| Jungkook |J'ai pris une grande inspiration. Le monde était tellement étrange. Ce n'était ni le paradis, ni l'enfer. Rien ne nous tuait, rien ne nous faisait vivre. Pourquoi tous les êtres vivants devaient souffrir? Pourquoi ne pouvons-nous pas être heureux jusqu'à la fin de notre vie? J'ai pris une grande inspiration.
Pourquoi les filles étaient si fragiles? Pourquoi leurs cœurs étaient si brisés? Je voulais faire vivre une fille blessée dans mon cœur. Je voulais qu'elle respire à mes côtés. Qu'elle ne regarde que moi, qu'elle m'aime. Est-ce de l'amour? J'ai fermé les yeux et je les ai ensuite réouverts en me levant de ma place, me promenant depuis le haut de l'immeuble.
Haneul pensait que j'aurais honte d'elle. Mais pourquoi aurais-je honte? Parce qu'elle ne savait pas marcher? Mais ce n'était pas une raison d'avoir honte. Je ne comprenais pas.
Quelqu'un m'a touché l'épaule, me sortant de mes pensées. C'était la rousse qui avait le cancer, elle me regardait avec un sourire aux lèvres.
Qu'est-ce qu'elle faisait ici?
Elle avait remis sa perruque. Avait-elle honte de ne pas avoir de cheveux?
Pourquoi tout le monde doit avoir honte de quelque chose ici?
"Salut," je l'ai saluée en souriant. Même si elle paraissait plus mature que moi, elle était petite en taille, ce qui lui donnait un air enfantin.
Elle m'a dit bonjour avec ses mains. Puisqu'elle n'avait pas apporté de feuille pour communiquer et qu'on n'était pas dans sa chambre remplie d'écritures, elle essayait de communiquer avec moi par des gestes, sauf que je ne comprenais rien.
"Je ne parle pas le langage des signes," je lui ai dit, mal à l'aise.
Elle a haussé les épaules.
"Mais je vais essayer de te comprendre! Réessaie de m'expliquer," je me suis exprimé, lui donnant une lueur d'espoir. Elle a recommencé à faire des gestes et même si c'était difficile, je devais essayer de la comprendre.
"Tu veux aller aux toilettes?" j'ai demandé en me moquant. Elle m'a fait une tape amicale sur le bras et a secoué la tête négativement. Ensuite, elle a soufflé comme si elle en avait marre.
"Je suis désolé de ne pas te comprendre..."
Elle a levé les mains et a continué à faire des gestes, comme si elle était en train de se confier à moi, justement parce que je la comprenais pas.
Après quelques minutes, elle s'est assise, légèrement déçue. Je me suis installé à côté d'elle, adossé contre le mur. "Même si je n'ai pas compris ce que tu veux me dire," j'ai commencé à parler en regardant vers l'horizon, "un côté en moi t'as compris. En fait, j'ai très envie de te menacer de dire tes secrets à tout le monde, mais je ne vais pas le faire. Je suis une très bonne personne pour ça, donc ne t'en fais pas, tu peux te confier à moi."
Elle a ri silencieusement.
Et comme deux inconnus, on a commencé à observer le ciel dans ce silence apaisant.
"Si la personne que tu aimes était piégée sur une chaise roulante pour le reste de sa vie, aurais-tu honte d'elle?" Je lui ai demandé, mon regard toujours vers le haut.
La rousse a secoué la tête pour me dire que non. Je ne pouvais pas demander la raison, car je n'aurais pas eu de réponse. Et même si elle répondait, je n'aurais pas compris, et je ne voulais pas la blesser.
"T'as déjà aimé quelqu'un?" J'ai approché ma jambe gauche de mon corps et j'ai commencé à l'observer. Elle m'a souri en guise de réponse.
"Tu l'aimes vraiment beaucoup, cette personne?" Elle a hoché la tête.
"Et cette personne t'aime en retour?" Son visage s'est décomposé à cette question. Elle a regardé aux alentours, comme si elle cherchait un moyen pour communiquer avec moi, et a finalement trouvé une pierre. Elle s'est retournée et a commencé à écrire quelque chose avec.
Il ne sait même pas mon nom.
Après avoir lu cela, je me sentais vraiment mal. Parce que même si je passais beaucoup de temps avec elle, je ne savais pas non plus son nom... Donc ne pas savoir parler a ce genre de conséquences. Tu peux passer autant de temps avec une personne, si tu ne sais pas parler, tu ne peux même pas lui dire ton nom. C'est vraiment triste. J'avais mal au cœur. Mais je n'avais pas mal pour moi, j'avais mal pour cette fille en face de moi. Parce qu'elle ne pouvait même pas dire son nom à la personne qu'elle aimait.
"Mon nom est Jungkook." Voyant qu'elle était pensive, je me suis présenté, "Jeon Jungkook." Mon regard est descendu vers sa main qu'elle tenait fermement. Elle saignait, c'était sans doute à cause de la pierre, elle avait dû appuyer fort dessus pour écrire sur le mur. Ensuite, sans lui laisser le temps d'écrire quoique ce soit de plus sur le mur, je l'ai prise par le bras et on s'est dirigé vers sa chambre. Elle ne pouvait même pas me demander de m'arrêter ou ce que je comptais faire.
Elle se contentait de me suivre en silence.
En entrant dans sa chambre, je l'ai forcée à s'asseoir sur son lit et j'ai fouillé les placards de sa chambre. Je remerciais Dieu intérieurement d'être dans un hôpital et d'avoir des trousses de secours un peu partout.
Je me suis approché d'elle avec la trousse en main et j'ai commencé par désinfecter la plaie, pas très profonde, puis je l'ai recouverte d'un pansement.
J'ai levé mon visage vers elle et lui ai fait un sourire rassurant. "Voilà."
Elle a fait quelques signes avec ses mains. "Je suppose que tu viens de me remercier," lui ai-je dit.
Elle m'avait simplement souri.
Je l'ai observée un instant intensément. Quand elle souriait, c'était apaisant. Mais lorsque je me suis rendu compte des pensées que je commençais à avoir à son égard, je me suis reculé d'un bond.
Qu'est-ce que je suis en train de faire?
J'avais l'impression de trahir Haneul même si je ne faisais rien de mal.
Je ne voulais pas blesser Haneul.
D'un air sérieux, je me suis levé. "J'y vais." C'était sorti froidement, involontairement. Je voulais aller auprès de Haneul.
Je ne voulais pas qu'elle reste seule, comme si je voulais lui prouver quelque chose. Je devais être auprès d'elle.
Je ne voulais pas qu'elle pense que j'avais préféré la gentille princesse à la méchante sorcière. Tout le monde aimait les princesses, mais moi j'aimais celle qui se promenait avec une pomme empoisonnée.
Son poison était le remède à mon cœur.
Je me suis retourné pour partir, mais la bouclette m'a subitement coupé le chemin. J'ai froncé les sourcils, ne comprenant pas où elle voulait en venir.
Elle a refait les mêmes signes que tout à l'heure et s'est mise sur la pointe des pieds pour laisser un petit baiser sur ma joue. Elle venait de me remercier, à sa manière, je suppose...
Pourquoi elle avait fait ça tout d'un coup? J'étais resté figé sur place. Je ne savais plus respirer, pourquoi j'étais comme ça?
Pourquoi mon cœur bat aussi fort?
Je me suis vite jeté hors de la chambre et ai avancé le plus rapidement possible dans le couloir. Je ne pouvais pas faire ça à Haneul! J'étais un homme, j'avais peut-être des hormones, mais pour moi, être un homme voulait dire être fidèle à une seule femme!
Je savais que j'aimais Haneul. Et je voulais être avec elle.
Je voulais Haneul et personne d'autre.
C'est elle que j'aime.