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| Haneul |





"Je peux t'embrasser?"

Ça, c'était improbable. C'était comme s'il y avait un tremblement de terre et que mon cœur s'était perdu dedans. Ne pouvant plus me retenir, j'ai pleuré à chaudes larmes.

J'ai rapidement secoué la tête. Je ne veux pas que tu m'embrasses, Jungkook. Pas quand tu me regardes avec ces yeux remplis de peine.

"D'accord," il a chuchoté. Sa voix n'avait aucune émotion, il n'était même pas déçu.

Mais ce à quoi je ne m'attendais pas, c'était qu'il approche son visage du mien et m'embrasse sans même que je puisse tourner la tête.

J'étais sa prisonnière.

Ses lèvres étaient sur les miennes, et j'avais juste écarquillé les yeux, sans pour autant le repousser. C'était comme s'il n'avait pas pu s'en empêcher, comme si c'était une chose qu'il devait faire au moins une fois dans sa vie.

"Jungkook," j'ai chuchoté dans un souffle, "je te déteste plus que tout, tu le sais ça ?" Ma voix était tellement faible que même moi, je ne croyais pas à mon propre mensonge.

Jungkook a de nouveau posé ses lèvres sur les miennes pendant quelques secondes, et j'ai fermé les yeux par réflexe. C'était chaud et doux, comme s'il avait peur de me faire mal.

Il s'est écarté un moment pour me regarder dans les yeux. "J'ai de la peine pour toi," il a dit d'un ton monotone, "parce que tu es dans un état pitoyable."

Le fait qu'il le dise comme si c'était quelque chose de normal après m'avoir embrassée m'avait beaucoup énervée. Posant mes mains sur son torse, je l'ai repoussé de force, mais il n'a pas bougé. Je ne comprenais pas à quoi il jouait. Je n'en pouvais plus, d'un côté j'étais en larme et de l'autre, j'essayais de le repousser.

"Tu as l'air tellement perdue que je ne ressens que de la pitié pour toi. Depuis qu'on s'est rencontrés, à chaque fois qu'on se parle et à chaque fois que je te regarde, j'ai de la peine," il a continué.

"Tais-toi," j'ai averti d'une voix grave, comme si j'étais sur le point de perdre la tête.

"Je-" Ne lui laissant même pas le temps de finir sa phrase, je l'ai poussé à nouveau, plus violemment cette fois.

"Ferme-là ! Je sais déjà tout ça ! Je sais que je te fais de la peine ! Je sais, je sais, t'es content ?"

"Tu es à plaindre," il a dit avec le même ton calme. "Mais je n'ai pas pitié de toi parce que tu es malade." Il a approché son visage du mien.

"Tu me fais de la peine parce que tu ne vois pas," il a chuchoté, prenant mes mains dans les siennes. "Tu regardes devant toi, mais tu ne vois pas. Tu ne veux pas voir la beauté des choses, Haneul. Si je t'offre un jardin de roses, tu le brûleras à cause des épines. Tu es têtue."

"Tu es tellement aveugle que tu n'essayes même pas de voir la beauté des choses qui t'entourent. Tu ne fais que regarder, l'air brisé. Tu fermes les yeux pour ne pas que ton cœur le voit. Ne fais pas ça." Il s'est approché de mon oreille et a chuchoté : "à la fin, tu vas juste te briser le cœur."

"Jungkook," j'ai dit d'une voix que je ne reconnaissais pas, "comment tu peux le savoir ? Tu n'as rien vécu. Peut-être que tu as raison, c'était égoïste de rejeter la faute sur toi, et je suis désolée pour ça. Mais tu ne peux pas me comprendre, et n'essaie pas de comprendre. Tu ne peux pas comprendre sans l'avoir vécu. Tu crois juste savoir, mais je ..."

Il m'a regardé tellement intensément que je n'ai même pas pu terminer mon petit discours. Mais j'étais têtue, comme il l'avait si bien dit, je n'allais pas me laisser abattre par son doux regard, j'allais terminer ce que j'avais à lui dire.

"Écoute. La beauté de ce monde changerait de route si j'étais sur son chemin. Elle m'a toujours fuie, c'est pourquoi je n'ai jamais su la voir." J'ai reniflé.

"Maintenant, va-t'en," je lui ai ordonné.

"Pourquoi ?"

"Parce que si tu restes... je vais t'aimer tellement fort que tu vas te sentir étouffé."

Un silence s'est installé entre nous, et il s'est un peu reculé. "Je veux rester avec toi, Haneul."

Avec le dos de ma main, je me suis essuyé les larmes sur mes joues. Ce n'était pas une bonne chose qu'il reste ici.

Ne reste pas avec une fille qui va bientôt mourir, Jungkook.

J'ai pris son visage entre les paumes de ma main et j'ai approché mes lèvres pour l'embrasser. Et c'est ce que j'ai fait. Égoïstement et passionnément, j'ai embrassé cet homme qui faisait battre mon cœur meurtri.

Sur le moment, tu dois sûrement te sentir heureux, Jungkook, mais ça, ce n'était que le début de l'enfer qui t'attendait en m'approchant de cette façon. Et j'étais assez égoïste pour succomber.

Il a enroulé ses bras autour de ma taille et, nos lèvres liées, il m'a soulevé de ma chaise afin que je puisse m'asseoir sur ses genoux. Assis sur le sol, il a glissé sa langue à l'intérieur de ma bouche, que j'ai acceptée pleinement. Ma respiration était rapide, et j'ai posé mes mains sur ses épaules, prenant ses cheveux par derrière, pour approfondir notre baiser fougueux.

Un gémissement est sorti de ma bouche alors que sa main s'était frayé un chemin sur mes fesses, qu'il a serré fortement. Tout son corps tremblait d'excitation, et je pouvais sentir qu'il se retenait. "Tu me rends fou," il a chuchoté, et je l'ai embrassé à nouveau, plus langoureusement cette fois, comme si je communiquais avec lui à travers ce baiser.

Nos lèvres se sont détachées un moment, à bout de souffle, il me regardait en haletant. "Je ne sais plus respirer." Il a souri.

Malgré que mon visage était stoïque, mon cœur battait très fort.

"Tu ne peux plus me fuir à présent, Jeon Jungkook." J'ai déposé un doux baiser sur ses lèvres.

Tu ne peux plus sortir de mon enfer.

"Je vous félicite." Une voix s'est ajoutée à nos respirations rapides. Nous nous sommes vite tournés vers la porte pour voir un Yoongi dans une robe d'hôpital, nous dévisager, un sourire malsain aux lèvres. Cerise sur le gâteau, les autres membres étaient aussi derrière lui, l'air abasourdis.

Je pouvais comprendre leur étonnement.

Jungkook était assis sur le sol alors que j'étais sur ses genoux, mes jambes entourant sa taille. Mes cheveux bouclés étaient en pagaille et nos lèvres étaient gonflées à cause du baiser.

Ne parlons même pas de la tension sexuelle qui émanait de la pièce.

"Je vais bientôt me faire opérer et regardez ce que vous faites ici. Vous êtes en train d'assouvir vos besoins sexuels ? Je ne comprends pas."

J'ai posé mon regard froid sur Jungkook. C'était vraiment pas le bon moment pour débarquer dans ma chambre.

"Je crois qu'on est un peu dans la merde, Haneul," a chuchoté Jungkook.

Sans blague.

Die for youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant