10.En cuisine

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Céleste

Souvent, mes souvenirs reviennent. Alors que je les avais éradiqués de mon esprit, ils s'incrustent dans mes rêves et mes pensées.

Cette fois, c'est ce souvenir dans un parc pour enfant qui refait surface.

J'avais six ans à cette époque. Le sourire sur mon visage égaillait la journée sans que je le sache.

Je me rappelle vaguement que ma mère était pressée de m'emmener à cet endroit comblé de cris d'enfants.

Le parc était grand pour ma taille minuscule. Toute l'aire de jeu remplie d'autres innocents de mon âge. Je m'étais précipitée dedans, prête à conquérir mon petit monde.

Fait attention, Céleste ! Cria ma mère.

Je n'avais même pas montré un signe pour acquiescer. Je voulais seulement m'amuser.

Au niveau du toboggan, deux petites filles attendaient leur tour. Je m'étais mise derrière elles, attendant avec impatience de glisser dessus.

En même moment, je faisais des salutations de princesse à ma mère. Elle me fit son sourire bienveillant avant de reparler à une femme âgée. Elle avait la peau foncée, mais brillante et dégagée une atmosphère chaleureuse.

Je me retourne et vis la fille devant moi se lancer dans le toboggan. Elle se fit rattraper par sa mère et part dans ses bras.

Prête à me lancer, une petite main me retient.

J'y vais avant, déclara un petit garçon de mon âge.

On avait la même taille. Il était aussi métis, des yeux bleu ciel et ses cheveux frisés étaient coupés court.

J'étais là avant, m'écriai-je, ne me laissant pas faire.

Moi, je suis prioritaire.

Ah bon et pourquoi ?

Parce que c'est comme ça.

Il me poussa avant de s'assoir sur le toboggan. Il tourna la tête et me tire la langue.

Il descendit et, alors qu'il n'était pas encore arrivé au bout, je lui entamai le pas avec les jambes bien tendues. Lui, au bord du toboggan, le dos droit, mes pieds le frappèrent par-derrière qui le fit tomber à quatre pattes. Il s'était mis à pleurer. Il me regarda les yeux remplis de larmes et je lui répondis du même geste provocateur qu'il m'avait fait.

Ma mère et la vielle dame avaient vu la scène et c'étaient précipitées vers nous.

Céleste, ça ne va pas ? Pourquoi as-tu fait ça ? Me cria, apeurée, ma mère en consolant le garçon.

Il m'a dépassée. J'étais là avant et il m'a poussée pour descendre avant moi.

La dame se tourna vers le garçon et prit sa main, lui donnant une petite tape.

Je t'ai déjà dit de te comporter correctement et d'arrêter de te prendre pour un prince, gronda-t-elle.

Mais, mamie...

Il n'y a pas de "mais", on y va.

Elle prit la main du garçon et le détacha de ma mère, prête à lui faire un bisou magique. La femme fit un dernier sourire et s'excusa au prêt de ma mère.

Je n'avais jamais revu ce garçon, mais c'est un drôle de souvenir.

Céleste, ma chérie, ouvre les yeux, je t'en prie.

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