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| Haneul |



Comme si quelqu'un avait trouvé le chemin qui menait à mon cœur et ne voulait pas me laisser passer. Ni lui ne savait traverser cette route, ni une autre personne. Il était têtu.

Comme moi... j'étais têtue et égoïste, je ne pensais qu'à moi-même. Je pensais que tout finirait lorsque je mourrais, mais ce n'était pas le cas. Ce ne se terminait jamais.

Et comme si Dieu voulait me punir pour avoir tenté de me suicider, il m'avait laissé un poids encore plus lourd à porter.

Un poids que je ne pouvais pas porter.

"Ça fait déjà une semaine, Haneul," a dit l'infirmière Na Ra alors que j'étais en train de regarder par la fenêtre. Je lui ai lancé un regard de mort, pire que d'habitude, et me suis mise à observer le paysage à nouveau.

"Tu ne comptes toujours pas parler ? Tu n'as même pas dit un seul mot à ta famille." J'ai pris une grande inspiration. "Si tu pouvais juste dire comment tu te sens ?"

J'ai posé mon regard rempli de rancoeur sur elle, comme si je la mettais dehors avec un simple regard. Elle l'avait compris. "D'accord," elle a murmuré et est sortie de ma chambre.

Dès qu'elle a ouvert la porte, elle est tombée nez à nez avec quelqu'un et est restée quelques secondes de plus devant la porte, mais ensuite, les bruits de pas et de la fermeture de la porte se sont fait entendre.

Avec une tête de mort-vivant, j'ai continué à observer le jardin depuis ma fenêtre. La vérité était que je me retenais de ne pas parler, car je savais que si je parlais, j'allais craquer. Je ne voulais pas pleurer.

J'étais en colère. Contre moi, mais aussi contre Jungkook. J'étais énervée contre lui parce qu'il avait raison.

"Haneul?"

J'ai essayé de prendre mes esprits, mais la colère s'était à nouveau emparée de tout mon corps jusqu'à la dernière partie. J'ai tourné ma chaise roulante vers la voix, et sans lui lancer ne serait-ce que le moindre regard, je lui ai lancé le vase de fleurs qui était sur la petite table à côté. Les fleurs blanches que ma mère m'avait achetées étaient maintenant étalées sur le sol.

"Haneul!" Il a dit une fois de plus. Cette fois sa voix était plus sérieuse, plus sûre. Je lui ai lancé la première chose qui m'est venue en main ; un livre. Mais j'étais une mauvaise viseuse.

J'ai regardé Jungkook avec colère. Son épaule était sous plâtre. Il était dans cet état à cause de moi ? Il s'était blessé pour me sauver. Et au final ? J'étais morte plus que je ne l'étais.

"Dégage de ma chambre, Jungkook!" Je lui ai crié dessus. Après une semaine de silence, c'était la première fois que je parlais et cela m'avait brûlé la gorge. Je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir les larmes aux yeux.

J'étais lamentable.

"Tu peux te calmer ?" Il m'a dit en s'avançant vers moi, ne prenant pas en compte les morceaux de vase sur le sol. J'ai reculé en roulant en arrière les grandes roulettes de ma chaise.

"Pourquoi tu es autant énervé contre moi ?"

"Parce que tu avais raison ! Parce que tout ce que tu m'as dit est arrivé ! Et je ne t'ai pas écouté !"

"D'accord. T'as fait une faute, tu ne m'as pas écouté, mais tu ne devrais pas te punir. Tout ira mieux un jour." Il a dit comme s'il essayait de donner espoir à un enfant.

Encore plus en colère, j'ai commencé à lui lancer tout ce que je pouvais atteindre depuis ma chaise roulante. "Aller mieux ? Qu'est-ce qui ira mieux ? Tu es aveugle ? Je ne peux plus marcher !"

Ne pouvant plus réprimer toute cette douleur, j'ai posé ma main sur mon visage et j'ai pleuré comme un bébé. "Tu avais raison. Bordel de merde tu avais tellement raison..."

Jungkook s'est approché et s'est accroupi en face de moi. "C'est la première fois que j'aurais voulu ne pas avoir raison." Il a murmuré, "tu es trop jeune. Je comprends pas, pourquoi veux-tu tant mourir alors qu'il y a encore espoir ?"

"Tu ne peux pas comprendre."

"Pourquoi ?"

"Parce que tu ne l'as jamais vécu. Tu n'as jamais été dans ma position. La vie n'est pas en rose. Il n'y a pas grand monde qui m'aime et c'est, d'ailleurs, mieux comme ça. Je ne suis pas aussi soutenu que toi. La vie se fout de moi... tellement que je n'arrive même pas à sourire."

Jungkook, à ma grande surprise, a déposé un petit baiser sur mon genou et s'est reculé. Il avait de la peine pour moi. À chaque fois que je prononçais un mot, il avait les larmes aux yeux. Il ressentait une profonde pitié.

"Arrête d'avoir de la peine pour moi ! Idiot !" ai-je dit avec colère. Il me regardait de la même façon que les autres me regardaient, arborant leur expression sur le visage que je détestais. "Va-t'en ! Je ne veux plus te voir, Jungkook !"

Je me suis reculée. "Tu me regardes comme tout le monde. Tu as pitié de moi, et ça me dégoûte. Tu rouvres mes blessures et mes faiblesses."

"Le physique est la seule chose qui importe pour les gens comme toi. Certaines personnes n'ont pas de bras, d'autres pas de poitrine. Ce sont aussi des manques. Ce qui compte, c'est l'esprit de la personne et les sentiments. Mais cela ne change rien, pas vrai ? Parce que personne ne les voit."

Partir, Jungkook.

Je ne veux pas que tu me regardes avec tant de peine.

Son regard était tellement intense que j'ai regretté pendant un moment ce que j'avais dit. Mais bon, après tout, il était comme les autres. Comme tout le monde, il allait entrer dans ma vie pour quelque temps, jouer le bon rôle puis partir. C'était comme ça.

Jungkook, n'ayant pas nié le fait qu'il avait pitié de moi, s'est levé et est sorti lentement de ma chambre. J'ai ri nerveusement. "Il a de la peine pour moi !"

"Il a pitié de moi ?" me suis-je dit avec colère. J'ai baissé mon regard sur ma jambe gauche endormie. "C'est de ta faute. À cause de toi, tout le monde va nous regarder comme lui ! Le fait qu'il me regarde comme les autres..."

Je n'avais même pas pu terminer ma phrase, car j'ai senti que je disais n'importe quoi. J'ai essuyé mes larmes avec le dos de ma main et j'ai tourné ma chaise vers la fenêtre.

En pleurant, j'ai observé les personnes qui se promenaient dans le jardin.

Je ne voulais plus parler. Je ne voulais plus aimer. Je n'allais pas savoir aller à l'école, ni courir. Je n'allais pas savoir aller manger dehors.

Je ne pouvais plus marcher librement.

"Je te déteste, Jungkook." me suis-je dit. "Mais je me déteste encore plus pour cette haine que j'ai envers toi. Tu ne m'as rien fait, tu avais juste raison..."

Tu avais raison, Jungkook.

Et à chaque fois que tu avais raison, je voulais encore plus te briser le cœur.


Die for youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant