The Chronic

12. L'heure de vérité

Pov Neven

Nous sommes mardi et je n'ai pas vu Céleste depuis quatre jours. Je regrette la manière dont je l'ai laissé la dernière fois et je voulais lui en faire part. Malheureusement, elle n'est jamais venue en cours cette semaine. Hier, j'ai pu voir une fille de sa chambre qui m'a affirmé qu'elle était malade. Mais j'ai aussi entendu auprès des élèves qu'elle ne voulait juste plus sortir de sa chambre.

C'est bizarre de s'inquiéter pour quelqu'un que tu es censé détester.

— Neven !

Je sors de mes pensées et me reconcentre sur le cours, mais il était fini, il ne restait que quelques élèves et le prof qui vient de m'appeler depuis son bureau.
— Excusez-moi, monsieur Thurstan.

— Vous paraissez distrait en ce moment.

— Je suis seulement un peu fatigué.

Ce n'est pas un mensonge, cela fait des jours que je subis des rêves étranges. Cette nuit, j'ai encore rêvé de ma mère, celle qui m'a mis au monde. À mon réveil, j'ai tout essayé pour visualiser son visage, mais rien ne marche. Je n'arrive qu'à retenir quelques petits traits particuliers. Et puis comment pouvais-je la retrouver ? Les lieux où je la vois ne sont aucun de ce que j'ai déjà pu voir.

— Neven !

Concentre-toi, Neven, concentre-toi.

— Excusez-moi, monsieur, interpelle une fille.

– Oui, mademoiselle Harley ?

Cette fille aux cheveux noirs abysses s'interpose entre moi et mon oncle. Elle est belle, gentille, sociale et l'une des rares personnes à ne pas avoir un comportement dérangeant avec moi. Pourtant, je ne lui ai jamais vraiment parlé. Je me souviens de sa voix douce et agréable, contrairement à Estelle et ses reproches.

Elle parle à Thurstan, j'en profite pour partir, je suis à la sortie de la classe, mais je m'arrête brusquement.

Dans l'encadrure de la porte, je m'étonne de voir, couverte d'un sweat noir et d'un jogging délavé, Céleste. Son visage à peine visible laisse paraitre une expression dévastée. Je ne sais pas quand elle est arrivée, mais je ne suis pas le seul surpris. Harley, Thurstan et le peu d'élèves qui restent, la regardent.

— Qu'est-ce qui lui est arrivé ? Demande un élève se croyant discret.

– Ça fait trois jours qu'elle n'est pas sortie de sa chambre, murmure un autre.

– J'ai entendu dire qu'elle avait essayé de fuguer dimanche, lance une fille.

Fuguer ?

J'étais prêt à lui demander la raison de son absence quand le professeur l'interpelle. Je la regarde se diriger vers le bureau.

Pendant un instant, je crois voir pour la première fois un regard insistant de la part d'Harley vers ma direction.

Mon oncle demande à tout le monde de sortir.

Tout au long de la journée, je me demande ce qu'il a bien pu lui arriver. À la fin des cours, je me dirige vers le bureau de mon père, espérant qu'il sache quelque chose à propos de Céleste. Les élèves autour de moi me saluent, mais je les ignore, trop préoccupé par ma tête soudainement embrouillée. Mes fortes pensées sont devenues une puissante migraine. Mais alors que mes jambes prennent le contrôle, mon esprit part ailleurs. De ma main, je tiens ma tête, mais mon mal de tête s'amplifie. Ma vue se floute. J'avance sans plus rien voir.