Tokyo, 90s. Jisung, fils de poissonnier, doit faire vivre l'entreprise familiale en livrant ses produits à divers restaurants de la ville. En quête de renouveau et la tête pleine de songes, le jeune homme rêve de pouvoir prendre son destin entre ses...
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MERCY
- T'en as du bordel, commenta Minho en attrapant une figurine de monstre provenant d'un animé dont il avait vaguement le souvenir. - Ouais, j'aime bien collectionner des objets.
Minho avait l'air d'un chat curieux, alors qu'il voyageait d'un meuble à l'autre, découvrant pour la toute première fois la chambre de son cadet. Le plus petit avait profité de l'absence de ses parents pour l'inviter, ça n'arrivait pas souvent. Jisung l'observait depuis son lit, suivant des yeux les doigts courts de son aîné vagabondant sur les babioles de toutes sortes qui étaient éparpillées un peu partout dans la pièce.
- Au fait, tes parents t'ont dit quoi pour tes boucles d'oreilles ? demanda le plus grand, alors qu'il feuilletait un des livres d'école de Jisung. - Pas grand chose, en fait mon père avait aussi les oreilles percées, quand il était plus jeune. Ça l'a fait plus rire qu'autre chose, marmonna l'autre garçon en se remémorant le sourire moqueur qui s'était dessiné sur les lèvres de son père, lorsqu'il avait aperçu ses lobes rouges vifs.
- Toi elle t'a jamais rien dit madame Lee ? demanda à son tour Jisung. - Pour les boucles d'oreilles ? Non, elle s'en fiche.
Le plus jeune hocha la tête et hésita un peu avant de reprendre.
- Et les Bosozokus ? Tu penses qu'elle se doute de quelque chose à propos de ça ? - De toute façon, j'suis plus là-dedans, dit Minho en haussant les épaules. - Oui, mais quand même.
Le plus vieux reposa le livre qu'il avait entre les mains pour s'adosser à la petite bibliothèque de Jisung. En voyant son trouble, le noiraud regretta un peu sa question.
- J'en sais rien, soupira Minho. Elle est pas bête, c'est possible qu'elle ait des soupçons. Mais je sais être discret. D'autres questions ? - Tu... Est-ce qu'on est ensemble ?
Ça, c'était clairement sorti tout seul.
- Ouais, ça fait deux heures que j'suis chez toi, même, dit Minho et le plus jeune lui lança un coussin en réponse à sa bêtise. - Minho, sérieux. - Tu te poses encore la question ? Ça doit faire 2 mois que je me la pose plus, moi, répliqua-t-il avant de venir s'affaler aux côtés du plus jeune.
Jisung ne retint pas le sourire qui fit saillir ses pommettes, sous les yeux amusés de son aîné. Minho demanda ensuite si le plus jeune pouvait lui montrer sa collection de disques et ils finirent par rester avachis sur le lit, les yeux rivés sur le plafond, écoutant les airs de blues qui s'échappaient du lecteur cd de Jisung. Ils faisaient souvent la même chose, lorsqu'ils se retrouvaient tous les deux et le plus petit se disait que c'était ce qu'il préférait dans leur relation. Ils ne faisaient rien à deux, vivaient l'ennui ensemble et ça ne les avait jamais vraiment dérangés. À vrai dire, leur mode de vie se mêlait plutôt bien et l'un n'avait pas de mal à s'imbriquer dans la routine de l'autre. Alors ils pouvaient passer des heures, comme ça, à laisser s'échapper seulement quelques mots futiles, dénués de sens. D'autres fois, c'était des conversations interminables qui se lançaient et Minho était souvent le premier à somnoler, clôturant la discussion. Son cadet avait pris l'habitude de l'observer, pendant ce temps. Les traits figés de son visage n'avaient de cesse que de fasciner Jisung et cet après-midi-là n'y échappait pas.
