

- Tu traverses une épreuve difficile, c'est normal. Mais tu vas guérir très vite.

- Comme ça tu seras vite débarrassé de moi.

- Comme ça tu pourras raconter à tout le monde à quel point je suis un kiné formidable.

- Drago, je ne pensai pas ce que j'ai dit tout à l'heure.

- Tu l'as pensé.

- Oui mais plus maintenant. Je regrette.

- Si tu savais tout ce que moi je regrette.

Hermione se dégagea un peu de son étreinte et plongea son regard dans le sien. Elle allait dire quelque chose quand une voix familière se fit entendre.

- Vous l'allez fini votre petit câlin ou je repasse plus tard ?

- Ah Harry, je suis contente de te voir.


*Je meurs ! hurla Malefoy. Regardez, je meurs ! Cette bestiole m'a tué ! - Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban



LE CORPS EN FEUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant