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| Jungkook |

J'ai regardé mon verre en carton, perdu dans mes pensées. Les paroles sans cœur de Haneul étaient ancrées en moi et m'étouffaient. Je ne devais pas laisser une fille que je ne connais que depuis une semaine me parler ainsi.

C'était comme si mon cœur était fait en verre et que si on le bousculait, volontairement ou pas, il pouvait tomber et se briser en mille morceaux.

"Jungkook" a dit Namjoon, inquiet. "Tu vas bien?"

"Je vais bien" j'ai essayé d'afficher un faux sourire.

"Comment va ton épaule? Tu as toujours mal?" Namjoon s'est assis à côté de moi et a posé une main sur mon épaule intacte. J'ai inspiré lentement. "Ça guérit."

Namjoon s'est retourné devant lui en me souriant et a regardé le couloir vide en face. Puisque je ne me sentais pas bien, je m'étais retrouvé dans un couloir vide, seul avec moi-même. Comment Namjoon m'avait trouvé de toute façon?

"Si tu veux, je resterai avec Yoongi cette nuit. Tu devrais rentrer te reposer."

"Non, ça ne me dérange pas de rester." Je lui ai répondu. J'avais l'impression que tout ce qu'il me disait entrait dans une oreille et sortait par l'autre. Je n'avais que les paroles de Haneul en tête.

N'en pouvant plus de cette situation, je me suis tourné vers Namjoon et je lui ai demandé : "Est-ce que je donne de l'importance aux gens par rapport à leur physique?"

Je savais que je n'étais pas comme ça. Je n'avais jamais été comme ça. Dans ce cas, pourquoi avais-je une envie de pleurer?

Namjoon m'a regardé d'un air pensif. "Je ne sais pas pourquoi tu penses ça, mais" il a commencé, "tu n'es pas du genre à donner de l'importance à une personne pour sa beauté. Même pour la beauté du cœur parce que la beauté du cœur n'est jamais complète. On attend quelqu'un pour compléter cette beauté ou la changer. Et si tu vois une once de beauté dans le cœur d'une personne, ne la lâche jamais."

"Mais les gens ne donnent-ils pas plus d'importance à la beauté du cœur?" J'ai demandé avec ma voix tremblante.

"Pour ceux qui ne valent pas grand-chose, ces gens-là. Donc tu ne peux pas aimer une personne dont le cœur est « laid »?" Il a pris une inspiration. "Il n'y a pas de mauvaise personne, Jungkook, mais pas de bonne personne non plus. À qui dois-tu donner le plus d'importance le sais-tu? Pas à celui ou celle qui a un joli visage, pas à celui qui a un beau corps, et même pas à celui qui a un bon cœur. C'est l'âme de la personne qui compte. La beauté de son esprit, le reste c'est de la pure merde."

"Comment vais-je trouver cette beauté d'esprit, Hyung?"

"Tu dois laisser faire le temps."

Et si le temps ne me laissait pas faire?

Lorsque Namjoon m'a regardé, il a expiré et m'a enlacé. "Tu sais, Jungkook, étant le leader, le moment le plus difficile pour moi était de te voir pleurer."

C'est à cet instant que j'ai réalisé que je pleurais. Mais pourquoi je pleure ? Ai-je été autant blessé par les paroles d'une fille?

Peut-être. Parce que je ne suis pas comme elle le prétend. Parce que je ne suis pas du genre à donner de l'importance aux gens en fonction de leur beauté. Haneul avait tort.

Quand le téléphone de Namjoon a sonné, ce moment de réconfort a été coupé. C'était Yoongi. "Je pense que quelqu'un veut me faire bouger. Je te jure, il fait comme s'il avait une maladie mortelle et me fait faire tout."

En se plaignant, il s'est levé et m'a ébouriffé les cheveux avant de partir. Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire. Namjoon savait toujours trouver les bons mots pour nous réconforter, que ce soit moi ou les autres membres. Il était comme ça.

Ça faisait du bien d'avoir quelqu'un sur qui on pouvait compter. J'ai rapproché mes genoux de mon ventre comme un petit garçon et j'ai soufflé. J'avais mal à l'épaule mais je pouvais le supporter. J'ai voulu fermer les yeux pour dormir, mais cette position était tout sauf confortable. Quand j'ai tourné mon visage de l'autre côté, j'ai aperçu une fille adossée contre le mur.

Nos regards se sont croisés. Elle m'observait.

Elle avait les cheveux roux et bouclés, et de là où j'étais, je pouvais apercevoir ses taches de rousseurs. Sa peau était toute blanche.

Elle était peu vêtue, avec seulement sa robe blanche d'hôpital. Elle pouvait attraper froid. Je voulais le lui dire, mais aucun son n'est sorti de ma bouche.

La fille s'est approchée de moi et je n'ai rien fait à part l'observer. Arrivée à mes côtés, elle a sorti un mouchoir de sa poche et me l'a tendu poliment. Je l'ai pris sans rien dire et j'ai essuyé mes larmes.

Elle avait l'air plus âgée que moi. Dans la vingtaine, je dirais, mais elle avait le regard d'une petite fille. Elle m'a regardé en souriant et est partie aussi rapidement qu'elle était venue.

Je voulais la remercier, mais le silence entre nous était tellement apaisant que je n'avais même pas osé parler.

D'une certaine manière, c'était réconfortant.

J'avais le cœur brisé à cause d'une fille que je ne connais à peine, et j'ai été réconforté par une autre que je ne connaissais pas non plus.

Die for youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant